Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
Dr Rejeb Haji
On ne sait plus où donner de la tête. A chaque jour, c’est une nouvelle musique ! Ceux qui étaient compétents hier et occupaient des postes au gré des alliances, deviennent, aujourd’hui, des donneurs de leçons, tout azimut. Qui pourrait nous faire taire surtout ceux qui avaient assumé des responsabilités et qui sont blanchis aujourd’hui comme neige, alors qu’ils devraientrendre compte devant le peuple de leurs gestions des affaires ?
C’est autour de la lutte des clans qui fait rage que l’on nous sort que l’ISIE et ses sponsors sont à genoux. On parle de coût de millions conséquence de l’ouverture du média centre. Qu’en est-il au juste ? « L’ISIE a perdu de son prestige et son actuel président est incompétent » a déclaré, ce jeudi 10 mai 2018, l’ancien président par intérim de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, sur la Radio nationale. Quelle ignominie !
Pour certains responsables qui ont mené le pays là où il est, seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse. A ma connaissance, depuis la révolution, on a vu défiler des figures, sans curriculum vitae et sans déclaration du patrimoine, qui aujourd’hui, clament la vertu. Ainsi soit-il ! Nous ne pourrions qu’applaudir à ces démarches au-dessus de tout soupçon. Comme la vérité n’est pas de ce monde, nous ont répété jusqu’à la lie, ceux qui nous gouvernaient dans les ténèbres.
Ils ne pouvaient en aucun cas transcender leur formation souvent héréditaire de rancunes et de rancœurs. Même si le hasard leur a fait bien des choses, même s’ils n’y sont pas préparés, ils brillent toujours par leur promesse divine comme s’ils étaient les détenteurs du ciel. Ceux qui sortent du trou y reviendront sans doute, parce que leur assimilation du progrès n’est pas à leur portée. Ils bruitent alors pour créer des turbulences et se faire rappeler à leurs donateurs. La mosaïque que nous avons prévue s’est réalisée dans le réel.
Les partis politiques sans troupe n’ont pu se régénérer. Leur défaite à ces dernières élections municipales est sans appel. Tout le monde la reconnaît sauf eux qui s’entêtent à crier victoire sur tous les toits. Les chiffres sont têtus et sans appel. Sur les inscrits seulement 33,4% ont accompli leur devoir civique. La date du 13 juin nous les fixera définitivement. Certains résultats préliminaires ne seront sans doute pas loin de la réalité : 5369892 inscrits, sur 8500000 en âge de voter,2074 listes engagées dans la bataille, 53000 candidats pour briquer 7280 sièges, pour 350 municipalités.
Les interdits sont imposés par la Haica (audiovisuel) et l’Isie (élections) qui complètent en fait le scénario du mode électoral choisi sciemment pour des visées de conquête au pouvoir. Le tout s’est traduit par une désaffection généralisée et les abstentionnistes ont été les plus grands vainqueurs avec un taux qui dépasse les 65% des inscrits.
Tout le monde a perdu ses repères. La base docile n’a pas répondu aux sollicitations des dirigeants et s’est dirigée vers le soutien d’un amalgame d’indépendants (860 listes) soutenus quand même par des partis politiques aux aguets, dont nul n’est capable de déceler une orientation ou un chemin de sauvetage pour un malade agonisant comme l’est notre pays aujourd’hui sous la coupe des donateurs et auquel un remède de cheval est plus qu’urgent. La confusion du genre devient incontournable.
Quant à l’éparpillement caractéristique des nouvelles méandres politiques, il se décline au fil du temps, même dans les supposés bastions. Des coalitions de partis hétéroclites, sans feuille de route, n’ont fait qu’accentuer le malaise et détruire la crédibilité du politique, déjà mise à mal, par un parlement hors du coup et sans stratèges.Ses scènes de ménage, peu glorifiantes se sont inscrites, à jamais, dans la mémoire des électeurs qui ne veulent plus qu’elles se reproduisent dans leur vie quotidienne. Elles ont laissé des traces indélébiles.
La nouvelle bataille qui s’engage pour la formation des bureaux sera rude.Chacun peut prétendre y assumer le premier rôle. Des pressions seront exercées, comme d’ailleurs des garanties données,à ceux ou celles qui feraient le bon choix pour faire perdurer le consensus voulu par les deux partis ou encore imposé en filigrane d’ailleurs. Aujourd’hui plus encore qu’hier, nous devrons construire une stratégie pour nous -mêmes à travers nos municipalités. Quoi qu’il en soit, il y a un besoin de clarification, de réévaluation et de diagnostic à faire. Il faut analyser le mal pour administrer le remède adéquat.
Les campagnes se vident et les villes regorgent de venus d’ailleurs en quête d’emploi et de sédentarisation. Les plans d’aménagement, la lutte contre les ordures, la protection de l’environnement,… mais également la nouvelle administration et par voie de conséquences des budgets de fonctionnement à prévoir.
Par manque de responsabilité, on a chanté la régionalisation et on l’a inscrite dans la loi comme un fait accompli alors que c’est la voie d’un cheminement de longue haleine inscrit dans le long terme. Il est dangereux de la clamer à corps et à cri, le risque d’une catastrophe qui pourrait exploser par le retour au tribalisme et à la désunion de solidarité nationale. Le danger guette le pays de ce côté-là et nous sommes loin de l’expérience allemande ou même française dans ce domaine. Il est évident que les politiques tournent à vide et que le système imaginé rend l’âme et le coup de grâce lui a été donné par les résultats des élections municipales. Il ne faut pas se couper du monde développé et tenter de s’accrocher à son train.
Nulle autre survie pour notre pays, lié à 80% de sa subsistance avec l’Europe, que de compter sur ses capacités propres et s’ouvrir sur le numérique dans toute sa gamme. Le politique a trop cassé la baraque, il faut revenir à l’essentiel c’est-à-dire le travail et encore le travail. Nous ne sommes pas un pays comme un autre. «Notre spécificité » est devenue légendaire. Elle s’inscrit dans son histoire, sa culture, ses racines et même ses figures. Tout ce que les générations transmettent, constitue le socle de notre unité. C’est pour cela que notre passé est le début de notre avenir, n’en déplaise aux nouveaux venus d’ailleurs, sans état d’âme et sans souci de sauvegarde d’un peuple indépendant et d’une histoire inscrite dans le marbre.
Il faut s’avancer, à pas sûrs et comptés, pour restaurer l’autorité de l’Etat et réaliser les droits et les devoirs de chacun dans une nouvelle solidarité que nous avons définie comme « un idéal qui pourrait fournir à chacun ce dont il a besoin ». La municipalité est le cadre adapté pour le faire et pourra répondre à cet objectif collectivement. Quel beau projet de passer des promesses à la réalisation sur le terrain. C’est le souhait de chacun avec les efforts de tous dans la transparence et la dignité !
*Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), Chef de cabinet de Mohamed Sayah, Premier maire de Melloulèche, Formation à Harvard University …
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