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La voie de la réussite !

  • La voie de la réussite !

 
Par Rejeb  Haji*
« C’est la confiance dans le gouvernement qui doit être le facteur de cohésion nationale et la source du respect réciproque entre autorités et citoyens. »                                                                    
Bourguiba 13 juin 1956
 
Enfin le remaniement tant attendu a eu lieu. Quel impact pouvait-il avoir sur une opinion fatiguée de promesses, sans lendemain ?
Quels rebonds s’attendre d’un exécutif qui marque le pas quand le pays est en crise et le chômage en berne ?
Quelles leçons tirées de ces spéculations qui allaient bon train ces derniers jours pour composer un gouvernement?
Les mauvais résultats de la politique économique influent sur le moral des citoyens et il est à craindre leur traduction dans les urnes, si on persiste à maintenir les dates des élections municipales. La forte impopularité des 206 partis,en nombre toujours croissant, plus que la chine,  traversés par un espoir d’accéder au pouvoir, dans les plus brefs délais, où tout le monde veut rester au gouvernement, tout le monde veut y entrer et certains en sortir par la force des choses puisqu’ils sont délogés, ne permettent pas de voir, à l’horizon, un changement de cap, ni une vision claire.
Le nombre de ministres et de secrétaires d’Etats est hors norme et sans signes rapides constituant une réponse aux défis économiques du pays, en proie à de graves difficultés politiques, économiques, sociales et environnementales.Il est vrai qu’il apparaît dans sa composition de nouveaux visages inexpérimentés, des chevaux de retour qui ont échoué dans leur ancienne responsabilité et  de nouvelles têtes issues de compromis des coulisses…
En bref c’est une équipe de partis,normalement  irréprochables, vu l’état dans lequel se trouve le pays. Le Président de la République la voit comme la dernière chance.
En cas d’échec qu’en sera-t-il, le déluge évidemment ?  Le Premier ministre, tout en éloge, la considère comme une équipe de guerre.A se demander l’existence de ses munitions et de leurs fournisseurs ? Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, la seule force encore viable, va plus loin, en considérant que le remaniement « a été retardé à maintes reprises à cause des tiraillements entre Nidaa Tounes et Ennahdha ». Ceci poursuit-il « a eu un impact direct sur les rouages de l’Etat et a paralysé ses institutions.» Aucune justification attendue n’est venue argumenter les raisons de ce remue-ménage.
Une absence totale de l’implication des poids lourds politiques. Aucun programme d’actes qui puissent aider le pays à se tirer de sa léthargie, n’est dévoilé.Un gouvernement renouvelé dans sa composition mais de quoi diffère-t-il des précédents tant acclamé pour « leur compétence » et « leur technicité » ?Un parlement qui va se réunir pour voter la confiance à qui et pour quel programme ? Pour alléger le fonctionnement et limiter les critiques, pourquoi ce nombre pléthorique de ministres.
Un record d’instabilité ministérielle depuis la révolution, alors qu’il aurait fallu choisir une quinzaine de nationaux, triée sur le bout des doigts, alliant l’expérience à la jeunesse, pour conduire le pays qui est actuellement au bord de la faillite. On ne peut pas gouverner avec ses amis, en les nommant des chargés de mission, en fait des ministres parallèles, souvent avec un curriculum vitae, non fiables. Pour innover dans la gouvernance, pourquoi ne pas avoir recours  à des mises à disposition par leurs universités et par leurs entreprises. Ils continueront à être payés par leur propre administration d’origine et soulagerait ainsi le budget de l’Etat de montants, même symboliques.Notre pays est-il, ces dernières années, sous une malédiction d’avoir de l’instabilité de la gouvernance? Après son âge d’or, celui de Bourguiba à l’aube de l’indépendance et jusqu’au moment où il ne gouvernait plus, le pays a pris la voie du progrès et de la modernité.
