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La politique se réduit-elle à des coups bas ou des coups tordus ?

  • La politique se réduit-elle à  des coups bas ou des coups tordus ?

 
Dr Rejeb Haji
 
 

                   De temps à autre, certains médias nous présentent des sauveurs potentiels, non en herbe, mais des hommes qui ont fait leur temps. Ils ont déjà assumé des responsabilités,  en devenant ministre ou même Premier ministre. Leur passage n’a pas été à la hauteur des attentes. Ils n’ont laissé aucune marque de leur passage à la tête du pouvoir. Ils ont failli démolir une première république construite par le sang des martyrs et par l’abnégation des citoyens. 

Dans la foulée d’une révolution populaire, marquée par l’absence d’un leader charismatique, et par l’inexistence d’un parti apte à entraîner les foules et à montrer la voie du salut, une poignée de prétendants a pris le pouvoir. Concoctée à l’Etranger, sous l’égide d’un conglomérat d’alliés non encore élucidé, ce fut une troïka de malheur qui a gouverné le pays en l’amenant là ou il est, au bord de la faillite et en le glissant vers l’éclatement.
Certains ont profité de la durée dans la fonction pour percevoir une retraite dorée, qu’ils ne méritaient pas de toute évidence!  L’indécence de certains médias, connus déjà sous d’autres cieux où l’argent du pouvoir leur coulait  à flots, tentent  de nous les présenter à nouveau comme  des hommes d’Etat, comme des hommes providentiels qui peuvent sortir le pays de sa torpeur. Quelle fausse blague! Le destin de ces derniers, a été cousu de fil en aiguille, par un mentor et ils ne pourront jamais survivre, après sa disparition. Il suffit de consulter leur curriculum vitae, s’il n’a pas été corrigé pour les besoins de la cause, pour mieux se rendre compte de la faiblesse de leur niveau intellectuel.
Ajouté à leur méconnaissance du fonctionnement de l’Administration et de ses structures, le résultat de leur échec était prévisible et attendu. Les premiers ministres étaient « entourés par des nuls ».  Il est vrai qu’après plus de vingt années d’une dictature rétrograde, verrouillée  et soutenue par l’Etranger en sous main, aucune des élites d’antan n’ose s’en réclamer aujourd’hui. Ces fidèles avaient pourtant consacré leur plume et leur soi-disant intelligence pour nous tracer les contours d’une « Tunisie de demain ». Cette clientèle  du coup d’Etat médical a tourné sa veste et changé de camp. Au gré du vent, à la recherche d’un parapluie d’un parti au pouvoir qui leur offrirait une immunité, ils se sont aujourd’hui mis à son services.

  • Le tunisien préfère jouir amplement de ses vacances. Il en est, Dieu merci, bien servi. Pour le citoyen lambda, c’est la semaine de cinq jours pour laquelle nulle étude d’impact ni simulation n’ont été faites. Décidée à la hâte, comme étant une décision révolutionnaire, en dehors de  tout   bon  sens  économique,   elle   a  été pérennisée   par   les   huit   gouvernements   successifs   qui   se   sont   succédés.

