- société
Par Dr RejebHaji*
« Si vous voulez connaître un homme, regardez sa mère. » Robert Badinter
La libération de la femme était sa première priorité. Elle a été le vecteur qui a conduit le changement des mentalités à travers les différentes périodes. S’appuyant sur l’enseignement pour tous, pour aboutir à ses fins, la mixité dans les écoles était le premier jalon.
Il fallait en convaincre et non contraindre les traditionalistes et les conservateurs, pour asseoir au mieux son projet. Les réformes ont eu lieu, en continu. Elles ont été en phase avec l’évolution de la société. A l’avant-garde, la femme a apposé son sceau à travers les civilisations qu’a connues notre pays. Elle a été en première ligne dans la révolution de Janvier.
Sa dernière participation au vote, a fait basculer la balance du côté des modernistes. Elle a mis fin aux espoirs des pseudo-religieux, des archaïques et des rétrogrades. Certaines femmes sont devenues célèbres et ont été glorifiées par l’Histoire.Nous avons à nous réjouir nous tous, hommes et femmes, de la promulgation du Code du statut Personnel. En continuateur innovant de ses prédécesseurs réformistes, Bourguiba a eu l’idée de génie de placer la femme comme la primauté de son action politique. Il s’est attaqué à des traditions ancrées dans la population qui étaient selon lui, un frein pour l’évolution de la société vers le progrès.
Le pays s’est étouffé et c’est grâce à leur vote que le train s’est remis en marche cahin-caha. Elles veillent aujourd’hui au grain. C’est pourquoi, elles devraient avoir la place qui leur revient dans la société et dans la gouvernance du pays, toujours en période de transition et sous un couvre-feu qui perdure. Il est vrai que des changements se sont produits au cours du demi-siècle passé, mais comme dans la plupart des pays, les femmes assument les principales responsabilités de prestation de soins pour leur famille. Elles sont toujours aux aguets, quant à l’évolution de la famille et au maintien de son harmonie.
J’ai déjà privilégié certaines d’entre elles en 2013, à l’occasion de la fête de la femme, en publiant une tribune intitulée « La femme tunisienne :Espoir et confirmation ! » (La Presse du 14/08/2013). Une autre mérite d’être saluée. C’est la femme d’un politique Lilia, celle de Mohamed Sayah. Elle a partagé avec lui les épreuves de la vie politique et la passion du pouvoir. Toujours prête à créer autour de son mari un climat serein qui pourrait le libérer de ses soucis. Elle était à la fois mère de famille, une femme d’action dans l’ombre, un dévouement qui touche à l’héroïsme. Ceux qui ont eu à la côtoyer peuvent témoigner de son indépendance d’esprit et de son amour de l’efficience. Les tentations d’évasion de retour à la vie normale lui étaient interdites depuis des années. Une vie plutôt d’enfer, avec un mari harcelé de toute part et voulant toujours marquer sa différence par son intelligence et sa loyauté à Bourguiba.
Elle a essayé de vivre pour elle-même, en suivant l’éducation de ses enfants et les mener à bon port. Cette femme, avec d’autres évidemment qui excellent dans tous leurs domaines, honore notre pays et doit être donnée en exemple pour les jeunes générations. Sa patience et son soutien inlassable au côté de son mari malade, dans un état comateux depuis des mois, relève de l’exploit. Le modèle tunisien est là et non ailleurs pour les femmes de politique. Aujourd’hui, elle symbolise le flambeau de la fidélité. De la police à ses trousses, cherchant la moindre faille de son mari, engagé, il le fut, depuis sa jeunesse dans la politique et devenant à chaque péripétie l’homme à abattre puisqu’il était le plus proche de Bourguiba.
Cet homme de talent reconnu et admiré, a été un acteur et un témoin de l’Histoire. Sa femme, l’a accompagné dans son destin et suivi avec lucidité et courage les méandres de la politique. Il faut se rendre à l’évidence que le rôle d’une femme comme elle, s’impose de plus en plus. Elles deviennent des actrices essentielles dans le retour à la normale du pays. Quant à la femme de Sayah, Lilia, c’est une combattante. Elle a bravé tous les jours peur et interdits. Son mari et ses proches étaient mis à l’index par les fomenteurs du complot médical, des années durant. Une surveillance des mouvements de sa famille et un contrôle strict de leurs visiteurs à la charge de surveillance policière parfois arrogante et peu convenable. Elle a vécu ces moments difficiles comme un roseau qui plie mais ne casse pas. Sans cette femme remarquable, aurait-il pu réussir son dessein ?
Que faire pour la soutenir, encore plus dans son combat ?
Nous devrons militer à faire taire les détracteurs qui tirent à boulets rouges sur son mari et traquer les médisances dont il fait l’objet. Ces politicards myopes et ingrats profitent de son absence,donc de son silence, pour déverser leur haine et jeter le doute sur son œuvre colossale. C’est l’occasion pour certains de redorer leur blason alors que leur image est ternie. Pour mesurer les dégâts, il suffit de se souvenir de leurs écrits à la vite, peu crédibles où l’incompétence est la règle. Leur retournement de veste au gré des gouvernants, ont fait école et les contreparties encore non élucidées. Avec l’aide de Dieu et le soutien inconditionnel de sa femme, de ses enfants et de ses amis, Si Mohamed sortira gagnant, comme il l’a toujours été en politique, dans sa lutte contre la maladie.