- société
Par Feryel Ouerghi
Professeur agrégé en Economie –
L’égalité économique entre les femmes et les hommes, un droit humain et un enjeu de développement
Malgré les progrès importants qui ont été accomplis au cours des dernières décennies en termes d’égalité entre les femmes et les hommes, plusieurs obstacles à leur participation à la vie économique entravent la croissance économique et la prospérité.Le manque à gagner économique qui en découle varie selon les pays et peut atteindre jusqu’à 27 % du PIB, selon les estimations du FMI.
Dans le même ordre d’idée, l’accès limité des femmes aux postes de responsabilité a un impact négatif sur la croissance économique. Plusieurs études ont montré que les entreprises qui comptent des femmes au sein de leur conseil d’administration, enregistrent en moyenne de meilleures performances financières. Parallèlement, une plus grande représentativité des femmes au sein des conseils d’administration permettrait d’atteindre une plus grande stabilité et de réaliser une meilleure résistance face aux retournements du marché.
Plusieurs études prouvent que la baisse des inégalités femme-homme a un impact positif sur l’économie. En effet, un rôle plus actif des femmes dans la gestion des budgets des ménages améliore le bien-être des enfants. Les femmes ont tendance à privilégier les satisfactions des besoins essentiels du foyer, tels que la santé, l’éducation ou le développement du potentiel des enfants, en y consacrant une part plus importante des ressources. Donc les femmes ont tendance à privilégier l’épargne et l’investissement dans des biens durables.
La Tunisie est loin de réaliser des progrès dans l’insertion de la femme dans les postes de décision, ni d’investir pour y arriver.
En effet, bien que la femme tunisienne représente 30% des ingénieurs (en 2013), 33% des magistrats, 42,5% des avocats, 47% des chercheurs, 42% des médecins et 53% des pharmaciens (en 2014), 47,2% des enseignants universitaires (en 2012) ; elle ne représente que moins de 8,9% des membres de l’exécutif, du corps législatif et des cadres supérieurs de l’administration publique, 17,4% des directeurs et 10,8% des dirigeants et gérants (en 2012). Cependant, elle représente 49,7% des employés de bureaux et 74% des conducteurs de machines et ouvriers de l’assemblage.
Concernant les postes de prise de décision dans le secteur privée, la présence de la femme tunisienne est très faible. En effet, sur 30 grandes entreprises tunisiennes, uniquement 4 comptent une femme ou plus dans leur conseil et uniquement 11 entreprises comptent une femme ou plus dans leur conseil d’administration.
En espérant que le décret gouvernemental n° 2016-626 du 25 mai 2016, portant sur la création du conseil des pairs pour l’égalité et l’équivalence des chances entre la femme et l’homme, réalise des progrès dans la représentativité de la femme dans les postes de décision en brisant les obstacles institutionnelles, juridiques et réglementaires qui bloquent son amélioration.