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La compassion, cet étrange phénomène a le pouvoir de transformer nos vies. Des études scientifiques se sont penchées sur la pratique de la compassion par des méditants expérimentés et montrent que ce sentiment modifie notre perception des autres, de nous-mêmes, et nous invite à ré-envisager notre conception du bonheur.
Une étude de l’université du Texas aussi, montre qu’être compréhensif avec soi-même rend en meilleure santé mentale. Les gens qui atteignent de hauts taux d’«auto-compassion» auront tendance à être plus optimistes, plus heureux et donc moins sujets à la dépression et à l’anxiété que les autres.
A force de trop se comparer avec les autres et de se concentrer sur le négatif, l’auto-flagellateur en revanche se rendra encore plus instable et colérique. Pour Kristin Neff, le manque de compassion envers soi-même serait une protection qui va mal tourner.
En voici un exemple : un zèbre est poursuivi par un lion, mais lui échappe : il se remet à brouter paisiblement. Un homme échappe de justesse à un lion : il reste traumatisé pendant des heures, parfois pendant toute sa vie parce qu’il se voit et se revoit dévorer petit à petit, se demande ce qu’il fera si cela se reproduit, s’accuse d’imprudence… Autrement dit, notre cerveau peut éveiller chez nous, à partir d’un événement, des émotions négatives assez puissantes pour nous gâcher la vie (voir le Cercle Psy n°13). Les auteurs citent en particulier la honte, voire la haine de soi, ou encore l’auto-critique, qui peut aller jusqu’à une vision totalement négative de soi-même, et le sentiment de vivre sous la menace, notamment du regard des autres.
L’auto-compassion nous apprend à aller puiser au fond de nous-mêmes ce que nous avons tendance à aller rechercher à l’extérieur, notamment chez nos proches.
observe Kristin Neff.
Un enseignement qui nous amène à la véritable compassion. Regarder en soi ses imperfections, ses échecs et ses douleurs, permet de reconnaître son humanité et par la même occasion celle des autres. « Notre imperfection est le signe de notre appartenance à l’espèce humaine. Nous sommes donc toujours et automatiquement connectés les uns aux autres », estime l’auteur.
Une vision partagée par Matthieu Ricard : « Tous les êtres sont interdépendants. Le fait de comprendre au fond de soi-même que nous sommes à la recherche du bonheur et que nous ne souhaitons pas souffrir permet plus facilement d’imaginer qu’il en est de même pour les autres. L’interdépendance est en fait le fondement théorique de l’amour et de la compassion ».