- société
Mais j’ai préféré depuis un long moment, m’abstenir de dévoiler tous sentiments par angoisse de perdre mon temps à essayer de convaincre le vent qu’il n’a pas besoin de souffler fort pour faire sentir sa présence et qu’un homme n’a pas besoin d’être orgueilleux et brutale pour faire sentir sa virilité.
Mais mon silence n’a été en aucun cas un aveu de faiblesse ou de retrait bien au contraire, c’est dans le silence qu’on organise son crime parfait et dans le calme qu’on trouve son meilleur allié.
J’avais une semaine pour me préparer et je ne savais pas que le temps pouvait être aussi long et élastique. Les jours paraissaient interminables. Mais les savoureuses caresses du froid de décembre lui donnaient cet air magique de bonté et de tolérance.
En décembre on aimait, pardonnait et acceptait tout. Il a ce charme qui manque tellement aux autres mois de l’année. Cette envie incontrôlable de vouloir se laisser aller entres les maintes frissons qu’il nous procuraient. De se blottir dans un câlin de pluie pour enfin sécher dans les bras de l’amour. Ce mois peut cacher des tendresses malgré ses orages et son vent glacial.
Il a cette faculté d’attendrir les cœurs, d’alléger les humeurs et embaumer les envies d’un doux parfum de satisfaction. J’aimais décembre et je m’y sentais tellement désirable et prête à donner cette année. Et croyez moi rien n’est plus fatal que le charme d’une femme qui demande à être exploiter et mise à l’épreuve.
Les jours sont passés entre la fatigue de l’article de l’année qui devait nous rapporter de quoi offrir le treizième mois aux employés, les cadeaux du nouvel an, les cartes de vœux et les courses pour mon rendez-vous.
Je ne demandais à être parfaite mais je me devais d’être juste exquise. Je cherchais les plus belles fourrures et je me disais à quoi me servirai les gros manteaux alors que c’est mon âme qui gèle.
Je me baladais dans les plus beaux centres de cosmétiques essayant de trouver de quoi camoufler mes plus belles cicatrices d’amour ; une bouche crispée et des yeux larmoyants de nature. On dit que le temps fait oublier les chagrins d’amour, très ironique je trouve, car toutes les occasions sont parfaites pour replonger dans le passé encore et encore et ne plus en sortir que très rarement.
A la longue on se met à approuver ce besoin de se remémorer les doux moments sombres de notre existence par habitude et compassion. Et aussi étonnant que cela puisse être mais on a une certaine affinité à ce chagrin, il vit en nous et nous continuons à exister à travers lui.
Aujourd’hui c’est le trente et un décembre, le jour J est enfin arrivé avec sa plus belle humeur d’hiver amoureux
( à suivre)