Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
Pourquoi jeûne-t-on pendant le mois de Ramadan
Par Nesrine Ben Khedija
Savoir gérer les envies, contrôler son instinct et être dans l’empathie, sont et d’après les plus informés, les trois raisons spirituelles majeures du jeûne ramadanesque.
Venant s’ajouter à cela la purification du corps et la détoxification de l’organisme.
Toutes ces bonnes raisons font de ce mois saint, l’occasion idéale pour sauver son corps et son esprit des excès quotidiens.
Mais, et comme à chaque histoire son mais, lorsque le Ramadan s’abat sur la Tunisie, c’est tout le contraire qui se produit : le pays se retrouve face à une surconsommation générale.
Cela se prépare longtemps à l’avance, preuve à l’appui, les rayons des supermarchés sont à l’heure où je vous écris complètement vides, tout est déjà parti…Dans les dépôts des grossistes et les débarras des ménages.
Perdue entre ces deux circuits, la marchandise ne sait plus où donner de la tête.
Avant même de penser au jeûne, la brika prend forme dans nos tête, et envahit les discours des ministres, la brika c’est sacrée, et parfois même deux s’imposent.
Après les brikas, vient bien évidemment le tajine, c’est indispensable vous savez même si le bilan s’élève déjà à 4 œufs et 4 g de cholestérol total.
Pas encore arrivé à la soupe, et encore moins au plat principal qu’on se rappelle les dates farcies au beurre, ah il n’en n’est pas question d’oublier les dates, ce n’est pas bien.
Et puis la fameuse soupe pour bien commencer le repas, une louche de celle à la viande te une louche de celle au poisson, sans oublier la salade mechouia.
Un pain chacun en oubliant son prochain, mais pourquoi avoir faim pour ensuite manger autant, se gaver comme des oies dont on attend le foie bien gras.
Des tables bien dressées et bien mises mais surchargées de nourriture, des tables qui pourraient faire oublier la faim à au moins le doubles des personnes assises autour.
En une demi-heure chrono, le tunisien s’empiffre comme un ogre affamé, sans penser au sens ni aux raisons évoquées.
Au lieu d’en perdre, on prend du poids et au lieu de libérer son corps, on l’accable de gras et de sucre blanc.
Le ventre prend la place du cerveau et commence à faire bouger le corps au rythme de sa danse, une danse du ventre très peu gracieuse et bien trop grasse à l’image d’une rupture du jeûne tunisienne.
En oubliant le coté spirituel de ce mois saint, le jeûneur perd dans ce sens toute crédibilité et se transforme en pire qu’il ne l’était pendant le reste de l’année : un être fâché, énervé, affamé pour ensuite finir empiffré.
Cela n’est absolument pas une manière de remettre en question le jeûne et encore moins le mois saint, mais une façon de voir les choses telles qu’elles le sont : à la tunisienne.
Est peut-être venu le moment pour nous, d’actualiser nos recettes et d’alléger nos tables, d’apprendre à partager nos repas avec ceux qui n’en ont pas.
Est enfin venu le temps de comprendre, que chacun est libre de ses pratiques et croyances et que personne n’a l’apanage des bonnes conduites.
Est certainement venu le temps de comprendre, que la danse du ventre est magnifique lorsque ce dernier est plat.
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