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Notre pays est-il sous la menace d’un déclin sans fin !?

  • Notre pays est-il sous la menace d’un déclin sans fin !?

Par Rejeb  Haji*

« …L’émancipation du pays protégé peut se faire progressivement, dans la mesure où il fait montre d’une vitalité, d’une homogénéité, d’une force morale et intellectuelle d’un peuple majeur… »
                                                                                              Habib Bourguiba
Articles de Presse février 1931

 

Les lois de finances de 2017, de 2018, de 2019 se sont succédées sur le même ton et avec la même musique. A chaque fois des promesses et de la poudre aux yeux, sans jamais de bilans de leurs réalisations. Il est vrai que l’imagination n’est pas au pouvoir et qu’elle est du côté des prêteurs qui contrôlent et décident. Une avalanche de nouvelles taxes touchant tous les secteurs et toutes les couches de la population, caractérisent chacune d’elles. Elles ont traumatisé les entreprises et démoralisé les contribuables. Leurs  effets sont palpables et sont à l’origine d’une certaine violence, dans les rues, dans les quartiers,à travers plusieurs villages et villes de notre pays.Une impression de désolation sociale gagne les cœurs et les esprits.
La Tunisie faisant figure du « bon élève » de la banque mondiale dans les années quatre-vingt et son modèle loué à travers l’Afrique et le monde arabe, n’est plus performante comme elle l’était, dans les gouvernements qui ont précédé le coup d’Etat médical. Ce coup d’Etat dont on n’a pas encore fini de parler, vu ses zones d’ombre non encore élucidées. On ne connait pas encore, quels sont les véritables fossoyeurs.
Avec l’apparition du livre du Professeur Moncef Ben Salem et ses révélations, une nouvelle piste de recherches est à approfondir. Elle met à bas les thèses avancées çà et là par les comploteurs et théorisées par leur Premier Ministre, un homme sans vergogne, connu par ses retournements de veste et son ambition démesurée du pouvoir. Pour s’en convaincre, il suffit que ceux qui l’ont côtoyé apportent leurs témoignages à l’Histoire qui ne retiendra de lui qu’un destructeur d’un parti socialiste à l’apogée de son rayonnement. En effet, sous l’autorité de feu Mohamed Sayah, le PSD a conquis ses titres de noblesse. Une organisation « up to date » pouvant rivaliser avec les partis des pays développés, une finance saine et transparente,  des organes de presse multiples et variés, même l’apparition d’un genre du « canard enchaîné », « Belmakchouf » dont la vie a été écourtée parce qu’il dérangeait, en dénonçant les abus et en mettant en exergue les failles du pouvoir.
Aucune immunité ne freinait ses recherches de la vérité et les responsables d’autan et leur vie étaient passés  au peigne fin.Des générations de militants sincères, puisque sorties du rang de l’UGET, une organisation estudiantine dont les résolutions sont lues et écoutées par Le Président de la République  Habib Bourguiba, et dont certaines de ses recommandations sont mises en exécution par l’exécutif. C’était du temps où parler avait un sens.
Parler comment ? Sous quelle forme ? Et à qui et pour quels objectifs?
L’univers médiatique a considérablement changé, les réseaux sociaux ont bouleversé la donne, l’image fait fureur, le «buzz » fait le son, tout cela est vrai aujourd’hui. Il faut en tenir compte, sinon c’est la mort programmée des médias tels que les journaux en papier où tout est raccourci, sinon amplifié et parfois détourné et souvent les rubriques qui dérangent supprimées, laissant ainsi la cocotte bouillir sans une soupape de sécurité, d’où la conséquence de cet acte irréfléchi dont les conséquences seraient désastreuses.
Des hommes de foi et de loi  redoutables, toujours aux aguets et sur le qui-vive, se sont adonnés, avec courage, à exercer leur métier de journaliste dans la sérénité. Certains parmi eux, des visionnaires, ont  payé un lourd tribut à notre pays et à ses révolutions successives. Pour échapper à cet abominable fauve qu’est le politique, ils étaient des esprits investigateurs, abondant dans  le  sens de la mesure et de la garantie de l’information objective. Depuis sa fondation par exemple, le journal  la Presse prenant de l’eau de toutes parts comme aujourd’hui, fut sauvé,faut-il le rappeler,par le dévouement d’une minorité de ses responsables.
Des noms célèbres, une pléiade de jeunes, au fil des ans ont contribué  à le tirer par le haut. Chaque génération d’employés a contribué à sa manière pour qu’il soit au fait des évènements. Malgré les vicissitudes et le dérapage de certains de ses chefs, une ligne éditoriale consistant à défendre  le droit du citoyen au savoir,  a été ces derniers temps bafoué. Même si  parfois nul n’échappe aux dérives douloureuses, aux ambitions effrénées des écrits de  circonstance, des rubriques où le citoyen, sans parti, s’exprime, furent supprimées par des pouvoirs auto- protégés ou occultes.
« Le parler vrai » n’apparaît plus, à mon avis,en filigrane dans la marque et le crédo politique des journaux maintenus encore en vie, souvent grâce aux deniers du contribuable.Notre pays est aujourd’hui soumis à de rudes épreuves et son combat pour sa souveraineté implique l’engagement de tous.
A quelques mois des nouvelles élections, il faut chercher les issues pour sortir le pays de l’ornière dans laquelle des pouvoirs venus d’ailleurs et inexpérimentés l’ont engagé. L’homme charismatique, encore moins la coalition de partis  pour qui et par qui les choses se font, n’est plus à l’ordre du jour.  Des efforts attendent donc les responsables des journaux pour ouvrir leurs colonnes à la société civile, dans tous les domaines, celui de l’économique en particulier, parce que le pouvoir politique l’a jusqu’à présent occulté et il en paiera les conséquences. Il est vrai que le  métier devient de plus en plus  ardu et sa tâche n’est-elle pas de rendre l’espoir au lecteur et au citoyen lambda ?
Le souhait des lecteurs est qu’ils demeurent, à jamais, les continuateurs de ceux qui travaillent à  éclairer le citoyen sur la situation réelle du pays, à provoquer  les débats sur la place publique et à insuffler l’espérance et la joie de vivre. Par-delà les propres opinions et les propres convictions, une exigence : la fidélité aux prédécesseurs talentueux et virtuoses. Etre comme ils l’ont été, un vecteur  du changement par la transmission des vérités diverses et plurielles et relever les défis en débusquant les auteurs du sensationnel !
La construction de la démocratie ne doit pas servir d’alibi à la médiocrité et à la suffisance ! La charge qui incombe à la presse demeure, par les temps qui courent, d’agiter des idées sur les vrais problèmes de société. A ne pas douter que le lecteur accompagnera la pluralité des opinions dans le respect de la morale de la profession dans sa lutte  contre le pouvoir de l’argent et les lobbies  sans scrupules! Les déceptions et les désillusions que nous vivons après la révolution, ne sont-elles pas, elles aussi, porteuses de nouveaux horizons d’action et de réflexion ? Alors « Bon vent ».
H.R.
*Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), Chef de cabinet de Mohamed Sayah, Premier maire de Melloulèche …

 
 

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