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Les « événements du 9 avril 1938 » sont des protestations de rue revendiquant des réformes politiques, notamment l’institution d’un parlement, pas majeur vers l’indépendance de la Tunisie encore sous protectorat français. Elles aboutissent à une sanglante fusillade qui marquera le mouvement national tunisien.
L’accès au pouvoir en France du Front populaire et sa volonté d’engager le dialogue avec les chefs nationalistes permet le retour des exilés. Un vent d’espoir se lève alors en Tunisie lorsque Pierre Viénot débarque le 1er mars 1937 et évoque la possibilité d’accorder aux Tunisiens une certaine forme d’autonomie interne. Le Néo-Destour accorde un préjugé favorable aux nouvelles autorités françaises. Entre temps, Abdelaziz Thâalbi, fondateur du Destour, rentre au pays après un exil volontaire et reçoit un accueil triomphal en vue de marquer l’union sacrée autour de la cause nationaliste.
Le 21 juin 1937, le gouvernement Blum qui avait mené une politique d’ouverture envers les colonies est poussé à la démission en raison de la crise économique qui secoue la France. Les colons installés en Tunisie, qui avaient tout fait pour saboter les réformes du Front populaire, s’en réjouissent. Dès le retour de Viénot en France, la résidence générale durcit sa politique de répression dans les régions minières. La chute du Front populaire et le durcissement de la politique de la résidence générale amènent le Néo-Destour à retirer sa confiance au gouvernement français.
En dépit de l’apothéose générée par le retour de Thâalbi, l’union entre le Destour et le Néo-Destour n’a pas lieu. Bien au contraire, une véritable rivalité s’installe entre les partisans de Thâalbi et ceux du jeune Habib Bourguiba. Du 30 octobre 1937 au 2 novembre, le Néo-Destour tient son congrès national pour prendre position à l’égard du Destour, mais aussi pour décider de la position à adopter envers les autorités françaises. Le congrès voit s’affronter deux tendances : celle des modérés menés par Mahmoud El Materi et celle des radicaux menés par Habib Bougatfa. La ligne de conduite retenue par Bourguiba se situe entre les deux tendances, en approuvant la motion politique d’El Materi tout en intégrant les réserves des radicaux. Le Néo-Destour continue de reconnaître le gouvernement local mais engage une série de mouvements qu’il baptise « lutte sur le plan économique ».
(…à suivre)