Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
Par Dr Rejeb Haji
De jour en jour et à travers leur politique gribouille dans les médias, on découvre des illustres inconnus, sans histoire, venus enfourcher une révolution à laquelle ils n’ont jamais participé. A l’heure où l’argent est intimement imbriqué à la politique et où la bataille fait rage pour une course effrénée vers le paraître dans les médias et vers le rapprochement des cercles du pouvoir, des prétendants à la responsabilité affluent de partout.
Conscients que le pays est soumis à une dure épreuve, le devoir de tous est de sensibiliser, de convaincre et d’aider à surmonter la crise et non à trouver des subterfuges comme l’organisation d’élections inodores dont les résultats, avec le code électoral actuel, pourraient être prédits à l’avance.
Il est vrai que des instituts de sondage, hors la loi et à la solde du plus offrant, peuvent les confirmer sans hésitation. Quel dommage, une fois encore, le pays rate un autre rendez-vous avec l’Histoire ! Rien n’a pu secouer jusqu’alors ceux qui se disent les représentants du peuple de leur torpeur. Aucune réaction de leur part pour se déplacer dans leur circonscription pour prêcher la bonne parole et défendre leur bilan, s’il existe un ! Aucune initiative de leur part pour apporter les corrections devenues nécessaires à la Constitution.
Pourtant des insuffisances criantes sont apparues dans sa mise en œuvre. Il est vrai qu’elles répondaient, en son temps, à des contestations de la rue. D’ailleurs ses vrais auteurs sont, à ce jour, inconnus. De toute évidence, elle ne peut être réécrite, par une assemblée où le professionnalisme de l’écriture des lois fait défaut et où le niveau intellectuel laisse à désirer. Rien qu’à voir le fonctionnement des institutions dont elles sont issues, on ne reste pas indifférent. Pire encore, ces dernières transgressent les lois qu’elles sont censées appliquer et continuent pourtant, à bénéficier des subsides de l’Etat.
Des partis, des associations et des organisations non gouvernementales, profitant d’un vide juridique, se sont mis sur les rangs pour assécher les caisses de l’Etat et se pourvoir des financements occultes.
Où sont-ils ceux qui ont bénéficié du financement de l’Etat au-delà de leurs prérogatives, et qu’ont-ils fait pour respecter la loi?
Pourquoi en fait l’électeur lambda est-il devenu insensible à « je t’aime la Tunisie alors je vais défendre ta révolution et ses principes» ?
Pourquoi s’obstinent-ils encore à garder le silence pour remettre la révolution sur le droit chemin ?
Pourquoi les responsables politiques et ceux qui sont à la tête de l’Etat ne rendent-ils pas public leur revenu ?
A commencer par les ministres qui se sont succédés à la tête de l’Etat, les députés qui ont eu la responsabilité de voter les lois qui régulent notre vie quotidienne, les gouverneurs qui ont dirigé nos régions et d’autres encore ? Ils parlent de corruption, alors qu’ils ne donnent pas l’exemple de probité dans leur comportement. Les révélations du ministre des relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et des droits de l’Homme sont d’une extrême gravité : « Une trentaine de partis sur un total de 210 ont remis leur états financiers pour l’exercice 2017 ».
Seulement, peu de gérants du pouvoir se soucient de l’importance de ces chiffres. Ils tolèrent, au vu et au su de tout le monde, la violation de la réglementation en vigueur. A ces questions et à d’autres, la réponse pour eux est simple :« C’est la faute de la démocratie naissante ». Alors que eux les politiques, discrédités par leur comportement, ces dernières années, ne sont plus crédibles. L’électeur n’a rien vu de concret. Pour lui les promesses faites sont momentanées et au gré des circonstances. Comme conséquence, peu d’enthousiasme suscité par l’inscription sur les listes électorales. C’est une sonnette d’alarme annonciatrice de déboires dont le pays n’a nullement besoin. Certains ont enfourchée la révolution et veulent être encore protégés par des hommes payés par nos impôts. Que leurs partis assument leur protection et paient leurs gardes rapprochées ! Encore « une exception tunisienne », nous dira-t-on: chercher le pouvoir et l’argent du pouvoir !
Au moment où le pays souffre et lutte pour son autonomie de décision, voire même pour son existence, l’électeur doit saisir que le pays a besoin de compter sur ses enfants qui ont le courage de le servir, même à leurs dépens. Dans les pays démocratiques, le candidat aux élections est soumis à de multiples exigences. Le contrôle des déclarations du patrimoine, par exemple! Quant à nous, la plupart de nos élus tardent encore à solder leurs comptes de campagne! Des actions ponctuelles peuvent remettre les horloges du politique à l’heure, aller au-devant de l’abstention et restaurer la confiance.
