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Le dernier Rapport établi par l’OTCF (Observatoire Tunisien des Couples et de la Famille) s’est intéressé de près à la sexualité des tunisiens et les chiffres publiés ont défrayé la chronique et ont fait le tour du web et des réseaux sociaux. Voici les chiffres de l’enquête a révélé:
Le rapport montre également que les sites pornographiques sont visités par 5 millions de Tunisiens tous les mois et que le mot ‘sexe’ est tapé 100 000 fois par jour dans les moteurs de recherche.
Au-delà des chiffres qui peuvent choquer les uns et autres pour plusieurs raisons sur lesquelles il ne nous intéresse pas de s’étendre dans cet article, ce rapport met le doigt sur un malaise certain de notre société tunisienne. On n’a pas vraiment besoin de l’avis d’un expert sociologue ou psychologue pour dire que ces chiffres sont symptomatiques d’une société qui va mal; une société qui est déchirée entre une identité religieuse à laquelle les uns et les autres s’identifient par conviction ou par héritage culturel et une vie moderne tumultueuse et frénétique qui attise tous les sens et emporte sur les rivages inconnus de la découverte et de l’excitation et incontournablement celle du «sexe» comme le prouve les statistiques.
On peut se « rassurer » du moins d’une chose: les tunisiens sont bel et bien actifs sexuellement même en dehors du mariage !
A femmes Maghrébines, on a voulu s’intéresser à l’image de la femme tunisienne surtout après la révolution et les enjeux et les défis que cache la question de la sexualité en Tunisie
Certains s’accordent à dire que la Tunisie a une énergie féminine et pour cela il suffit de revoir l’histoire, la Tunisie compte des figures exceptionnelles comme la reine Didon ou Saïda Mannoubia. Dans une histoire plus contemporaine, la femme tunisienne s’est vu offrir le code du statut personnel qui est à ce jour une véritable révolution dans le monde arabo-musulman et qui accorde à la femme une place privilégiée sur la scène internationale. Depuis la révolution de 2010-2011 et la prise au pouvoir du parti islamiste et les différents gouvernements qui se sont succédé, il faut bien avouer que les acquis de la femme se sont vus remis en question. Le débat sur la légifération de la polygamie a été même remis au goût du jour et débattu au moment où la femme aspirait à plus (l’égalité en matière d’héritage ou encore le droit d’épouser un non-musulman). Ceci dit, La Constitution de 2014 a mis fin au débat.
Toujours est- il que , force est de constater qu’au jour d’aujourd’hui, il y a une société d’avant et d’après révolution, on entend plus parler de polygamies secrètes, une violence grandissante à l’encontre des femmes, une virilité arrogante et ostensible dans les rues. Tout un travail de fond de semble devoir être fait pour préserver notre société et les générations à venir de filles et garçons.
Qu’on le veuille ou non, on est dans une société schizophrène qui se plaît à croire à des apparences trompeuses. Tiraillés entre traditions, conservatisme religieux et choix d’émancipation et de libération sexuelle, notre société est dans le déni d’une activité sexuelle hors mariage bien que les chiffres de l’OTCF prouvent le contraire.
Dans un schéma classique, on se retrouve dans des familles où les parents n’osent pas parler de sexualité à leurs enfants, l’école tunisienne ne remplit pas encore à ce jour ce rôle. Les jeunes se trouvent initiés à la question sexuelle par leurs professeurs, en marge de l’enseignement scientifique au collège ou au lycée mais cela reste insuffisant surtout à un âge où corps et esprit sont en ébullition en même temps que l’on est en train de forger notre conception sur le monde et notamment sur le «sexe » et les « femmes ».
Ainsi face à cette faible interaction entre les jeunes en demande et un environnement quasi-hermétique à toute communication sur la question sexuelle, les jeunes se rabattent sur la solution de facilité par excellence qui est la pornographie, qui est loin d’être une image saine de la sexualité et qui est basée sur la domination de la femme par l’homme et le bilan est le plus souvent lourd de conséquences.
L’association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le Sida (ATL MST/Sida) œuvre en matière de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) et constate que la désinformation et l’absence de sensibilisation constituent un sérieux obstacle à leur programme et action de prévention. Rajouter à cela le manque d’éducation sexuelle, l’influence de la pornographie ou encore la peur de la famille compliquent le travail de prévention de l’association.
« On est face à des personnes qui ont du mal à se rendre dans une pharmacie pour acheter des préservatifs de peur de rencontrer quelqu’un qui les reconnait, ou que leur mère le découvre »
« Certains nous accusent d’encourager les rapports sexuels hors mariage en distribuant des préservatifs alors qu’ils ne font que se voiler la face « , déplore Issam Gritli.
« On essaye de faire notre travail de prévention et de toucher le plus grand nombre en allant dans les lycées ou les universités mais cela demeure insuffisant. En deux heures, vous ne pouvez fournir que les informations les plus élémentaires, les plus basiques » Issam Gritli, chargé de programme au sein de l’association.
A quand l’éducation sexuelle dans nos écoles !?
par Faten.R