- société
Par Meriem ESSOUSSI
Et le matin survient dans son plus bel accoutrement, rayonnant d’un soleil chaleureux qui donnait à ce froid de décembre une voluptueuse teinte câline et aimante remplissant les cœurs de joies malgré eux.
Une petite brise juste parfaite pour donner aux humeurs une mine rosée. Les ruelles de la ville regorgeaient de sensualité et d’enthousiasme accueillant le nouvel an. Une magie régnait sur la ville, les klaxons ne frustraient plus les oreilles mais suivaient avec harmonie l’aire que chantait la ville.
Une bonne journée allait commencer… enfin je l’espère. Mon rituel matinal habituel en route, il fallait que je sois à l’humeur de cette journée.
De la cotonnade douce couleur saumon lançait de la sensualité. Une jupe taille haute embrassant chaque courbe de mes hanches me rappelant les délicieuses caresses d’une première fois, droite interpellant les regards sur la force de son hôtesse, à bouton de part et d’autre n’oubliant pas la beauté de l’article malgré sa simplicité, couleur grise ; une touche exigeant le mystère.
En dessous se sont glissaient des collants nacrés embaumant les esprits. A la taille une ceinture métallique induisant une présence ironique; la pression inspire la confiance !! Du haut de mes talons j’imposais le respect. Manteau sur les épaules, sac à main et mes lunettes déjà en position je me dirigeais vers le magasine.
Le sentiment de confiance que j’avais cette matinée était plus que surprenant me poussant à avoir cet air souriant et exquis j’avoue. Arrivée à mon bureau, j’ai jeté un coup d’œil au courrier habituel ; des cartes de vœux, des prospectus et une étrange invitation pour un bal pour le réveillon. On y a inscrit l’adresse d’un charmant hôtel avec toutes les coordonnées et un petit mot : « soyez audacieuse !! », pas de nom ni de signature. C’est lui !!! L’homme à la carte et le numéro. Je me jetais sur mon sac le fouillant à la recherche de la carte. Je demandais à ma secrétaire de me passer le numéro sans même prendre la peine de réfléchir. Ça sonnait, une, deux, trois j’allais raccrocher quand une voix d’une gravité insolente m’a fait frémir :
-allo ?
-…
-ravis que vous ayez appelé, dois-je comprendre que vous acceptez mon invitation ??
-comment-savez vous que c’est moi ?
-vous êtes mon seul contact dans ce magasine et j’ai une secrétaire qui ne me passe les appels qu’avec un nom !!
-pour quoi autant de mystère ? Vous semblez pourtant si sure de vous ?!
-j’aime les frissonnements que procurent l’inconnu, le risque, la fougue du sans lendemain…
-je m’excuse de détruire vos rêves d’enfant mais le téléphone rose est à quelques ruelles loin d’ici… bonne journée !!
Je raccrochais tout en rogne. Encore un homme qui ne pensais qu’avec son service trois pièces. A un certain âge, on devrait savoir faire la part des choses et ne pas mélanger fille de plaisir et fille de passion.
On devrait au moins avoir la faculté de sélectionner les personnes se basant sur autre que la qualité de la dentelle de la lingerie ou la taille du porte feuille. Les hommes n’ont pas cette notion de l’amour éperdu et incontrôlable, de la passion qui pourrait vous déchirer par le juste fait de penser à cet être, de qui la simple présence est un soulagement. Un monde où l’on se battrait contre les conditions et les exigences de ces communs de mortels. Les hommes sont loin de s’imaginer ce qu’est l’amour, le délaissement et la résignation à un simple geste de tendresse. Quand dans ce royaume de passion on dévoile la douceur de notre pudeur, alors tantôt on se défend pour garder sa chasteté tantôt on se laisse envahir par la vague nous emportant vers un inconnu que l’on désirait depuis longtemps. Nous les femmes, on aime se lâcher, goûter à toutes les impuretés de l’existence, dire qu’on a vécu, qu’on a aimé et qu’on voudrait recommencer.
Mais l’esprit tordu de la gente masculine et de certains esprits simples, et suffisamment vide pour accueillir à bras ouverts les incandescences ombreuses que quelques-uns tiennent pour propos, nous oblige à nous mordre la lèvre tout en souriant et de nous dire « peut être qu’un jour… ».