La joie de servir le pays de la meilleure manière possible, sans lui demander plus qu’il ne saurait donner, n’a d’égal que la satisfaction du devoir accompli. Les équipes sortantes n’ont pas retenu cette leçon. Des pionniers de la transparence de la vie politique font légion dans notre pays. Nombreux seront ceux qui applaudiraient à tout rompre pour l’exemplarité de la conduite de gouvernants, au-dessus de tout soupçon et dont le dévouement au service d’autrui est le seul objectif. Le moment viendra de sanctionner par notre bulletin de vote ceux qui se présentaient comme les bâtisseurs d’une nouvelle société où régneraient la justice, la liberté et la prospérité alors qu’ils n’ont pas réussi, au cours de leur mandat, à le faire.
Les choses ne vont pas bien, tout le monde en convient. Le monde se réorganise de nouveau sur de nouvelles bases. Mais les vendeurs d’armes connaissent toujours la même prospérité et les services secrets leur apogée, alors que des innocents payent au comptant, par le sang, le droit d’avoir une identité.
Que faut-il comprendre de ces subventions ou prises en charge d’activités financées par des associations internationales étrangères ?
Comment admettre que des journaux tunisiens, connus pour leur indépendance et leur probité, se trouvent livrés à eux-mêmes et laissés par l’Etat au bord du gouffre ?
Comment tolérer, par contre, que de l’argent octroyé par des ambassades, voire même des fondations visent à constituer des réseaux d’influence pour atteindre l’opinion publique et mieux l’influencer ?
Quel contrôle exerce l’Etat sur les 700 mille euros octroyés à de nombreuses associations de la société civile ou encore sur les 300 mille euros, versés par La France, à certains organes de presse?
Quel est la contrepartie de ces prises en charge dans des hôtels luxueux, payées par des fondations étrangères?
Cela rappelle d’autres sommes versées dans des comptes personnels non encore justifiées. Des voies et moyens consolidés par des Etats sous couvert d’aide aux droits de l’Homme et à la démocratie alors qu’en réalité ce sont des moyens pour s’immiscer davantage dans les affaires internes de la Tunisie afin de mieux les contrôler ?
On fait simplement le constat que la pauvreté s’accentue, l’environnement devient de moins en moins respirable et le Facebook de plus en plus destructif. La communauté internationale, quant à elle, demeure impassible. Aucun pays ne prend à bras le corps ces problèmes. Les difficultés d’existence grandissent et l’incertitude du lendemain pèse lourdement. Jour après jour, dans les pays sous-développés, ce sont des usines qui délocalisent ; du chômage qui s’accroît; des jeunes qui s’embrigadent pour mourir,en allant défendre des causes qui ne sont pas les leurs ; des endettements de plus en plus lourds.
Pourtant les choix sont clairs : moderniser l’agriculture ; développer l’industrie ; réformer l’enseignement ; réorganiser la santé ; corriger les déséquilibres sectoriels et régionaux ; assurer un emploi à tous ; doter chacun d’un logement décent ; réduire les inégalités ; lutter contre la pauvreté ; stabiliser les prix; renforcer le dinar qui dérape… mais également promouvoir la liberté, la dignité et le bonheur. Aucun gouvernement, ni partis, ni associations ne se sont mis à la recherche des solutions économiques fiables et sereines. Tous cherchent à nouveau, comment reprendre en main les valeurs des révolutions trahies par eux-mêmes et par leurs gouvernements successifs ?
Les tartuferies politiques sont le mal de ce nouveau siècle ? Aux questions économiques hallucinantes du devenir, la seule réponse plausible pour eux est d’aller vers la politique dictée d’ailleurs, selon les intérêts des pourvoyeurs de fonds et la sécurité de l’investissement de ces derniers. L’élite, et c’est son rôle, est d’ameuter l’opinion publique sur les dangers intérieurs et extérieurs qui guettent la liberté du citoyen. La conduite des affaires des gouvernements précédents, au lieu de soulever les masses, n’a fait que semer le doute et par suite l’indifférence générale à l’égard du politique. Or pour affronter la situation précaire, laissée par cette succession de gouvernants et sauver l’essentiel, il faut rester debout, car l’élite ou ce qu’il en reste, est capable d’innover, d’imaginer et de proposer des programmes d’action qui peuvent sauver notre économie du désastre, par une forte croissance, source d’emplois et de revenus. Le temps du spectateur en bord de touche est révolu, il faut, là où l’on se trouve, être l’acteur sur le terrain. C’est dans cette catégorie de pensée que s’inscrit, en réalité, la révolution de Janvier 2011 ! Il faut en urgence méditer la parolede Bourguiba, citée plus haut, pour en tirer profit et faire respirer de nouveau le pays !
H.R.
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