Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
La spiritualité , un mot qu’on rencontre de plus en plus souvent et que chacun essaie de rajouter à sa sauce. Au nom de la spiritualité on peut parler presque de tout : énergie, amour, pardon, gratitude, pardon , etc….
Et puis voilà que s’organise à Tunis le festival « ROUHANYET » , » season of love », pourquoi pas ? Un festival de plus ou de moins , normalement ça ne devrait pas trop avoir d’impact sur la scène et le paysage artistique.
Quand je suis allé assister au premier spectacle, ma première intention était de me distraire, écouter de la bonne musique, rencontrer des amis(es) et passer un bon moment. Mais dès le premier spectacle tout a changé . Je me suis trouvé envouté par la musique et les chants soufis, à cela s’ajoutait la danse , les mouvements des derviches tourneurs. Ils avaient une certaine présence et une gestuelle qui ont éveillé ma curiosité.
Ma curiosité éveillée je suis allé leur poser quelques questions après le spectacle. Et voilà ce que j’ai appris.
Déjà la tenue, ils portent un manteau noir sur une tunique blanche et une toque haute sur la tête.
Le manteau noir qu’ils enlèvent avant de commencer à tourner symbolise l’enveloppe charnelle, la robe blanche l’âme, la pureté, le linceul, la résurrection; la toque quant à elle rappelle la pierre tombale.
Les derviches tournent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, le plus important c’estque c’est le sens dans lequel tournent toutes les planètes et tous les astres de l’univers. Tout en tournant autour d’un centre invisible, ils tournent aussi autour d’un axe, un centre, le coeur qu’ils tentent de purifier et qu’ils tentent d’ouvrir à l’amour Divin et universel. Ils descendent ainsi au fond d’eux même, de leur âme afin de découvrir une fenêtre ouverte sur l’infini.
Ah ce « cœur », faut-il encore qu’on le connaisse, lui l’instrument privilégié de la connaissance pure et la porte par laquelle arrive la lumière divine. Ce cœur qui est en perpétuelle appétit d’une nourriture, d’une paix immuable et divine.
Dans cette danse , la gestuelle des mains a aussi son importance, et tout se passe dans un ordre bien précis.
L’un des gestes qu’ils ont pris le temps de bien m’expliquer est celui qu’ils appellent « MADED ». Le derviche tourne avec la main droite levée paume vers le ciel , alors que la main gauche reste à un niveau plus bas la paume tournée vers le sol et ainsi il diffuse et partage sur la terre ce qu’il recoit du ciel.
A partir de ce moment les spectacles et les rencontres qui ont suit , n’avaient plus le même sens. Les idées se bousculaient dans ma tête et tout était remis en question. Quelque chose avait changé en moi. Est-il temps que je cesse de rêver et que je devienne moi aussi , à mon niveau un instrument de Dieu par lequel sa grâce et sa paix sont diffusées sur terre et à accepter ce qui m’est réservé dans le plan divin ?
On est tous partie prenante de ce qui se passe autour de nous, et c’est ce qui nous pousse sans cesse à aller au-delà de nous même c’est là notre destin sublime. On est fortement incité à vivre au rythme de notre créateur.
Comment faire face à la violence, la pauvreté? Certes que notre premier instinct est de corriger tout cela en multipliant les rencontres, les discours, en sensibilisant l’attention de tous sur la détresse des affamés, l’inhumanité de la torture, les droits de l’homme, les réfugiés , etc…certes que toutes ces démarches sont indispensables; mais avons- nous seulement pensé une seconde à l’attente véritable de l’Homme ?
L’univers entier est en mal de tendresse, d’amour et c’est là son vrai problème, inconscient et inavoué et la source de tous ses malheurs.
On souffre de la séparation avec le divin. Quand l’étranger qu’on rencontre au hasard de notre parcours arrête son regard interrogateur, et fouille au fond de nos yeux pour y surprendre quelque chose de l’étincelle divine. Cet étranger cherche dans le regard de son semblable ce qu’il croit n’être qu’une dimension humaine, une réponse à son besoin immédiat. Son propre cœur l’induit en erreur, tant qu’il est inconscient de ce qu’il cherche. Il croit ne demander que notre attention, ignorant encore que seule l’attention de Dieu est en mesure de répondre à son attente et c’est de là que vient toute sa souffrance. Son être appelle une immensité bien précise et il ne saurait jamais la satisfaire de succédanés ou de compensation.
Par Adel Chebbi
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