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FM: Pouvez-vous nous parler de votre parcours :
Mon parcours est composé de plusieurs étapes et a commencé assez tôt, depuis mon enfance. À l âge de 12 ans je faisais déjà du théâtre au lycée, et ça a duré jusqu’à l’âge de 16/17 ans. Il y a eu une coupure à partir du bac et durant les années de faculté où j’ai fait des études de gestion et commerce international. Une fois mes études terminées, je suis parti en France. Étant toujours mordu de théâtre, j’ai pris des cours dans des ateliers de poche et Paris, en tant que capitale culturelle, m’a énormément aidé à m’épanouir artistiquement.
Je suis rentré en Tunisie en 2005, et à l’époque, le seul espace culturel qui pouvait accueillir des gens qui n’ont pas fait de formation académique dans le domaine artistique était El Teatro de Taoufik Jebali, où je suis resté jusqu’en 2010 et j’ai participé aux ateliers et à plusieurs pièces de théâtre. Aujourd’hui, les espaces de ce genre se sont multipliés, on peut citer MAD ‘art, Massar, Artistou, El Makhzen, El Hamra, Cinevog, et c’est très intéressent d’avoir de genre d’espace pour permettre aux personnes passionnées de s’exprimer et d’être encadrées lors d’ateliers et de formation en théâtre, musique, ect, et c’est avec ce genre d’espaces d’expression qu’on peut contribuer à combattre l’endoctrinement des jeunes.
FM: Pensez-vous que votre physique joue un rôle dans votre carrière ?
Pour moi la beauté n’est pas un critère, la vraie beauté n’est pas physique. Le plus important chez un acteur n’est pas sa beauté, mais la beauté de ce qu’il offre à son public. Et d’ailleurs les plus grands noms du cinéma international ne sont pas des standards de beauté, comme Denzel Washington, Morgan Freeman, …
Parlez-nous du feuilleton ramadanesque dans lequel vous jouez, Warda w Kteb.
Ce feuilleton est une très grande production, qui ne pouvait être assurée que par une organisation publique, c’est pour ça qu’il est entièrement produit par la télévision tunisienne, sans faire appel à des producteurs exécutifs en dehors de la télévision tunisienne comme c’était le cas auparavant.Ce feuilleton est le seul en 30 épisodes parmi les feuilletons diffusés durant ce mois de ramadan.
Je pense que l’intrigue va intéresser les téléspectateurs, il y a plusieurs axes dramatiques et toutes les classes sociales vont se reconnaître dedans. Beaucoup de sujets sont abordés, tel que le chômage, la pauvreté, le terrorisme, le monde des affaires…
Les événements du feuilleton se passent avant puis après la révolution, et traitent les changements qu’il y a eu, sans pour autant aborder le sujet de la révolution en elle même.
FM: Parlez-nous de votre rôle dans le feuilleton.
Il y a près de 140 acteurs qui jouent dans ce feuilleton, parmi les rôles principaux, on peut compter le mien, ceux de Atef Ben Hassine, Amel Alouene, Raouf Ben Amor, Salah Jdaî, …
Je joue le rôle de Chiheb Ben Abdallah, homme d’affaire très riche, qui va rencontrer plusieurs problèmes avec « la famille souveraine » et notamment un homme d’affaire qui est son rival, dans un rappel de ce que vivaient beaucoup d’hommes d’affaires avant la révolution.
Mon personnage va connaître également des problèmes au sein de sa famille, avec, entre autre des problèmes d’adultère. Je suis sûr que les téléspectateurs vont être captivés par l’intrigue et par le déroulement des événements.
FM: Parlez-nous du scénario et est ce qu’il y a eu des improvisations lors du tournage ?
On s’est réunis avec l’équipe responsable, et on a discuté le scénario, fait des modifications et des ajustements qui ont été validés par tout le monde. Ceci dit, il y a toujours des improvisations selon les répliques, notamment dans certaines séquences que j’ai eu avec Atef Ben Hassine, où on s’est un peu lâché, et quand on travaille avec de bons partenaires, le résultat ne peut être que bon !
FM: Pouvez-vous nous parler des personnages/rôles féminins marquants pour vous ?
Les personnages féminins du feuilleton, je préfère ne pas trop en parler pour laisser les téléspectateurs les découvrir au cours des épisodes.
Sinon pour les autres feuilletons, je retiens le personnage de Ommi Yemna joué par Zahira Ben Ammar dans « Naouret lahwé » qu’elle a interprété à merveille. Et d’ailleurs c’est l’acteur ou l’actrice qui fait vivre un personnage et qui fait qu’il soit attachant ou pas, et comme ça qu’on distingue un bon acteur d’un « moins bon ».
FM: Selon vous, quel rôle peut jouer le comédien dans la société ?
Un artiste doit être engagé et responsable dans ses actions et dires. Un comédien peut plaire à son public en tant qu’artiste mais pas dans ses actions dans la vie de tous les jours, d’où l’importance des prises de positions, des principes et des valeurs qu’il défend en tant que personnage médiatique qui influence et peut donner l’exemple à son public.
FM: Que pensez vous du rôle que joue Sonia Mbarek en tant que ministre de la culture ?
Sonia Mbarek est une artiste respectable que j’aime beaucoup, elle a beaucoup de bonnes intentions, mais je ne sais pas si elle est capable de prendre des décisions et de revitaliser le tissu culturel comme il se doit. Je pense que le côté administratif l’empêche de changer la réalité des choses dans le paysage culturel en Tunisie.Etre à la tête du ministère de la culture n’est pas une chose facile.
Parmi nos attentes de ce qu’elle peut apporter, c’est qu’il y ait une sorte de partenariat entre les deux secteurs : publique et privé, de façon officielle, et de faire participer les hommes d’affaire dans le secteur culturel, comme ils le font déjà dans le domaine des sports. A mon avis il faut les « obliger » à participer dans le financement de projets culturels, notamment dans les régions rurales et c’est à l’état de leur faire prendre conscience de l’importance de la culture pour combattre l’obscurantisme et même le terrorisme, d’où l’importance de leur contribution dans ce secteur parce que l’état n’est pas capable de tout faire.
FM: Quelles sont vos ambitions ? Pensez-vous rester en Tunisie ou partir ; on pense qu’avec votre physique « à l’orientale » et votre façon de penser à l’occidentale, vous pouvez vous retrouver et vous acclimater n’importe où.
À la rentrée je pense aller dans un pays oriental dans le cadre d’un projet dont je vous parlerais ultérieurement.
En orient le rythme et la production artistique sont beaucoup plus importants qu’en Tunisie fort malheureusement.
En Egypte par exemple, tout est différent, c’est une vraie industrie du cinéma.Les scénaristes écrivent des rôles spécialement pour tel ou tel acteur, c’est du sur mesure. L’acteur est très bien entouré et coaché et c’est ce qui fait que plusieurs acteurs et actrices tunisiens arrivent à percer en Egypte plus facilement qu’en Tunisie, d’où l’importance d’avoir une expérience avec ces professionnels de l’industrie cinématographique.
Propos recueillis par Monia Ouerghi