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Voter est un droit et un devoir civique !

  • Voter est un droit et un devoir civique !

Par Dr  RejebHaji

« Les vraies révolutions sont celles qui affectent l’homme dans les profondeurs de son être et transforment sa vision quant à ses rapports avec ses semblables et avec la société où il vit.       Habib Bourguiba Skanès, 28 juillet 1968

 
Dans quelques jours, nous allons voter pour des équipes qui vont diriger nos villages et nos villes. Tout en laissant les membres de ces commissions se chamailler dans leur tour d’ivoire et par-delà nos divergences sur les méthodes, l’engagement responsable est aujourd’hui, le seul moyen de s’accomplir dans l’action et de faire évoluer la réalité vers l’idéal dont nous rêvons tous, sans distinction de formation, de région, de religion et d’âge.
Après des années lugubres d’attente d’un messie qui sortirait notre pays de l’ornière, nous sommes malheureusement au bord du gouffre. Il nous faut réagir ! Même dans le peu d’espace que nous ont légué les transitoires sous toutes leurs formes de gouvernance, ils nous ont enfermé dans des cadres juridiques de leur choix. Ce n’est pas le moment de baisser les bras. C’est dans ce sens que le  devoir nous interpelle et nous appelle à  aller voter, même si les listes ne répondent pas à nos vœux, maintes fois exprimés, dans les colonnes d’un journal étatique à l’agonie, financé par nos impôts et dont les nouveaux dirigeants nous ferment les colonnes, par crainte de dévoiler leurs incompétences!
Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’article que j’ai publié dans le journal « La Presse du 5/08/2011 et intitulé « Au vote citoyen ». Le lecteur retrouvera la même situation que nous avons décrite, il y a sept ans, voire même elle s’est empirée, à cause de l’absence d’une feuille de route indépendante des puissances d’argent et des lobbys de toutes connivences.
Les nouveaux venus au pouvoir, ont vite oublié de s’appuyer sur la fibre qui reste vivace, celle d’appartenir à cette merveilleuse Tunisie, construite au fil des temps, assumant son histoire millénaire et en corrélation avec la modernité. Ce geste de voter a une importance capitale pour notre vie et pour notre futur. « Chacun, disait Bourguiba le 14 mai 1960 à Monastir,  est convaincu que le vote est un devoir impérieux et une affirmation essentielle du caractère démocratique…». C’est la seule bouffée d’air face à l’atmosphère de grisaille qui caractérise cette nouvelle phase transitoire. Par notre bulletin de vote, du plus petit village aux grandes villes, chaque voix compte pour mettre fin « au  transitoire », « au provisoire »  et à « l’inconnu ». Nous devrons être le rempart nécessaire pour barrer la route aux opportunistes,  à ceux qui  tentent encore d’accaparer la révolution et à ceux qui travaillent à son échec à l’intérieur  et à l’extérieur du pays.
La révolution est la nôtre, c’est celle que définit la citation de Bourguiba. Nous sommes, pleins d’optimisme et à la hauteur des nouvelles exigences. Nous remporterons, sans doute, toutes composantes  de la société confondues, la bataille de l’espoir. Même si la Tunisie vient de perdre un de ses architectes, le dernier en date, le défunt Mohamed Sayah qui était de la lignée des grands. Que Dieu l’accueille dans son éternel paradis.
Il a été exemplaire dans la gestion municipale de son village Bouhjar, une politique à suivre. De l’abnégation, de la droiture et de l’exemplarité. Telles était également, sa conduite dans les responsabilités assumées à l’échelle de l’Etat et du Parti Socialiste destourien, vouant sa vie au service de la Tunisie naissante, en construction pour qu’elle soit prestigieuse et rayonnante.        Aux côtés de son mentor Habib Bourguiba, et de ses compagnons, il a su imprimer à des générations, son amour du pays et le sacrifice pour autrui. Ses réalisations à la tête de la Municipalité est un chemin à contempler et à approfondir. D’autres patriotes ont suivi ses traces, en alliant, avec peu de ressources, le volontariat à l’efficacité. Il leur a appris à joindre la parole à l’acte.
C’est le message qu’il a laissé pour les politiques de tout bord. Comme les hommes providentiels avec le charisme, le rayonnement, la transparence et l’autorité morale nécessaire, comme la sienne, ne sont plus que des références, certains politiques, tentent de s’y substituer. Les solutions font largement défaut dans leurs programmes. Ces milliers d’élus, en contact avec la réalité du terrain, au fur et à mesure du déroulement de leur mandat, se rendront compte, comme j’ai eu à l’assumer, à la première présidence de la mairie de mon village rural Melloulèche, que c’est la plus belle et la plus dure responsabilité. Le passage par cette voie démocratique, doit laisser une trace chez les citoyens. Faisant, outre des partis politiques qui visent eux à bâtir une société idéale où régneraient la justice, la liberté et la prospérité, les expériences tentées dans différents pays,  de différentes cultures, ont  échoué à réaliser cet objectif. Certes il ne saurait être question d’ignorer les progrès accomplis dans ces différents domaines, mais cette progression n’a été ni uniforme, ni en phase  partout  et de toute part. Les soubresauts historiques du siècle dernier et de celui qui commence nous le rappellent à l’évidence.
