Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
Par Dr Rejeb Haji*
« La règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle car nous ne pensons pas jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu’une partie de la vérité et sous des angles différents.» Gandhi
Dans deux précédents articles, nous avons traité du financement des partis politiques et nous nous sommes posé des questions quant à son origine. Nous avons renouvelé notre suggestion de créer une Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Nous avons demandé qu’on soumette à cette instance, la vérification de la situation fiscale et la véracité de la déclaration des revenus des élus et des hauts responsables de l’Etat.
Pour une meilleure gouvernance et pour s’attendre à un retour de la confiance, nous avons appelé à agir vite, en réduisant également le nombre des ministres et des chargés de missions et en mettant fin à la fonction de ceux dont les noms sont cités en justice.
Il est temps de prévenir, d’amortir le choc des futures élections municipales et de minimiser l’abstentionnisme tant redouté. Nous avons toujours eu, depuis la révolution, des gouvernants absents des médias et souvent critiqués pour leur non probité et leur inaction. Même ceux d’aujourd’hui, ils demeurent, il est vrai, loin des préoccupations des citoyens que sont principalement le chômage, la cherté de la vie, l’endettement à outrance, l’apparition de formes de révolte jusque-là inconnue, la contestation de l’Etat par le renvoi de ses représentants… Tant d’autres préoccupations que tout le monde reconnaît comme vitales et qu’il est sans intérêt d’y revenir à chaque fois.
De quels bilans peut-on parler ?
De quelles réalisations peut-on évoquer ces dernières années ?
De quels hommes politiques d’avenir parler, lorsque tous les prétendants ont échoué dans les missions qui leur ont été confiées. Incapables qu’ils sont, d’autocritique voire même de fournir une déclaration de revenu et d’un curriculum vitae vérifiables?
Certains sous couvert d’immunité, se croient tout permis, alors que la justice devrait être la même pour tous, sans distinction de responsabilité. A l’heure où le pays souffre de faillite prévisible, parmi ceux qui professent la vertu, nul n’est exemplaire. Pas même la centrale syndicale, l’UGTT, qui vient de mettre à la disposition de ses membres des voitures neuves récemment acquises, ni l’ARP qui offre à ses députés des voyages en Syrie et ailleurs pour prêcher, paraît-il, une politique parallèle au service du pays, ni l’ancien chef d’Etat qui, à travers des médias peu crédibles, transgresse le droit de réserve auquel il est soumis. Les défis qui attendent notre pays sont multiples.
Comment faire entrer la Tunisie dans le XXIe siècle ?
Comment concilier notre passé avec notre futur ?
La Tunisie que nous aimons et que nous avons servi avec droiture et rigueur ne doit pas tourner à vide. Notre histoire a fait de nous ce que nous sommes, des enfants de l’Etat moderne. Un bel héritage à protéger de certains qui font le choix d’enfourcher la cause révolutionnaire au profit de leur parti et de leurs idées rétrogrades.
L’heure de vérité sonnera le glas à ces politicards sans vergogne. Nous sommes en train de changer d’époque et ils s’arcboutent à leurs idéologies devenues obsolètes. Ils ne nous proposent rien. Ils sont incapables d’imaginer une vision. Où en sommes-nous, aujourd’hui, au regard de leurs promesses antérieures ? Notre pays a besoin des règles qui permettent à chacun de vivre de son travail.
Comment redonner confiance, lorsque le taux de chômage s’est installé durablement à des niveaux élevés ? Les élections municipales à venir vont polariser les attentes et occulter pour un moment les vrais problèmes du pays. Le mensonge politique va nous occuper pendant des mois et on dira après : tout ça pour rien ! Mais si comme résultats la parité est réalisée, le cumul des mandats limité, les patrimoines des candidats déclarés, l’autonomie administrative et financière des régions acquise, on pourrait alors chanter victoire et trouver mille manières de se déclarer satisfait. C’est un gage indispensable de ces élections, venues trop tôt et sûrement avec peu de moyens.
Les futurs élus doivent être sobres et dignes. Leur tâche n’est pas facile.
C’est une ville littorale située à 48 km de Mahdia et 52 km de Sfax, entre Chebba et Jebiniana. Elle fut dotée d’une municipalité par le décret N° 527 de l’année 1985, daté du 4 Avril 1985. Le conseil municipal était composé de 10 membres dont 3 vice-présidents. Sa population évaluée à 4109 habitants. Conscient de la lourde responsabilité, le conseil municipal où la majorité des membres sont de niveau culturel primaire et secondaire s’est donné dix objectifs à réaliser pour la mandature. Partant d’un inventaire caractéristique d’un village rural où une absence totale des conditions de vie et d’hygiène sont absentes (électricité, eau, routes, assainissements, trottoirs, lycée…), il fallait tout construire, tout en donnant l’exemple. Aucun des conseillers n’était rémunéré et ne bénéficiait d’aucun avantage.
Tous étaient bénévoles au service d’autrui. La présence était obligatoire dans les commissions, ouvertes au public. En fin de législature, on en a dénombré 152 réunions, 45 en moyenne par an durant les trois dernières années. Les autorités régionales y ont participées avec ferveur en répondant aux vœux du conseil, dont les décisions sont prises à l’unanimité et avec la participation la plus large des habitants. Ces derniers y ont contribué par le financement des trottoirs de leur devanture ou encore en se chargeant de transférer leur mort dans un site en front de mer, ou encore par l’offre de terrains à des prix jamais égalés pour la construction d’un lycée, d’un dispensaire et d’autres lieux pour le culte…
A la fin de la mandature quelques indicateurs : 60% de l’ensemble des contrats de mariage à la municipalité, une participation de 50% pour le réseau électrique, la construction d’un marché municipal, la participation au raccordement avec la SONEDE, un premier plan d’aménagement paru en 1989, un lycée construit avec l’aide de l’Etat, une maison de culture, un hôpital régional, un port encore inachevé, un plan municipal 1987-1991, un budget en croissance continue passant de 26800 D en 1985 à 63500 D en 1989,une délégation, …Bref un document intitulé « Promesses et réalisations » a mis en relief les promesses électorales et leurs réalisations.
Il a fallu se battre pour réaliser ces projets dont les habitants avaient besoin, malgré l’acharnement d’un premier ministre d’alors, peu préparé à une telle charge et dont le vœu le plus cher était de réduire les volontés et de briser les espoirs. Sa gouvernance fut désastreuse pour le pays, parce qu’il comblait ses insuffisances par des règlements de compte et mon village n’a pas échappé à sa haine.
Le mandat de conseiller municipal est une tâche exaltante,même si la fonction a été abîmée par les délégations spéciales. Dans le sillage de la révolution de 2011, la place des municipalités dans le développement urbain a été réévaluée. La nouvelle constitution les investit de pouvoirs délégués et les rend maîtresse de leurs décisions. Avec leurs nouvelles prérogatives, elles peuvent remplir leurs nouvelles missions en toute autonomie et toute transparence. Le respect de la participation citoyenne et la redevabilité vis-à-vis des électeurs deviennent alors des crédos politiques.
H.R.
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