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Habiba Msika, née Marguerite Msika en 1893 à Tunis et décédée le 20 février 1930 à Tunis, est une chanteuse, danseuse et comédienne tunisienne de confession juive. Elle gravit rapidement les échelons de la gloire sous le pseudonyme d’Habiba (« bien-aimée »). Surnommée également la belle des belles ou encore La tigresse aux yeux verts, fut la première à imposer le chant solo et faire admettre à une opinion publique des plus réticentes que chanter est un moyen comme un autre pour une femme de gagner sa vie. Généreuse elle était toujours partante quand il s’agissait de s’associer aux œuvres de charité qui lui étaient proposées. Prototype de la femme libre et maîtresse de son destin, cantatrice charismatique et actrice audacieuse, elle est adulée par la population tunisienne autochtone, Msika était un véritable phénomène de société à son époque et créa le premier fan club : Asker Ellil (Les soldats de la nuit).
C’est avec l’avènement de Habiba Msika que se propagea à Tunis dans les années 1920, le phénomène de Asker Ellil (Soldats de la Nuit). Un quarteron de jeunes fêtards, existentialistes, fils de familles, qui s’improvisa les supporters de la vedette. Très vite, leur nombre se multiplia.
Fans, mais aussi protecteurs de la vedette, ils ne rechignaient pas à utiliser leurs poings pour imposer leur loi. Cet esprit clanique finira par faire boule de neige et motiver toute les vedettes de la place. Chacune d’elle ne se déplaçait qu’entourée de son propre bataillon de Asker Ellil.
D’après une étude faite sur les origines des noms des Juifs d’Afrique du Nord il en sort que le nom MSIKA serait d’origine arabe et se rattache au musc ou mesk qui est une substance odorante utilisée en parfumerie.
Habiba naît dans un quartier de juifs de Tunis dans une famille pauvre de tunisois, terme utilisé par opposition aux juifs livournais arrivés plus tard d’Italie. Ses parents Daïda et Maïha travaillent dans le commerce du fil.
Elle apprend à lire et écrire qu’elle quitte après 7 ans pour suivre, grâce à l’aide de sa tante, la chanteuse Leila Sfez, des cours de chant, de solfège et d’arabe classique auprès du célèbre compositeur Khemaïs Tarnane et du ténor égyptien Hassan Bannan.
Son premier récital a lieu au palais Assous de La Marsa où elle rencontre son pygmalion et amant : le ministre de la plume Aziz.
En mars 1925, elle joue le fameux Roméo et Juliette au théâtre Ben Kamla. Elle interprète Roméo et alors que Rachida Lotfi, une actrice israélite libyenne, joue Juliette. C’est Mahmoud Bourguiba, frère du leader nationaliste tunisien Habib Bourguiba, qui monte la pièce. Le baiser qu’elle échange avec Rachida Lotfi provoque une véritable émeute, la scène étant incendiée par des spectateurs outrés. Il faudra l’intervention de ses « soldats de la nuit » pour maîtriser la situation.
Déjà connue pour ses sympathies nationalistes, elle provoque une nouvelle fois le scandale en 1928 en jouant « Patrie : les martyrs de la liberté » enroulée dans le drapeau tunisien et scandant des slogans indépendantistes. Elle fût arrêtée par les autorités coloniales à la sortie avec ses « soldats de la nuit ».
Sa carrière artistique a duré une dizaine d’années, pendant «Les Années Folles», (entre 1920 et 1930).
Elle vécut une époque dans la démesure et l’excès. C’est ce qui l’a perdue une nuit d’hiver de février 1930, où elle a péri dans un incendie provoqué par Eliahou Mimouni, un amoureux éconduit. En 1931 le chanteur Acher Mizrahi (1890-1967) compose une complainte sur la mort tragique de Habiba Msika pour lui rendre hommage. Cette complainte s’intitule: « Ichoui dammak ya mahlak« .
Figure mythique de ces années 20, elle illustre parfaitement cet idéal de dilettantisme parfait qui faisait d’elle une chanteuse et une actrice exceptionnelle, une « Diva » du tout Tunis, voilà ce qu’était la « belle Habiba », qui avait mis tous ses admirateurs au pied de son piédestal où elle trônait pour l’éternité.
Une insulte proférée en Tunisien est Yarrak mahrouka ki Habiba Msika (Que tu sois brûlée comme Habiba Msika) est restée célèbre dans la mémoire collective des tunisiens.