Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
Par Dr Rejeb Haji*
A l’heure où le gouvernement prépare son projet de budget 2018, on est en droit de se poser la question des dons et subventions qui arrosent des associations sous l’œil d’un ministre, bienveillant.
S’agit-il d’un nouveau moyen de quémander l’aumône ou encore de soumettre le pays à de nouvelles tutelles ?
Allons-nous enfin jeter un regard critique sur cette politique, à plusieurs facettes, où des pays tentent de nous mettre, selon eux, sur le droit chemin ?
L’hégémonie de l’argent va-t-elle contrôler notre avenir et décider de notre destin ?
Cette manière d’agir est-elle conçue pour soumettre la société civile aux objectifs du donneur et à ses exigences ?
Pour répondre à ces questions il est nécessaire de rappeler que la politique au temps de Bourguiba était souveraine et se résume en des principes fondamentaux, décrits par lui-même, dans son discours, du 18 Mars1974 à Tunis: « le régime tunisien, n’est ni fasciste, ni capitaliste, ni tout simplement socialiste. Il tient compte essentiellement du facteur humain et de l’inaptitude des citoyens à accepter spontanément leurs intérêts personnels à la cause générale… »
A l’aube d’un nouveau siècle où l’on voit le mal partout, où de nouveaux conflits surgissent et où les certitudes deviennent aléatoires, il est temps de venir en aide pour alléger les responsabilités des gouvernants dans la conduite des affaires et de maîtriser les ardeurs des politicardsqui se croient ancrer dans l’environnement.
La Tunisie, depuis la disparition du dictateur, est confrontée à de nouvelles hégémonies où le double langage fait rage ! Tout le monde a applaudi à sa nouvelle révolution et a fêté la victoire de son peuple. Cette révolution spontanée, née d’oppressions et de privations de droits, a ouvert les vannes aux contrebandiers et à l’influence des faussaires, escrocs, maîtres chanteurs et autres malfaiteurs de même acabit.
L’économie parallèle a plus fleuri et ses répercussions n’ont pas tardé à mettre le pays à genoux.Le prêche du multilatéralisme est devenu le slogan mondial, alors que notre pays tarde à retrouver sa sérénité et à se reconstruire. Des engagements diplomatiques qui se sont avérés au cours du temps comme sulfureux, ont suscité les espoirs et encouragé la migration vers d’autres cieux.Ils ont été à l’origine d’une flambée d’associations qui avoisinent les 20758 d’après « IFADA ».
Elles reçoivent des subventions d’origines différentes.Pourtant elles sont soumises au décret N°88 de l’année 2011 daté du 24 septembre 2011 et devraient publier l’origine de leurs financements et de l’état de leurs dépenses. Le contrôle existe formellement, mais dans la pratique le contrôle financier est une autre paire de manche. Ces subsides octroyés ont, paraît-il, servi à financer d’autres activités illicites telles que les partis, le terrorisme, la drogue… et autres bobards sur lesquels il faut lever le voile et que seule la justice peut en découdre. Il est d’urgence de faire l’état des lieux et de mettre au pas les frondeurs. Au contraire,d’après IFADA, «Le ministre concerné, a fait part de la volonté de plusieurs institutions étrangères d’être représentées en Tunisie, eu égard à la nouvelle dynamique que connait la société civile tunisienne. Pour ce faire, de nouvelles lois doivent être promulguées pour permettre aux organisations internationales de se baser en Tunisie ». « Le ministre a exprimé l’ambition de faire de la Tunisie un pôle associatif et un centre d’attraction pour les organisations internationales, aidant à la génération de nouvelles ressources ».
Ainsi, dans un environnement malsain, la multiplicité des associations ne fera qu’accentuer la souffrance de la société et abîmer encore plus ses choix.En ce jour d’anniversaire du décret sus- cité et par suite de leur prolifération, peut-on espérer mettre fin à cette nouvelle forme de corruption, habillée en droits de l’homme et de la société ? Les donneurs doivent être identifiés et un fonds global de subventions des associations soumis au contrôle de l’Etat doit être crée. Les ressources seraient alors sous contrôle efficace, et ne pourraient profiter de la bouffée d’air de liberté, pour la réduire à néant.
En retour de ces subventions et en contrepartie quels services ont été demandés et exécutés ?
Des séminaires financés dans le luxe des hôtels, combien cela coûte et qui les finance ?
Quels rôles jouent- les associations dans ce nouveau monde mondialisé ?
Les services secrets ont pignon sur rue dans tous les pays et de là naissent les craintes sur cette indépendance pour laquelle tant de martyrs ont sacrifié leur vie. Récemment les pays européens se sont confrontés à la double mission de représenter leurs intérêts en livrant les armes à des pays qu’ils dénoncent en même temps parce qu’ils violent les droits de l’homme. Il ne leur semblait pas nécessaire de transformer leurs politiques étrangères mais de s’engager dans une politique culturelle qui aurait pour objectifs de base, le soutien civil des régions par le biais de subventions d’associations autochtones. Cet aide au développement s’opère à l’étranger par des fondations disposant de moyens considérables qui s’engagent « à promouvoir le dialogue politique et social, tout en promouvant la démocratie » dans les régions en transformation, comme la nôtre. Cette ambition de soutenir la société civile et les courants démocratiques, a été mise en chantier par exemple par l’Allemagne avec la Tunisie et l’Egypte en instaurant des « Partenariats pour la Transition ».
Pour conclure, la faiblesse de l’Etat au niveau économique et les positions divergentes sur les modèles économiques et les tensions qui en résultent montrent la nécessité du contrôle de ces associations. Il faut encore donner plus de visibilité à la politique étrangère, affaiblie depuis la révolution, par des politiques parallèles néfastes.
Il faut plus que jamais revenir à ses fondamentaux en l’accompagnant d’une réflexion constante et publique, car la sécurité de notre pays dépend largement de la stabilité politique et économique avec nos voisins !En l’absence de journalisme à la hauteur des défis et de l’époque de la révolution numérique, puisqu’on continue à pavoiser sur les frasques de ceux qui ont conduit le pays là où il se trouve, l’accablant de dettes et sans feuille de route, le droit de savoir est un devoir qui protège la souveraineté du pays de toutes les tentatives d’hégémonies. Il faut donc inscrire la révolution dans les faits. Loin de recourir aux propagandes injurieuses, le devoir nous appelle tous à rénover l’économie du pays et à offrir de nouvelles possibilités à l’ambition des jeunes…
Le Ministre de la Formation professionnelle et du travail reconnaît,lui-même,qu’ils sont 620 milles et que seuls 155 mille sont enregistrés. Il ne trouve à dire que ceux qui sont en chômage sont ceux qui « ne cherchent pas du travail mais qui sont dans les cafés, sirotés des chichas !» C’est sa manière de les stigmatiser !
H.R.
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