On constate amèrement que l’Administration n’est plus au service du citoyen, en temps voulu et en cas de besoins. Au cours de ces dernières années, une flopée de lois a été votée, mais la plupart restée lettre morte, soit pour non-conformité à la   constitution   ou   encore   par   défaut   de   parution   des   décrets   d’application  Pourtant le pays regorge de compétences et n’a nullement besoin de chercher des binationaux dont l’échec a été  patent dans les  fonctions   assumées.  Ces derniers   en Algérie, il faut le rappeler,   sont  interdits d’accéder aux hautes responsabilités.
Notre   pays   est   aujourd’hui   à   un   moment   de   vérité   et   nos gouvernants sont aux abonnés absents. Peut-être sont-ils en vacances ? Et ils en ont   besoin,   vu  le   travail  accompli !  Leur  bilan   négatif    à   perdre  le  souffle, ajoutée à leur    attente anxieuse  d’un remaniement qui  se  fait attendre !  Des organisations internationales n’arrêtent pas de nous nous tacler,  à tout bout de champs, parce que nous prêtons le flanc par la non-réactivité de la gouvernance et le manquement à ses engagements. La conduite du pays a été  soumise à la loi du  hasard, à l’épreuve  du  temps  et  à  la  parenté  calculée d’un  orfèvre en  la matière. Des politicards des temps nouveaux, incapables d’affronter  les foules pour expliquer un projet dicté. Ils ramassent aujourd’hui à tour de bras, des zélés dévoués   par   ci  et  par   là,  quelques   subterfuges  du   coup  d’Etat   médical   aux cahiers d’adresse bien fournis, en vue de redorer leur   blason ou cacher leur insuffisance   constatée   à   la   direction   de   l’Etat.
Ils   n’ont   jamais   côtoyé   les hommes que   Bourguiba a   façonnés  à  sa  manière. Au  service  du  pays et   de l’intérêt général, la transparence était leur crédo et  l’amour de la patrie leur sacrifice. C’était la bonne voie à suivre. Une voie ardue et difficile pour jeter les bases d’un Etat moderne construit par étapes. Son parti unique, vu son histoire et ses réalisations a jeté les bases d’une démocratie nationale, caractérisée par sa « tunisianité »   dans   la   pluralité   des   opinions,   à   l’image   de   sa   révolution, pacifique et consensuelle.
Notre pays exige de nous de la vigilance. Le nombre incalculable de partis et d’organisations jettent l’opprobre sur le politique. Le financement parallèle s’y est introduit et demeure aujourd’hui non identifiable. L’amalgame, sciemment entretenue, du RCD, un parti corrompu et sans projet, avec un parti socialiste destourien toujours néo a conduit à tenter d’effacer d’un trait   des   dizaines  d’années  de   lutte,   de  progrès  et  de construction.   Un   parti rétrograde et conservateur en a profité de son accession au pouvoir, pour le faire disparaître et le juger devant les tribunaux, chose que n’ont pas subi les partis communistes au pouvoir d’alors. La gauche dans sa totalité a salué le geste et son tour viendra d’être dans l’oubli. L’Histoire jugera ceux qui ont amené le pays là où il est : un endettement sans limite, un chômage de diplômés alarmant, un baisse du pouvoir d’achat jamais connue au paravent et on peut assombrir le tableau avec les chiffres de l’INES que certains vantent de manipuler pour leurs besoins, en vain. « On ne nous dit pas tout sur l’économie tunisienne, sur son effondrement et sur les indemnités servis aux militants!». Le refrain libéral est toujours aussi exigeant. Une simple actualisation des demandes antérieures se fait jour.
Qu’on se souvienne des exigences des prêteurs: adapter l’économie aux   nouvelles   contraintes   par   une   rationalisation   de   l’investissement   ce   qui aboutirait à un réexamen des projets en cours, et à reporter les grands projets faute de financement ; une révision de la politique des prix, conduirait à une libéralisation anarchique; une maîtrise de la consommation viserait à ajuster les produits de la caisse générale de compensation de façon à diminuer aussi bien son   déficit   que   sa   couverture ;   une   augmentation   des   tarifs   de   transport,   de l’électricité,   des   prix   du   carburant…   une   nouvelle   loi   sur   la   fiscalité   pour chercher   des  recettes   additionnelles.  Mais  également   il   faut  s’attendre   à  des coupes sombres dans le social et réduire le nombre de fonctionnaires…Telles sont   rappelés   brièvement   les   exigences   des   institutions   financières   qui   ont pignon dans nos locaux : Banque centrale, ARP, sur rue Ministère des affaires étrangères….
Et pour conclure et relever les défis, soyons optimiste et dire comme Bourguiba  » je crois que les idées justes exercent un influence, que le sérieux et la sincérité finissent par prévaloir. Ils mettent parfois du temps quand  ils se heurtent à des montagnes de préjugés; mais je ne suis pas de ceux qui désespèrent parce que le succès n’apparaît pas du jour au lendemain. » (interview à la revue française Réalités)
 
*Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), premier maire de Melloulèche, Ancien chef de cabinet du feu Ministre Mohamed Sayah…
 

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