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La première Université d’automne des femmes françaises et tunisiennes

  • La première Université d’automne des femmes françaises et tunisiennes

 
Né sous l’impulsion de l’association française Femmes, Débat et Société (FDS), et de sa présidente, Catherine Dumas, ce premier rendez-vous inédit a mobilisé plus de 300 femmes tunisiennes et françaises de premier plan, sur le thème de

«la réussite au féminin : les projets innovants»

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La cérémonie d’ouverture de cette rencontre, organisée vendredi, , à l’Acropolium de Carthage a été marquée par la présence du Chef du Gouvernement Youssef Chahed, la ministre de la femme Neziha Laabidi et la ministre du tourisme Selma Elloumi
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A cette occasion, le chef du gouvernement s’exprimait à l’ouverture des travaux de la première université d’automne des femmes tunisiennes et françaises ,mettant en valeur la contribution de la femme tunisienne dans le processus de développernent du pays, faisant remarquer qu’elle dispose d’outils importants pour agir en vue d’un avenir meilleur, il a rappelé également les longs combats menés par la Tunisie afin que la femme puisse acquérir plus de droits et de libertés et accomplir au mieux son rôle dans la société d’aujourd’hui
Youssef Chahed a appelé à

“réactiver davantage les textes juridiques pertinents de manière à instaurer l’égalité entre les deux sexes”

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De son côté, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance Naziha Labidi a exprimé sa joie et sa fierté du partenariat noué avec l’association française Femme, Débat, Société (FDS) :

«cette rencontre lance un message rassurant au monde entier et fait mieux connaître les avancées réalisées par la femme tunisienne et redore l’image du pays en tant que destination d’investissement.»

 
Financements, crédibilité et connexions : 
La Première Université d’automne des femmes tunisiennes et françaises a évoqué plusieurs barrières que rencontrent les femmes des deux rives de la méditerranée :

« j’ai dû mettre en jeu la maison familiale »

Amel Cherif Abbes, dirigeante d’une agence de transport maritime florissante,s’est exprimée sur les problèmes de financement, signalant que les femmes d’affaires qui s’en sortent le mieux sont celles qui sont issues d’une grande famille, permettant à la fois d’avoir les connexions et l’argent.
« Il est très difficile de trouver des financements en Tunisie. Pour me lancer, j’ai dû mettre en jeu la maison familiale, hereusement que j’ai eu la chance d’avoir un père et des frères compréhensifs »
Wided Bouchamaoui :

                                   « je me suis appuyée sur la société de mon père »

 
Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, le syndicat patronal tunisien, co-lauréate du prix Nobel de la paix 2015… et d’un Women’s Award de La Tribune
A affirmé que c’était en s’appuyant sur la société de son père qu’elle a pu se lancer
« Pour accéder aux crédits, les banques demandent des garanties, mais quand on démarre, tout le monde n’en a pas !« , ajoutait Amel Cherif Abbes.

Sarah Toumi : « La femme libre, qui ose, fait peur… »

Sarah Toumi en sait quelque chose. Lorsqu’à 24 ans, la jeune femme lance son entreprise « Acacias for All » à Bir Salah, petit village de la région de Sfax, celle-ci se fait littéralement « refouler » par les banques. « Ici, on considère qu’une femme chef d’entreprise a une certaine allure, un certain âge. Pour moi, c’était dur d’apparaître crédible », explique la jeune femme qui note que les choses ont un peu changé lorsqu’elle s’est mariée et a eu un enfant. « Cela a assis ma légitimité, j’ai eu un vrai statut, je suis devenue une vraie femme, avant je n’étais qu’une jeune fille. Nous sommes dans une société traditionnelle et la femme libre, qui ose, fait peur.  »
Autre difficulté pour Sarah Toumi: le caractère novateur de son projet qui vise à planter des arbres afin de lutter contre la désertification et proposer des emplois. « C’est un des problèmes en Tunisie : les expériences innovantes ne sont pas acceptées. Par exemple, on interdit le mobile banking », regrette Essma Ben Hamida, qui dirige l’institution de microfinance Enda inter-arabe. Sarah Toumi a fini par faire ses preuves : le magazine américain Forbes la cite dans le classement mondial 2016 des trente meilleurs entrepreneurs de moins de 30 ans. À 28 ans, elle emploie aujourd’hui 24 personnes. Mais là encore, ce n’est pas facile : « Les hommes prennent des initiatives et ne veulent pas rendre des comptes. C’est un vrai challenge pour moi. À l’inverse, les femmes manquent de confiance en elles. On leur propose des formations de développement personnel et on essaye de rééquilibrer petit à petit. »

Essma Ben Hamida et les vertus émancipatrices de la microfinance

À Enda inter-arabe, Essma Ben Hamida reconnaît également un déséquilibre, mais dans le sens inverse cette fois. Sa société de microfinance a déjà offert des crédits à 650 000 Tunisiens, dont les deux tiers sont des femmes. « Quand on fait confiance aux hommes, on n’est pas sûr que l’argent revienne à la famille. Aider une femme, c’est lui permettre d’augmenter ses revenus, de soutenir sa famille et de maintenir ses enfants à l’école. » Elle raconte ainsi l’histoire de Samia, une jeune ouvrière de la région de Mornag (au sud de Tunis) dont l’usine a fermé. Un prêt de 200 dinars (80,76 €) lui permet dans un premier temps de louer un pré et d’y installer une génisse. Samia louera ensuite un second pré, puis ouvrira une buvette dans une grande usine et achètera des distributeurs. Elle a aujourd’hui cinq employés.
Enda inter-arabe travaille également à l’accompagnement dans la création de start-up : 10 000 ont ainsi vu le jour, dont 3 700 dirigées par des femmes. Une étude récente montre que ces dernières ont 4% de plus de chance de survie que celles menées par des hommes.

La belle histoire de Radhia Kamoun Megdiche, PDG de « Gourmandises »

Une réussite que Radhia Kamoun Megdiche, directrice générale de « Gourmandises », une chaîne de boutique de gâteaux employant 360 personnes, explique : « La famille est une première entreprise. La femme y apporte raison, rigueur et persévérance. Il faut ces qualités pour diriger une société. » Des qualités que son frère reconnaît parfaitement puisqu’il lui a laissé, sans aucun regret, le poste de PDG. Originaires de Sfax, tous deux ont repris la petite affaire de leur mère, à sa mort en 1988. « On s’est retrouvé face à trois ouvrières, un petit atelier et un crédit à payer », explique-t-elle. Titulaire d’une maîtrise en marketing, ne connaissant rien à la pâtisserie, elle choisit de s’entourer de spécialistes : « La clé, c’est de ne faire que ce que tu sais faire. Je fais le marketing, parce que je sais faire. Je trouve des spécialistes pour faire les gâteaux. » Radhia Kahoun Megdiche a prouvé son talent en faisant fleurir la petite affaire de sa mère. La chaîne gourmandises possède aujourd’hui 16 boutiques en Tunisie.

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