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Procès de dénonciation de l’oubli

  • Procès de dénonciation de l’oubli

 

Par Nesrine Ben Khedija

 

IL était une fois l’histoire d’un pays

 

 

Bâtir l’histoire, repose sur des faits et des personnes, ces mêmes faits nécessitent des dates mémorisés et ces autres personnes des noms pour être identifiées.

Il est important pour la mémoire commune et  en l’occurrence celle d’un peuple, de garder bien au vif des symboles de son pays, les batailles menées et les guerres perdues, des détails  sur le chemin parcouru et des dates emblématiques d’une certaine indépendance.

 La Jeunesse passée aux oubliettes, il fut tout de mêmes un temps où les 20 et 21 mars étaient un couple de jours fériés très attendus, symboles de l’indépendance et de la jeunesse, souvent débarquant avec les beaux jours de printemps.

Des célébrations étaient organisées dans les écoles et dans les rues de chacune des villes tunisiennes, on fêtait l’indépendance chère aux cœurs et célébrait la jeunesse (soit disant) avenir du pays.  

Changement de dates, rechargement de dates, l’indépendance se trouve séparée de sa jeunesse à qui on a dérobé sa fête.

Certes, les dates sont avant tout évocatrices de souvenirs du passé, mais elles sont également l’idée sur les odeurs du futur.

Il était une fois, l’histoire d’un pays…

En parler au passé et même à l’imparfait donne un goût  amer à ce papier électronique qui se voulait pourtant être joyeux et aux couleurs de la fête.

En 2022, le 20 mars et qui de surcroît était un dimanche pluvieux, est passé inaperçu comme le soleil d’un jour nuageux.

Rares sont les jeunes qui ont conscience de la symbolique de cette date et timides sont les réactions des moins jeunes qui l’ont toujours fêté.

Un jour comme les autres, auquel les dimanches passés n’ont absolument rien à envier, ni drapeaux, ni défilés ni même une simple pensée émanant du palais.

Loin des idées négatives qui sursautent comme des puces dans ma tête, très loin du référendum qui se prépare et de l’istishara.tn qui nous aveugle les oreilles, cette froideur feutrée par le climat encore plus froid, est juste terrifiante.

Serions-nous victimes d’une sorte d’amnésie, sommes-nous en phase de préparation à l’Alzheimer généralisé, ou alors témoins d’une autre maudite  maladie sournoise et invisible qui s’abat sur tout un pays perdu.

Pourtant, la Tunisie se rappelle bien de l’occupation française  qu’elle appelle et fièrement (protectorat).

Bientôt il n’y aura plus de matière pour surcharger les manuels d’histoire, bientôt il n’y aura plus d’histoire.

Quand sonnera l’heure du dénouement de cette crise politique qui fait agoniser notre pays, ce sera trop tard pour réveiller les mémoires vides de ses  jeunes qui sont son avenir.    

Texte écrit un lundi de pluie, une ancienne fête de la jeunesse en Tunisie et au lendemain d’une fête de l’indépendance (oubliée).

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