Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
LE FÉMINISME, MON PÈRE ET MOI
Par Nesrine Ben Khedija
Le 8 mars oblige, cette chronique ne peut pas discuter du temps qu’il fait, ni de l’actualité politique et encore moins de ma nouvelle robe, qui plus est n’est pas de la bonne taille.
Lors de la journée internationale des droits des femmes il faut parler de féminisme, et en parler profondément comme tout le monde, mais le monde est connaisseur et pas moi.
Il faut traiter le sujet d’une manière philosophique comme tout le monde et avoir une approche critique, intransigeante et farouche pour attirer l’attention, voire même pour être prise au sérieux. Oui mais, le mode est philosophe et sérieux, pas moi.
Il faudrait au-moins parler de sa mère, des figures féminines emblématiques qui font le féminisme et qui constituent son incarnation humaine, oui je peux le faire mais ça serait vous induire en erreur que de m’arrêter là, car celui qui m’a appris le féminisme est un homme et c’est mon père!!
Cet homme, qui enfant, a grandi dans une famille conservatrice, vécu de longues années au sein d’un petit village très conservateur et une société patriarcale par médiocrité.
Ce que cet homme m’a appris c’est le respect de la différence, et toute l’importance d’être soi.
Libre dans sa tête et en parfaite harmonie avec les temps qui changent et les générations sans conflits, mon père, pourtant pas du-tout expressif, a su et avec subtilité, nous transmettre ses valeurs humanistes et ses croyances en un monde juste et équitable.
Si je vous en parle, c’est parce qu’au sahel, région de l’homme et berceau de la civilisation patriarcale, les femmes obéissent, Mais chez moi et dans un sahel plus intime, les femmes ont leur mot à dire et à faire entendre.
Prise par une hypermnésie, devenue depuis quelques temps habituelle, les images de mon enfance ont dépassé la limite de ma mémoire pour envahir cette chronique qui se voulait pourtant être intemporelle et impersonnelle.
L’éducation reçue conditionne et parfois à jamais notre manière de voir les choses ainsi que notre liberté de pensée, c’est ce qui fait de l’engagement des parents dans les causes de justices et d’égalité entre les genres, ainsi que leurs convictions personnelles un pilier dans les idéaux des enfants.
Une enfance heureuse est une aubaine pour l’adulte et une enfance juste est une leçon de vie pour l’enfant
Personne ne peut nier que la société dans laquelle nous Femmes, vivons et à laquelle nous survivons par moment, est l’image même d’une société injuste.
On pointe du doigt le Patriarcat, qui est un système façonné et mis en place par des instances et entretenu par les hommes, mais qui malheureusement peut aussi être soutenu et perpétué par les femmes elles- mêmes.
C’est pour dire que le patriarcat n’est l’apanage de personne mais l’alibi parfait pour beaucoup.
Il est temps de se rendre compte qu’être dominant, et exigeant une sorte d’obéissance aveugle est la manière la plus facile de se priver du droit le plus fondamental : celui de pouvoir exprimer ses sentiments.
Néanmoins et comme je vous le décrivais, il existe des hommes féministes mais aussi et malheureusement, des femmes inconscientes.
Je ne prends pas la défense des hommes, j’essaye juste de mettre noir sur blanc ce qui est visible à l’œil nu.
Que personne ne se fasse d’illusions, j’ai toujours été rebelle, ce n’est pas né hier et cela ne s’arrêtera pas avant la partance.
Ils sont victimes de ce système, qui les contraint à absorber passivement une idéologie des plus violentes.
Avec un père comme le mien, être féministe est un devoir, un parcours et un combat à mener
Avec un magazine comme Femmes Maghrébines, ce combat continuera, notre voix restera forte et le silence sera pour quand le temps arrêtera de couler, mais entre-temps il faudra s’y faire.
Le combat continu, c’est notre cause et notre raison d’exister.
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