×

Les 18 du haut de mes 40 ans (10 ème épisode)

  • Les 18 du haut de mes 40 ans (10 ème  épisode)

 
Par Myriam Essoussi 
Ce jour là j’ai dû avancer l’heure à laquelle je rentrais d’habitude.
Je me tenais de ne pas ressentir de l’extase à l’idée d’avoir un pseudo-rendez vous depuis le temps. J’avais quarante ans et je devais être blasée et ne pas ressentir ces euphories d’adolescente. A chaque âge il y a une défaillance à ce qu’on dit.

« Avant j`étais là à essayer de plaire à ceux que j`aime et à me faire admirer par ceux qui m`aiment »

A l’adolescence de l’extase, de la folie et la permission d’être ridicule.  Entre vingt et vingt-cinq ans cette délicieuse vie en rose ou tout est parfait. On pense au prince charmant et on se passionne pour les films à l’eau de rose.
Entre vingt six et trente ans on commence à se poser les vraies questions et c’est suivant les réponses qu’on a pu acquérir suite à nos expériences précédentes qu’on trace notre ligne parfaite.
Entre trente et quarante ans on s’habille de sérieux, de mélancolie et d’insouciance sous prétexte que la vie est dure et que seuls les enfants ont le droit de rire et de faire de leurs vies un carnaval.
Oui, les rires et les folies de nos enfants on leurs lèguent l’attribution de carnaval, de cirque, de choses qui sont interdites pour les adultes comme moi. On perd cette notion de joie de vie et d’amour inconditionnel, de passion pour les détails futiles mais qui sont indispensables.
Entre quarante et soixante ans on est à cheval entre est ce que la vie est sérieuse ? Et est-ce qu’elle est sensée l’être vraiment ?
À partir de soixante ans, on choisit que rien ne vaut rien et que tout est permis. Qu’on a passé trop de temps à être obligé de faire les mauvais choix juste pour satisfaire la galerie qu’on appelle société. Et notre vie passe à combler les désirs et à se forcer à sourire pour plaire.
Avant j`étais là à essayer de plaire à ceux que j`aime et à me faire admirer par ceux qui m`aiment, j`étais préoccupée par leurs jugements et j`essayais d`incarner la perfection afin que chacun trouve son aise en ma présence alors je multipliais les rôles et j`accumulais le chagrin… on s`éloignait à chaque fois que je leur prêtais attention et je leur consacrais mon temps.
Je ne comprenais pas leurs réactions mais je leur cherchais des excuses jusqu’à aujourd’hui, ma réserve d`excuses a atteint son fond et la seule excuse qui me reste c`est que j`étais assez stupide de croire qu`on pouvait vivre sans intérêts. Alors on regrette !

« Il est tellement facile de regretter au lieu de prendre la bonne décision au bon moment. »

Il est tellement facile de regretter au lieu de prendre la bonne décision au bon moment. Et ce n’est guère le temps ou l’intelligence qui nous fasse défaut mais l’être humain est en adoration devant les « j’aurais dû ». Ceci est moins culpabilisant de ne pas prendre une décision et d’agir en spectateur que d’être celui qui a tout rater. On oubli l’autre chance d’être celui qui recevra tout le mérite.

« on regrette de pas avoir dit je t`aime, on regrette de pas avoir été assez présent pour certains, on regrette d`avoir laissé tomber la personne la plus proche »

On regrette certaines choses et on ne s`en rend compte qu`à la fin… on regrette de pas avoir dit je t`aime, on regrette de pas avoir été assez présent pour certains, on regrette d`avoir laissé tomber la personne la plus proche, on regrette d`avoir négligé la personne qui nous aimait le plus au monde, on regrette d`avoir raté une occasion de bonheur qui s`est présentée à nous, on regrette de pas avoir su reconnaître le bonheur quand il était là, on regrette et on regrette et on ne fait rien pour changer. On a tellement peur d’être déçu, d’être malheureux qu’au lieu de risquer on se contente de s’abstenir ; qui n’est pas le meilleur moyen. C’est comme si on évitait de vivre par peur de mourir.
 
La mort est une assurance et le bonheur aussi mais pour tous deux, il faut risquer, se lancer, ne pas toujours perdre son temps à réfléchir et à concevoir de probables conséquences qui ont peu de chance d’être réalisées. On pense aux résultats avant même d’avoir essayé. On fuit toutes les belles choses, l’amour, les rires, les bêtises, nos pulsions humaines…  On tient tête à la vie alors qu’on se résume à elle.
 

DOSSIERS SPÉCIAUX