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Scruter le passé peut éclairer le présent!

  • Scruter le passé peut éclairer le présent!

 
Par Rejeb  Haji
« [Bourguiba] un lutteur, un politique, un chef d’Etat dont l’envergure et l’ambition dépassent les dimensions de son pays. »                    

                                                                                    Charles de Gaulle,Mémoires d’espoir,tome 1, Octobre 1970

 
 
Il  est évident de rappeler que les journées de commémoration sont des journées de souvenir. Scruter le passé peut éclairer le présent et fixer les contours de l’avenir.Aucun des succès de la Tunisie, à travers son histoire récente, ne peut s’expliquer sans le rôle décisif de Bourguiba.
Son envergure exceptionnelle lui a permis de jouer un rôle décisif dans le déroulement des crises qu’a connus le pays depuis plus d’un demi-siècle. Pragmatique et ayant le courage de ses opinions, il a payé de sa personne pour servir les principes auxquels il croît et qui se résument en  une formule : «  la foi en l’homme et dans la démocratie ».
Dans l’exercice du pouvoir, au lieu de la force, il a toujours  suscité le consensus. Il faut rendre hommage en toute circonstance, au « Père de l’indépendance » Habib Bourguiba et à ses compagnons qui ont choisi la construction d’un Etat moderne en misant,en une première étape, sur l’éducation du peuple et son ouverture sur la modernité.
Faut-il rappeler que Bourguiba a proscrit,la polygamie, le voile et la répudiation. Il a instauré le code civil et prêché le « jihad » contre le sous-développement. La voie qu’il a choisie, il l’a fondée sur l’unité qui fait la force et non sur la désunion. Orateur hors pair, prévoyant et perspicace,  il prévenait déjà  dans l’un de ses discours qu’ « on ne bâtit rien avec la haine, la rancune ou l’esprit de vengeance.
Il est plus facile, disait-il, de résister à la répression, aux souffrances physiques que de dominer les entraînements de ses passions. La véritable guerre sainte, le « Jihad el Akbar » c’est la guerre contre les mauvais instincts. » Son constat demeure aujourd’hui sans appel. Il avait raison de croire que les idéologies attrayantes, même si elles ont leur adepte parmi toutes les générations,ne résisteront pas à l’épreuve du temps, ni au progrès de l’esprit humain. Elles sont parties en éclats et ceux qui continuent à s’y arc-bouter gaspillent leurs énergies pour justifier l’injustifiable.
L’heure n’est plus aux dogmes. Accorder une pensée à une idéologie n’est plus la ligne à suivre. Pour mener son combat à bon port, Bourguiba s’est avisé d’inspirer un idéal, d’inculquer des principes et de persuader que seule l’action, conforme à la raison, peut amener à l’avènement du changement. Faire confiance à l’intelligence, cherchant dans le dialogue et la concertation des idées pour aller vers le meilleur, était pour lui, la seule voie passante pour l’émancipation des peuples.
Bourguiba a creusé le sillon qui a permis à la Tunisie  de maîtriser son destin. Il a su construire un barrage à une quelconque monarchie présidentielle prévisible. S’attelant à la construction d’un Etat national moderne, Bourguiba rappelle en premier lieu la place qui y revient au peuple. Le gouvernement pour lui doit agir pour « asseoir les bases de la souveraineté, en parfaire les moyens à l’intérieur et à l’extérieur  et mettre la souveraineté au seul service des intérêts du peuple. »Ce sont des idées réalistes qui ont mené à l’indépendance et autour desquelles tous les hommes de progrès  peuvent se regrouper.
A l’heure actuelle, notre révolution, qualifiée de printemps, est menacée par un coup de force de paysage médiatique et politique, peu propice au rêve. Comment aller de l’avant et construire l’avenir en tirant les enseignements du passé ?
Le sursaut du renouveau et le retour de la confiance tardent à venir. Pire encore, avec l’architecture de notre environnement, constituée d’une mosaïque de plus de 220 partis et de 18000 associations, devient de plus en plus incontrôlable. L’agit-prop, le suivi des activités et le contrôle du financement de ces composantes ne sont plus à la portée. Partir du moment où nous sommes, ils sont sans troupe, il n’est resté que des états-majors qui finiront par fermer boutique.
Avec les nouvelles technologies, les moyens de communication et l’invasion du numérique, il ne faut pas croire que l’Histoire va se répéter à l’identique. Même si la révolution emprunte les mêmes ingrédients, hier comme aujourd’hui, il importe de bien  tirer les conclusions avec objectivité et hauteur de vue pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.
A l’évidence, notre révolution n’a rien à voir avec les printemps dits arabes. La spontanéité est sa spécificité. Ce fut le choc d’un ras le bol généralisé d’une dictature odieuse et pervertie. Le régime s’est effondré sous l’exaspération populaire. Des hommes et des femmes défiant les polices politiques et se vouant à une euphorie d’un « dégage », devenu par la suite un nouveau moyen de lutte, de droit et de devoir.
En cette journée de souvenir, Il est de notre devoir et de notre responsabilité de commémorer les martyrs et leur rendre hommage en toute circonstance car comme le dit Victor Hugo «Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux. »                         
 

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