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Solliciter le débat mérite-t-il l’engagement et le partage !?

  • Solliciter le débat mérite-t-il  l’engagement et le partage !?

 
Par  Dr  RejebHaji*

« Nous sommes engagés dans une voie difficile, pressés par les besoins de notre peuple courageux. Nous avons une confiance totale dans le succès de notre tâche tant que nous restons fidèles à notre unité et à notre cohésion, et tant que nous resterons animés de la même foi, du même dévouement et de la même générosité. »
Habib Bourguiba,  17 avril 1956.

 

Heureusement que l’INS (Institut National de la Statistique) rappelle à l’ordre les gouvernants en publiant, au fur et à mesure des trimestres,  ses chiffres sur l’emploi. Le dernier en date est plutôt inquiétant et mérite qu’on s’y attarde surtout de la part de tous ceux qui veulent secouer le cocotier politique et laisser choir ses palabres sulfureux qui ont tant nuis à la politique dans sa noblesse.

En effet après des mois incessants de  coulisse et de bobards, on est enfin arrivé à conclure une entente sur un gouvernement. Mais quelle que soit la composition de ce dernier, il ne sera qu’intérimaire et même transitoire. Parce que, si les promesses sont tenues, des élections électorales se tiendront dans le  pays et clarifieront, il faut le souhaiter, le paysage politique, encore assombri.   L’électeur imposera alors ses choix.
Déjà, faut-il le souligner, le vote est biaisé par une loi cousue main, conçue  et votée selon le vœu d’une certaine majorité aujourd’hui disloquée et sous les feux de la rampe, à cause de son double langage et de la non transparence de son financement. De temps à autre, ses dinosaures sortent leur tête de l’eau, pour signifier encore leur existence, alors qu’ils ont disparu du politiquement correct. Il est encore temps que le pays se tienne debout, pour défendre sa révolution. Il n’est pas tard de prendre conscience des dangers qui guettent son  présent et son avenir. Pour ne pas trop se mouiller, certains politiques se moulent dans la même configuration que les précédentes gouvernances.
Toujours la même technique et avec la même panacée, ils  concluent des accords, signés  en catimini, avec les institutions financières, d’un nouveau programme d’ajustement structurel (PAS) et le budget 2019 n’échappe pas à cette démarche fallacieuse. Les experts du FMI, nos hôtes de toujours, vérifient les réformes promises par le gouvernement et contrôlent de près leurs exécutions.  C’est à l’issue de leur rapport que les tranches du prêt  sont libérées.
Certes, ils retourneront chez eux, en exprimant leur satisfaction  du programme gouvernemental. Il est utile pour les non-initiés en économie de se rappeler de la signification du PAS et de  ses exigences. Les citoyens  n’ont-ils pas eu à payer le prix d’un autre, durant les décennies précédentes ? N’ont-ils pas soufferts de ses néfastes conséquences durant des années? Déjà des prémices de l’enlisement dans les difficultés et de la permanence de la crise sont palpables.
Des signaux d’alerte persistants, aux conséquences dangereuses : un climat malsain empêche  le pays qui est au bord du gouffre, de s’en sortir à moindre frais;  une dette qui s’alourdit chaque jour encore plus ; une inflation qui continue d’être  galopante et non maîtrisée ; un budget 2019 sans référence et irréalisable, qui a été élaboré sur des prévisions et des hypothèses, le moins qu’on puisse dire farfelues ; un camouflage  des échecs qui, savamment orchestré, dissimule les vraies raisons des  nouveaux choix, qu’il faut chercher à la loupe ; un chômage massif  avec un taux de 15,5%, n’a fait que progresser pour atteindre un chiffre record de 638000…

Une prise de conscience tant souhaitée par tous,  s’éternise à avoir lieu.  Mais aucune émotion des gouvernants à ce sujet. Aucun « dialogue économique national »,avec les principaux acteurs pour la préparation, à moyen et long terme, d’un plan de relance. Il est vrai que la préoccupation de cette politicarde nouvelle génération, est ailleurs. C’est à la recherche des voies et moyens pour durer dans la gouvernance qu’elle s’attelle.
Le pécule dont certains n’avaient jamais rêvé vaut bien une alliance quelle qu’elle soit sa nature, même avec le diable, s’il le faut. D’autres ont recours à des coups d’éclat, défiant la morale politique, en s’exhibant par- dessus les lois. Leurs interventions, au sommet de l’Etat même par ceux ou celles qui font la loi et qui aboutissent à des relaxations sans passer par la justice, se font jour. Ils ne feront que discréditer en fait le système judiciaire.
Comment peut-on tolérer de pareilles attitudes ?
A entendre des crapules qui projettent de conquérir ou reconquérir le pouvoir, ça donne le tournis, comment mettre fin à leurs fantasmes ?
Une horde venue d’ailleurs aveuglée par le profit s’est rempli  les poches et en toute légalité diront-ils, comment dénoncer leurs magouilles ?
Notre  Tunisie, branchée sur tout ce qui se dit, sur tout ce qui se fait, sur tout ce qui s’écrit doit retrouver son aura et  conserver sa spécificité et sa « tunisianité ».
Malgré son parcours chaotique de ces dernières années, elle doit continuer son chemin de progrès vers les cimes. Evidemment inaugurée par les réformateurs du XIXème siècle et reprise par la libération nationale, elle continuera à bouger, à apprendre, à inspirer, à travailler et à évoluer  au diapason du progrès car c’est pour cela que la révolte a fait fuir le dictateur et c’est pour cela que des martyrs se sont sacrifiés. Encore plus perméable au changement et au renouveau, elle a besoin d’innover dans la recherche  d’un système politique cohérent, économique et social capable d’embrasser la société de demain.
 
Unis dans la solidarité, nous pourrons tous ensemble mener une lutte farouche contre les magouilles, le double langage, en un mot contre la corruption sous toutes ses formes, qu’elles soient de droite ou de gauche, mais également contre les forces occultes de toutes espèces. Au lieu de passer le temps à s’entre-déchirer, et à colporter les bobards, la seule issue encore possible est de solliciter le débat citoyen. Il est temps d’y aider en rejetant la facilité et la médiocrité. Construire une  société où règnent la sécurité et la joie de vivre ensemble, avec des différences d’âge, de culture et de catégories sociales, mérite l’engagement et le partage !
 
 *Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), chef de cabinet de Mohamed  Sayah dans plusieurs ministères…
 
 
 
 
 
 
 
 

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