La situation actuelle de notre pays est inquiétante et la politique de la main tendue est le seul sauf-conduit pour l’avenir. Les difficultés d’existence grandissent et l’incertitude du lendemain pèse lourdement sur notre vie à tous. Jour après jour, ce sont des usines qui ferment donc des travailleurs licenciés, des grèves sans fin donc des répercussions immédiates sur le manque de croissance, des revendications, même légitimes, sans réponses, sauf à approfondir le gap de l’endettement déjà accablant,  un dinar qui dégringole et une inflation qui galope….Les partis et les associations qui se multiplient, ces derniers, aux financements souvent occultes, soutenus par  des organismes de la  société civile et des moyens d’information, sans normes et sans contrôles, loin de constituer un gage de démocratie, nous proposent une série de promesses. Mais ni les moyens de les tenir ni leur quantification  et encore moins leur financement ne sont proposés. Les solutions  font largement défaut dans leurs programmes, quand ces derniers existent.
Pourtant les problèmes de notre pays sont identifiés. A titre indicatif l’objectif serait, pour le long terme, de moderniser l’agriculture, de développer l’industrie, de réformer l’enseignement, d’assurer un emploi à tous, de réorganiser la santé, de doter chacun d’un logement décent, de réduire les inégalités, de corriger les déséquilibres sectoriels et régionaux, de lutter contre la pauvreté, de stabiliser les prix et la monnaie… mais également de promouvoir la liberté, la dignité et le bonheur de chacun.
On est en droit de se poser des questions à ces sujets vitaux. Pourquoi sont-ils absents, des échanges et des débats dans cette campagne électorale ? Seuls des catalogues de vœux pieux, nous sont offerts, à chaque coin de rue, par des candidats multiples dont certains se réclament indépendants disent-ils, ni de droite ni de gauche? Comment vont-ils financer leur offre? Aucune référence.
Il est à craindre déjà que cette multiplicité de partis, n’apporte  à ce jour, aucune contribution ni à la pensée, ni à la spiritualité. Elle n’a fait que polluer le paysage politique et atteindre ainsi les fondements du modèle démocratique  dont nous cherchons à jeter les bases, selon une démarche propre teintée de « tunisianité ».  En effet, au lieu de soulever les masses, elle ne fera, ce qui est à craindre, que semer le doute et cultiver encore plus l’indifférence générale à l’égard du politique. Or  pour affronter la situation précaire, aux contours imprécis et imprévisibles, laissée par les centaines de ministres qui se sont succédés et pour  sauver notre économie du désastre,  la seule voie passante demeure l’obligation de souscrire  à des projets régionaux, susceptibles d’être inscrits dans les faits et d’inspirer des programmes d’action garantissant la sécurité, la liberté et la forte croissance économique, source d’emplois et de revenus, tels que perçus sur le terrain.
C’est dans cette catégorie de pensée que s’inscrit la révolution de Janvier 2011 et sur cette base que les partis politiques regroupés en petit nombre, au maximum trois,  après échanges et débats,  doivent placer, dans la durée, leur action politique pour aider à changer les conditions des tunisiens afin de les propulser sur la voie du progrès. Une nouvelle gouvernance pour gérer notre pays autrement, permettra de minimiser l’écart  entre les promesses et la réalité. Pour cela, l’urgence  est  de mobiliser toutes les énergies, de la participation de tous les citoyens à l’effort collectif. Au-delà des classes sociales, de génération, de milieux de vie, il s’agit de répondre aux besoins de la population tel est le but essentiel de toute politique municipale.  Attentifs à la vie quotidienne de nos concitoyens, c’est le rôle des futurs élus municipaux de trouver le consensus nécessaire, en faisant confiance, par-dessus tout, à l’esprit d’innovation et  à l’intelligence, cherchant le dialogue et la confrontation des idées et des projets. C’est cela  à mon humble avis le message de la révolution de janvier, perçu comme tel par un citoyen de base.
Enthousiastes, pleins d’optimisme et à la hauteur des nouvelles exigences, les tunisiens sont capables d’assumer la responsabilité historique dans la conduite de leur nation et de la sauvegarde de sa destinée. Ils remporteront, sans doute, toutes composantes de la société confondues, la bataille des municipales, mais également et surtout celle des défis à venir. C’est pour tout cela qu’il faut aller de nouveau voter !                                                                                 H.R
 *Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), Chef de cabinet de Mohamed Sayah, Premier maire de Melloulèche …
 
 

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