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Le 9 avril, à 11 heures, les étudiants de l’Université Zitouna ayant manifesté devant la résidence du bey à Hammam Lif se rassemblent à nouveau à la kasbah de Tunis, où une délégation va à la rencontre du grand vizir alors que le reste des manifestants se rassemble devant Dar El Bey.
À l’issue de la rencontre, Ali Dargouth se lance dans un discours incitant les manifestants à passer à l’action. Ces derniers se dirigent vers la maison de Bourguiba pour y recevoir des instructions. Entre temps, Belhouane est convoqué par lejuge d’instruction en début d’après-midi : il doit arriver à 14 heures au tribunal pour être interrogé à propos du discours prononcé la veille.
Une foule immense se rassemble alors devant le Palais de justice où les forces de l’ordre accourent. Manifestation du 9 avril à Tunis Les forces de l’ordre commencent d’abord par disperser la foule à coups de bâton pour frayer un passage à la voiture cellulaire qui doit emmener Belhouane. Les manifestants se retirent dans un premier temps vers la médina d’où ils reviennent plus nombreux.
Les femmes sur les terrasses poussent des youyous qui sonnent comme un appel au martyr et jettent aux manifestants tous les instruments qui peuvent servir d’armes. La foule s’amasse en deux points de la médina, les places de Bab Souika et de Bab Menara, alors que les forces de l’ordre tentent de protéger le Palais de justice à la kasbah, où un zouave est poignardé, et la prison civile de Tunis située à quelques centaines de mètres de là. Les forces coloniales composées de policiers, de gendarmes et de zouaves repoussent les manifestants qui viennent de Bab Menara à coup de crosse mais ceux qui déboulent de Bab Souika sont accueillis par des coups de feu.
Les forces de l’ordre finissent par tirer à l’automitrailleuse lorsqu’ils aperçoivent des émeutiers qui tentent de renverser et d’incendier le tramway et d’attaquer des automobiles. Les heurts sanglants s’arrêtent à 18 heures et se soldent par 22 morts et près de 150 blessés.
Le résident général se rend auprès du bey et promulgue une loi instaurant l’état de siège à Tunis, Sousse et dans le cap Bon. Le lendemain, Bourguiba et Slim sont arrêtés et traduits, avec le reste des dirigeants du Néo-Destour, devant le Tribunal militaire pour complot contre la sûreté de l’État.
Le Néo-Destour est dissout le 12 avril, ses locaux fermés, ses documents confisqués et la presse nationaliste suspendue. Les militants du Néo-Destour entrent alors dans la clandestinité.