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Chercher un pacte national de confiance !

  • Chercher un pacte national de confiance !

 
Par Rejeb  Haji*
« Par l’union, vous vaincrez. Etouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles.                    

                                                                                                                                     Victor Hugo

 
Les résultats des élections législatives françaises confirment la déroute des partis classiques. La France, grande puissance mondiale, n’a pas résisté au vent du changement. Son monde politique traditionnel a été balayé en quelques mois. Une équipe d’inconnus, il y a trois ans, a bouleversé la donne. Autour d’une icône de trente-neuf ans, Macron  Président, une pléiade de jeunes venus de tous les horizons a répondu à son appel pour affronter un monde en bouleversement où les médias deviennent à la portée et où les barrières économiques, sociales et environnementales volent en éclats, pour les plus faibles.
Une nouvelle génération a donc pris le pouvoir pour revaloriser le politique, en proposant une nouvelle manière de gouverner. La France reprend des couleurs. Au vu de cette révolution tranquille, un homme d’Etat, Monsieur Raffarin, dont je ne partage ni les vues ni les positions en faveur du complot médical, a fait la une des journaux. Il abandonne de son propre gré la politique électorale. Fait unique dans le monde politique d’aujourd’hui qu’il faut saluer. «Le moment est venu de me retirer de la vie politique élective. Je m’étais promis d’arrêter à 69 ans», explique-t-il. «Je renonce aux trois ans de mandat qu’il me reste à accomplir au Sénat car le moment est pertinent », juge-t-il, « la jeune génération politique prend le pays en main et c’est heureux.» C’est sa manière « de contribuer au renouvellement  de la vie politique.» Pour autant, promet-il, « je n’abandonnerai pas le débat politique, c’est ma vie. » « Dans l’intérêt du pays, il ne faut rien s’interdire,  déclare-t-il. » Puissent les politiques  de notre pays le prendre en exemple et faire autant !
Certains ont exercé les plus hautes fonctions et leur parcours est sans égal. Sans tristesse ni amertume, ils partiraient sereins  avec la satisfaction du devoir accompli. Et aux grands hommes la patrie est toujours reconnaissante ! Il m’a semblé utile  de suivre l’expérience française pas à pas et pourquoi ne pas s’en inspirer pour  sauver  notre pays qui est au bord du gouffre. Je m’explique mal que des partis, au lieu de chercher la fusion avec d’autres, naissent encore pour assombrir davantage  le paysage et contribuer au fouillis existant. Je m’explique mal leur objectif  final. Après avoir vécu amèrement la disparition du Parti de Bourguiba-le PSD- fondateur  avec ses disciples du nouvel Etat, il est navrant que tous ceux qui se réclament de sa philosophie et de son pragmatisme, ne trouvent pas un terrain d’entente pour barrer la route à des philanthropes avec l’argent des autres, venus d’ailleurs.
Plusieurs questions me paraissent fondamentales­­:
Ces partis et ces associations qui émergent à tout bout de champs sont-ils financés conformément à la loi d’une manière acceptable ?
Avons-nous aujourd’hui de l’argent suffisant qui est arrivé par miracle,  pour financer des structures créées pour des règlements de compte avec le passé ?
Combien a coûté ce travail de mémoire et de déballage de dossiers de violations de droit humain ? 
A-t-on encore besoin de remuer le couteau dans la plaie de l’Histoire ?
Au lieu de dilapider l’argent du contribuable, tentons-nous seulement de l’utiliser à bon escient comme stopper la détérioration du climat social, trouver comment créer de l’emploi pour des centaines de milliers de chômeurs, réduire les inégalités entre les régions, diminuer les dettes dont on a accablé les générations futures…? Nous sommes nombreux à nous poser ces questions.
Si ces questions nous interpellent, je suis loin d’être certain que les politiques de « la politique politicienne » sont au-dessus de tout soupçon. Ils ne sont pas en mesure  d’y répondre. Qu’ils mettent à nu leur patrimoine et  le publient  pour que le citoyen lambda le prenne en exemple. Qu’ils nous racontent leurs histoires et pourquoi pas celle de leur famille pour que les historiens lèvent l’opacité de leur parcours. Outre les historiens de Ben Ali, nul autre n’a prétendu l’écrire. Le travail de mémoire aussi doit être l’œuvre de gens qualifiés et non pris à la hussarde par des prétendus connaisseurs pour « les besoins de la cause ».
Il faut revenir au plus vite au peuple pour arrêter cette fuite en avant et corriger définitivement ces incohérences, de toutes sortes, qui  s’incrustent dans notre vie. Le tissu du pays est encore fragile et le danger qui le guette est sa désunion. Le retour au tribalisme, que certains attisent à petit feu,  sonnerait  le glas pour toute avancée vers le progrès. Le pays a besoin de respirer et de renouveler sa classe politique qui a échoué à résoudre ses problèmes quotidiens et qui s’est avérée incapable de lui donner une vision pour l’avenir. Les médias, anciens et nouveaux, doivent se mobiliser pour observer une trêve avec le passé, valoriser le présent et chercher les contours d’un pacte national de confiance. Ce n’est plus l’affaire des godillots où leurs chefs perdurent dans la lutte pour la conquête du pouvoir. Notre pays est magnifique, il mène un combat d’un nouveau genre, celui de son existence.  A ses dirigeants actuels et pour ce qui reste de leur mandat, une trêve de cacophonie, de  la médisance et de la haine est un passage obligé.
Le chantier ouvert par Bourguiba et ses compagnons, mérite d’être clarifié et poursuivi :éradiquer la pauvreté et développer  les régions déshéritées. Pour cela, il faut  innover par des idées, modifier la gouvernance et ses méthodes de travail,  donner l’exemple aussi bien dans le comportement que dans l’exercice de la fonction. Les médias doivent y veiller. Ils doivent se mobiliser pour une valorisation du présent. Seules l’intégrité, la probité et la dignité à la « bourguibienne » sont un miroir d’une gouvernancequi se dit convaincue d’aller de l’avant et de construire une démocratie nouvelle!Alors bon vent !
H.R. 
 

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