Par Rim OUERGHI-
Depuis les premiers jours de sa diffusion, le feuilleton « Ouled Moufida » connait un succès non démenti et pourtant on n’arrête pas de critiquer ce « mauvais » travail parfaitement réalisé qui ébauche pour la destruction des valeurs sociales. Mais pourquoi un tel « horrible » travail réussit autant ? Quelles sont les secrets d’une telle réussite?
Le succès du feuilleton s’explique en une partie par la crédibilité de la chaine qui le diffuse « El Hiwar Ettounsi » qui occupe, pendant ces dernières années, la première place dans le classement des chaines les plus regardées, de ce fait, le téléspectateur est déjà prédisposé à mieux accepter et s’accrocher à son feuilleton.
D’un autre côté, avec « Ouled Moufida », Sami Fehri propose une nouvelle formule plus moderne de feuilleton. Une formule « magique » qui se base essentiellement sur un rythme ultra rapide des évènements ne laissant pas au téléspectateur l’occasion de s’ennuyer ou de zapper vers une autre chaine, s’ajoutant bien évidemment, la qualité de l’image, le scénario, la réalisation..
Mais le succès incontournable de ce feuilleton, revient en sa grande partie à la spécificité de ses personnages, notamment le rôle principal de « Oueld Moufida » .Depuis les premiers épisodes, il y a eu un véritable phénomène de fascination collective autour du personnage principal, « Badr » le voyou musclé au regard profond, son rôle de Bad Boy a très bien fonctionné, parce qu’il n’est pas intégralement méchant.
La mode « Bad Boy » est un phénomène qui se propage de plus en plus dans notre société, elle provient en grande partie des cités où beaucoup sont des « insoumis » (et pas dans le bon sens du terme — on peut être insoumis et non-violent !), des gens qui vont se heurter au reste de la société, à chercher des embrouilles pour peu de choses.( c’est ce qui explique aussi le phénoménal succès des rappeurs). Le Bad Boy adopte une attitude qui exige le respect par la force ou par la peur, avec une remise en cause de certaines règles établies telles que l’autorité publique, les principes de vie en société, …. Le succès du feuilleton est donc, entre autre, le succès de ce personnage peu évoqué en Tunisie d’un angle mélioratif, mettant en avant ses caractères ; « Badr » le jeune homme à l’air si « cool » (présenté comme un héros respectueux de nombreuses valeurs) tout en se comportant « mal ».
Concernant la question pourquoi est ce que le tunisien s’intéresse au personnage de Bad Boy, il y a trois explications:
D’abord, il y a une curiosité à l’égard de ces voyous que l’on perçoit souvent comme des personnes hors normes. Derrière cet intérêt, se trouve une véritable envie de découverte et de transgression.
Ensuite il y a l’effet de projection.. ce personnage capable d’avoir ses propres idées, de les assumer, qui n’a peur de rien, toujours à l’aventure.. attire les jeunes notamment les adolescents qui se projettent dans ces rôles d’héros.
Et enfin il y a les femmes, qui sont historiquement attirées par ce genre d’homme le trouvant séduisant, viril et irrésistible (absurde mais vrai !!).
Le phénomène « Bad Boy » très à la mode en Tunisie, tatouage, style vestimentaire, coupe de cheveux….n’est pas spécifique à notre pays, il est universel, d’ailleurs on se rappelle tous de l’américain Jeremy Ray Meeks, arrêté pour vol à main armée, qui a séduit des milliers d’internautes grâce à son regard azur et son air de voyou. Mais dans un pays qui se reconstruit comme le notre, il faut se méfier aux messages communiqués par ces « voyous » qui peuvent devenir un vrai risque pour la paix sociale.
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