Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
Par Nesrine Ben Khedija
Peut-on aimer les narcisses et aimer les autres également ???
En empruntant la route de chez moi, sans vous dire où c’est, les vendeurs de narcisses se font de plus en plus nombreux. En cette période de l’année, marquée par un mois particulièrement long et lent à quitter l’éphéméride, cette fleur sauvage fait des ravages, une odeur enivrante et une beauté typique.
Narcisse et nous, les rapports sont tumultueux, étant donné la complexité des deux cotés, on ne se connait pas assez mais on connait toutes et tous l’histoire de narcisse.
Je vais vous transmettre la version d’Ovide, celle que je préfère et qui précise qu’à la naissance de Narcisse, le devin Tirésias aurait déclaré à propos de la possibilité pour l’enfant d’atteindre un âge avancé : « Il l’atteindra s’il ne se connaît pas. »
En grandissant, Narcisse s’avère d’une beauté exceptionnelle. Très fier, il repousse les prétendantes, dont la nymphe Écho qui en appelle au ciel. La déesse Némésis va exaucer son vœu. Alors qu’il s’abreuve à une source, Narcisse voit son reflet dans l’eau et en tombe follement amoureux. Il reste de nombreux jours à se contempler et à désespérer de ne jamais pouvoir rattraper sa propre image. Dépérissant, Écho répète en écho : « Hélas ! Hélas ! » Narcisse finit par mourir de cette passion qu’il ne peut assouvir. Après sa mort, il cherchera à distinguer ses traits dans les eaux du Styx et sera pleuré par ses sœurs, les naïades. À l’endroit où l’on retire son corps poussent des fleurs blanches qui aujourd’hui portent le nom de narcisses que l’on connait très bien.
Sauf qu’en psychanalyse et là c’est l’explication que je redoute le plus, le concept de narcissisme fut élaboré par Sigmund Freud comme une étape du développement de la libido au cours de la formation du moi conçu comme objet d’amour.
Accolé au terme « perversion », la perversion narcissique, est relative à une pathologie relationnelle, un mécanisme de défense consistant en une survalorisation de soi-même aux dépens d’autrui.
Le développement de cette perversion dénote d’un développement excessif de l’individualisme dans nos sociétés s’exerçant de plus en plus aux dépens des autres.
Si l’on changeait la source d’eau par la caméra avant de nos Smartphones, et si l’on transposait le reflet qui en découle sur le selfie bien instagrammable que l’on, cela donnerait à chacun d’entre nous une bonne dose de narcissisme capable de transformer la société en jungle, mais ne fera certainement pas de chacun de nous une fleur blanche…
Serait-ce parce que nous ne sommes pas aussi beaux que Narcisse ou juste parce que nous ne valons pas la morale de son mythe?
Mais si on veux être plus réalistes, comment définir les limites entre l’estime de soi et une confiance en soi excessive, voire même l’égocentrisme ou l’égoïsme pour ne pas tomber dans le piège ?
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