Aujourd’hui avec tristesse, avec ce  modèle de comportement, nous n’allons pas sortir notre tête de l’eau. Après avoir été les révolutionnaires du monde, allons-nous devenir sa risée? S’il était nécessaire d’injecter de l’oxygène par le biais de ce changement, il ne faut pas perdre de vue que sa durée est déterminée dans le temps à deux ou trois semaines pas plus. Ce sursaut, cet élan, cette gouvernance déjà sous les feux de la rampe, aurait-il comme les précédents pour mission de colmater les brèches et camoufler les difficultés.Les semaines noires se succèdent à ne plus en finir et il est à craindre l’effet conjugué de l’insécurité, de la corruption, des coûts exorbitants de  la rentrée  dans tous ses volets que le paysage politique ne s’assombrisse encore davantage.
Les bailleurs de fonds ne lâcheront pas leurs exigences : une remise à plat de la fiscalité, une privatisation de certaines entreprises publiques, un écrémage de la fonction publique et d’autres exigences que nous avons énumérées dans nos écrits « De laRévolution… tout un programme !Chroniques 2011-2014 ».
Allons-nous nous accommoder de ceux qui défient notre culture, pompent notre richesse et nous imposent leurs agendas par des promesses qu’ils n’ont pas encore tenues? Ce sont là des exigences pour garantir notre souveraineté, au moment où, par l’intermédiaire des élus, un défilé d’ambassadeurs et de gens venus d’ailleurs, tantôt des pays du Golfe tantôt de l’Europe, tentent de s’immiscer dans nos affaires.
Certains nous rétorquent le déficit de nos balances et l’énormité de notre dette, alors qu’ils ont l’indécence de parler encore au nom du peuple et de percevoir des indemnités pour un engagement non respecté! Malgré les doutes sur la capacité de ces nomades, à diriger,ils ont accaparé le pouvoir sans y être préparé par un putsch qui ne dit pas son nom. Il suffit de voir le nombre de nominations dans l’administration que révèle le JORT,les années sombres de la troïka. Ni critères objectifs, ni compétences adéquates n’ont été respectés. L’argent a coulé à flots pour dessupposés martyrs. Certains, ayant vécu royalement comme réfugiés politiques dans des pays où leurs affaires prospèrent encore, ont été plébiscité pour nous donner des leçons de patriotisme et de savoir-faire !L’histoire a prouvé qu’ils ne savent que dénigrer leur pays et se soumettre sous la coupe de sponsors peu scrupuleux.
Il suffit de les entendre dans les médias qui, par calcul sordide, leurs ouvrent les bras à tout bout de champs et profitent de leur indigence intellectuelle et morale. On pourrait alors chercher à distribuer des trophées pour ces nouveaux venus en politique, selon d’autres paramètres, par exemple à « celui qui s’est le plus enrichi » ou à « celui qui a le plus fait de buzz politiques » ou à « celui qui a le plus d’amis dans Facebook »  ou à « celui qui embrasse le mieux sa femme, ou « celui qui apprend  le mieux à ses enfants à égorger son mouton » ou à « celui (ou celle) des parlementaires qui a le moins fréquenté l’ARP et qui a perçu ses émoluments » ou « à celui (sans distinction du genre)  qui a été le plus bavard tout en étant ridicule ».
On pourrait discerner d’autres catégories de médailles à « celui qui a le plus agi pour maintenir Bourguiba dans sa prison et réussi à éliminer des adeptes. » ou encore à « celui qui a retourné sa veste pour se réclamer aujourd’hui de la continuité du PSD » ou en fin à «celui qui a été le plus ingrat des putschistes qui ont renversé Bourguibaet fait dissoudre le PSD, son parti».
On pourrait identifier rapidement ces lauréats, puis leur discerner ces récompenses!
 
Pour conclure, il faut toujours se souvenir que notre pays est magnifique.Il mène un combat d’un nouveau genre où chacun doit apporter sa touche pour le sortir du tunnel. La voie choisie par Le Président Béji CaïdEssebsi qui m’a honoré de sa rencontre, est celle qu’il m’a confirmé dans l’entrevue accordée,d’être à la méthode bourguibienne,« toujours tenace, avancer pas à pas et chercher le consensus. »C’est effectivement la voie de la réussite !
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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