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Avilissement et insultes: une violence qui ne dit pas son nom

  • Avilissement et insultes: une violence qui ne dit pas son nom

 

Par Hajer Zarrouk
Depuis son mariage, Cyrine ne voit plus le bout du tunnel. Elle ne reconnait plus Iadh, son amour d’adolescence et son fiancé de la fac, devenu son mari il y’a trois ans. Autrefois affectueux, patient et timide, il s’est transformé, dès les premières années de leur union, en un homme jaloux, possessif, rancunier et blessant.
Son calvaire débute dès le réveil: Iadh se réveille généralement de bonne humeur.Il ouvre la télévision pour suivre des infos et parle beaucoup: du beau et du mauvais temps, du travail, et se plaint de ses multiples rendez-vous de la journée. Pour Cyrine, c’est le plus beau moment de la journée car, tout de suite après, il suffit d’un petit faux-pas pour que l’humeur joviale de son époux se transforme en une pluie de critiques: » Tu sais bien que je veux des toasts bien grillés, pourquoi tu t’entêtes à les passer rapidement au grille-pain? C’est juste pour m’embêter le matin? »,  » Où est passée ma chemise blanche? … Elle n’est pas prête? Pourquoi tu ne l’as pas repassé alors que tu n’avais rien à faire de la journée? Ah oui, tu prépares ton Mastère, faut-il que ce foutu diplôme me gâche la vie toute entière? » … Pourtant, Cyrine a l’impression qu’elle fait tout pour satisfaire Iadh. Elle lui prépare le petit-déjeuner, repasse ses chemises et ses pantalons, emmène le petit à la crèche et rentre chez-elle pour faire le ménage et préparer le repas. Rien à faire, les critiques sont toujours au rendez-vous pour des chaussettes froissées ou bien pour un repas raté.
Avant, Cyrine répondait aux critiques. Mais, dès qu’elle a compris que répondre signifiait passer à l’étape de l’insulte, elle a arrêté de le faire de peur de recevoir une claque. En effet, Iadh peut se montrer très menaçant à son égard et elle a peur de sa réaction. Peur d’éveiller la bête en lui. Alors, elle encaisse sans prononcer un mot, en espérant que le silence réglera le problème. Mais non. Iadh continue de plus belle en lui demandant pourquoi est-ce qu’elle l’ignore. Elle lui répond timidement qu’elle n’a rien à ajouter. Il se tait, puis continue son discours matinal préféré: « J’aurais du comprendre qu’on n’était pas fait l’un pour l’autre. Tu es très molle Cyrine et moi je n’aime pas les mous. Tu es fainéante. J’aurais du épousé une telle et une telle, elles étaient toutes à mes pieds et c’est toi que j’ai finalement choisi. Quelle bêtise « . Cyrine sent ses larmes couler sur ses joues. Elle a envie de lui dire: » C’est moi qui ai fait une grosse bêtise en t’épousant alors que j’ai vu ton père maltraiter ta mère, j’aurais du comprendre dès le début ».
Elle n’ose pas, comme d’habitude. Iadh sort en claquant la porte. Il lui dit qu’il est très en colère et qu’il ne va pas rentrer de la journée. Du coup, elle se sent soulagée et peut commencer sa journée dans le calme.
Accablée, elle appelle son amie et sortent ensemble faire des courses. Mais là Iadh l’appelle, lui demande qu’est ce qu’elle fait et avec qui elle est? « Tu sais que je n’aime pas ta copine Farah, pourquoi tu sors avec elle sans m’avertir?  » Lui dit-il. Cyrine lui répond avec une petite voix « Non Iadh, nous faisons juste les courses, on n’est pas au café ». Iadh raccroche, visiblement encore plus énervé. Cyrine n’ose pas raconter la conversation à son amie.
D’ailleurs elle a appris à ne rien raconter à personne en espérant qu’un jour, Iadh redeviendra le gentil garçon qu’elle a connu avant. Peine perdue, Iadh s’enfonce jour après jour dans la violence et Cyrine ne mange plus, ne dort plus et ne rit plus. Elle se sent comme vidée de l’intérieur et ne peut plus se concentrer sur son travail. Inquiète pour elle, son ami lui procure le numéro d’un spécialiste qu’elle a consulté dans le plus grand secret. Verdict: dépression. En rentrant chez elle, Cyrine guidée par son instinct de survie, vide son armoire, remplie ses valises et quitte le domicile avec son fils.

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