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Emploi : L’égalité femmes-hommes est loin est loin d’être acquise !!

  • Emploi : L’égalité femmes-hommes est loin est loin d’être acquise !!

 
Par Feriel OUERGHI

Professeur Agrégé en Economie –

La pauvreté dans le monde est inégalement répartie : 70% des pauvres sont des femmes. La participation de ces dernières dans le travail mondial est de l’ordre de 66%, elles produisent la moitié de la nourriture, mais ne reçoivent que 10% des revenus et 1% des titres de propriétés (UNICEF, 2007).
Ces chiffres prouvent l’importance des inégalités de genre et prouvent l’existence de plusieurs facteurs qui empêchent un éventuel changement de la situation actuelle. Ces inégalités ne signifient pas uniquement la renonce à l’importante contribution de la femme à l’économie, mais aussi la perte des années d’investissement dans l’éducation des filles et des jeunes femmes.
Un large éventail d’études récentes menées au niveau macroéconomique, prouvent l’efficacité des actions visant l’égalité femme-homme. En effet, plus d’égalité en matière d’accès à l’éducation, à la santé, aux ressources financières, ainsi qu’aux différentes opportunités économiques, améliorent le niveau de la croissance, de la cohésion social et contribuent au développement des nations.
Dans la majorité des pays du monde ; les femmes sont discriminées dans l’accès au marché du travail formel, avec des taux de participation beaucoup plus faibles que celle des hommes. Les femmes occupent généralement les secteurs les moins valorisés et ne reçoivent en contrepartie qu’une très faible part des revenus de leur contribution à l’économie. Les obstacles à l’accès de la femme au marché de travail sont essentiellement institutionnels, culturels et sociaux. Cependant, la femme est fortement présente dans le secteur informel de l’économie, caractérisé par la précarité : faible rémunération, absence de protection sociale, absence de contrat, etc. Ajoutons à tout cela les activités non comptabilisées dans l’économie nationale, tels que les travaux domestiques, les soins aux personnes dépendantes, etc.
En Tunisie, le taux de chômage est de l’ordre de 15.5% pendant le troisième trimestre de 2016, réparti inégalement : 23,2% pour les femmes, contre 12,5% pour les hommes. Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur est de l’ordre de 31% pendant le troisième trimestre de 2016, 41,7% pour les hommes, contre 20,5 pour lesfemmes.
En 2012, parmi les jeunes femmes (25-34 ans) seulement 41% se trouvent sur le marché du travail, contre 89% des hommes du même groupe d’âge. Ce qui confirme un accès difficile pour les femmes à l’emploi. Le taux d’activitédes femmes était de l’ordre de 25,8%, en 2012, contre 70,3% pour les hommes.
Une étude de l’AFTURD sur le travail informel (réalisée en 2011) sur un échantillon limité de femmes (229), montre que la précarité touche 84% des enquêtées. Il est à signaler que l’emploi informel représente, en Tunisie, entre 43% et 50% de l’emploi non agricole total pour la même année.
Au niveau de la gouvernance économique et politique mondiale, l’inégalité femme-homme est claire : seulement 13 des 500 plus grandes entreprises ont une femme à leur tête, et les femmes ne représentent qu’environ 17 % des élus parlementaires dans le monde.
En Tunisie, et dans le secteur privé, on constate que sur les 30 grandes entreprises tunisiennes, 4 seulement comptent une femme dans leur conseil d’entreprise. Les femmes chefs d’entreprises représentent 6,5% de la totalité des chefs d’entreprises.
Le faible taux d’activité des femmes constitue un manque à gagner en termes de création de la valeur pour l’économie. Néanmoins, l’amélioration de ce taux d’activité doit s’accompagner de mesures de nature à réduire le taux de chômage des femmes et plus particulièrement les femmes diplômés du supérieur.
 
 

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