
- société
Par Jamel Saber
Selon les statistiques de l’année 2014 publiées par l’Institut national de la statistique (INS) sur son site web, sur les 10.982.754 habitants rescencés que compte la Tunisie, la population active représente 3.866.500. En Allemagne, un point PIB est représenté par 2,1 fonctionnaires, en Tunisie il y a 13 fonctionnaires par point de PIB, donc 6 fois plus. Sachant que les dépenses publiques de fonctionnements, qui sont de 18,6 milliards de dinars prévues en 2016 (64% du budget), composées des dépenses de gestion des 800.000 fonctionnaires publics (dont 180.000 dans les entreprises publiques), avec plusieurs avantages surdimensionnés, dont les 84.000 voitures administratives, bons d’essences, tickets restaurants, sans oublier les graves dérives dans les Amicales et associations. Sachant que la masse salariale des fonctionnaires représente 13 milliards de dinars en 2016, environ le double de celle de 2011. La fonction publique en Tunisie aligne donc de très mauvais records, avec son surplus que j’estime à un demi million de fonctionnaires et conséquences sur la valeur travail et son coût exorbitant pour les caisses de l’Etat. C’est absurde voire à l’extrême un crime contre la Nation.
Déjà que cette grave augmentation de la masse salariale du simple au double, en seulement 5 ans de “post révolution”, s’était faite sans recensement des besoins, sans réformes, sans contrôles internes, sans formations, sans attributions claires et précises et sans instaurer de nouvelles règles de gestion des ressources humaines. Mais le comble c’est que pour le président de l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’administration, Abdelkader Labbaoui , 93% des 87% de responsables administratifs choisis dans les rangs de la “Troïka” qui gouvernait le pays en 2012-2014, sont issus du Mouvement Ennahdha. Bref c’est donc une armée d’administrateurs mangeant leurs administrés, avec un esprit malsain de « butin de guerre », et de surcroît une “infiltration des islamistes” avec leurs doctrines rétrogrades et obscures, ceci dans les rouages de l’Etat à tous les niveaux, et par dizaines de milliers, ceci pour mieux contrôler le pays en verrouillant le système. L’administration est donc devenue, entre les mains de Ghannouchi, une arme fatale pour la pérennité de son pouvoir en Tunisie, ceci qu’Ennahdha soit présente ou pas dans la composition du gouvernement. Je considère cela comme un facteur aggravant de la neutralité et de la fiabilité de l’administration tunisienne, pour ne pas dire en étant alarmiste , une grave atteinte à notre sécurité Nationale .
D’aprés l’Union Tunisienne du Service Public et de la Neutralité de l’Administration (UTSPNA) au quotidien Al-Chourouk, dans son édition du samedi 26 mars 2016, cette étude, élaborée à partir d’un échantillon de 2.000 personnes durant l’année 2015, a démontré que 53% des fonctionnaires de l’Etat tunisien, ne respectent pas les horaires administratifs. Parmi ces fonctionnaires, 18% sont « continuellement absents » rapporte le président de l’UTSPNA, Abdelkader Labbaoui. D’autant plus que la Tunisie enregistre chaque année 2,7 millions de journées de travail perdues dans le secteur de la fonction publique, en raison des arrêts maladie (longue et courte durées), comme annoncé par le ministre de la « Fonction publique de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption », Kamel Ayadi. Ces journées de travail perdues représentent environ 4,5 % de la masse salariale, soit 2 % du budget annuel de l’Etat 2015, soit 585 millions de dinars .
Conséquences les fonctionnaires dans l’administration tunisienne dépassent les besoins réels de l’économie. Cette armada de bureaucrates est souvent caractérisée par une faible productivité et une très mauvaise qualité des services rendus. L’administration était considérée comme un “fourre-tout” depuis des décennies, ceci pour calmer la grogne sociale, et donc stabiliser le pays. Ainsi au présent mon constat et que c’est une fonction publique pléthorique, sur-rémunérée, flemmarde et frondeuse, elle est donc devenue avec ses dépenses de fonctionnements faramineuses, et sans oublier au passage la grande et petite corruption estimée en plusieurs milliards de dinars (MD), rien que pour les marchés publics au moins 2 MD d’aprés Chawki Tabib, bref en rapport avec ses graves dérives, je considère que l’administration tunisienne, c’est la “ruine du pays”.
L’idéal est de faire de l’administration une institution démocratisée avec des structures participatives et décentralisées favorisant la circulation de l’information et la privatisation. La philosophie d’avenir qui devrait nous guider dans le renouvellement de l’administration, est celle d’une administration moderne, participative, transparente, responsable, légaliste, efficace et équitable. Pour ce faire je propose ce qui suit pour sa réforme en profondeur sous la directive et la vigilance de “l’Instance constitutionnelle pour la bonne gouvernance et contre la corruption” en collaboration avec la PNUD ou autre organisme international :
Avec ce nouveau mécanisme mis en place et comme objectif principal, la rationalisation des ressources humaines dans l’administration tunisienne et leur redéploiement en fonction des besoins. IL est donc devenu d’une extrême urgence d’assurer la viabilité des finances publiques et d’accroître la productivité du secteur public. Cela signifie qu’il va falloir alléger le poids considérable de la masse salariale sur les finances publiques et permettre de dégager une plus grande marge de manœuvre pour les dépenses sociales et les dépenses d’investissement, tout en augmentant la productivité du secteur public.
Au finale les pays qui sont leaders dans la gouvernance publique (ex. Australie, Canada, Singapour), l’on fait dans le cadre de programmes nationaux d’innovation et de gouvernance électronique. Ce genre de programme a été utilisé comme cheval de Troie pour transformer l’administration publique d’en dehors. Une telle approche surtout celle de gouvernance électronique (qui au-delà du transactionnel a largement échoué en Tunisie). Je considère qu’avec un maximum de 250.000 fonctionnaires “appropriés”, un management optimal, et des coûts de fonctionnements raisonnables, permettrait de repenser l’administration tunisienne dans le cadre d’impératifs de développement durable, de décentralisation du pouvoir de prise de décision, de la qualité du service rendu au citoyen, de l’instauration d’une gestion axée sur les résultats, sur la mesure de performances et de l’exploitation optimale des nouvelles technologies de communication.