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Femmes Maghrébines
Alors que le secteur touristique tunisien traverse une période de crise – à cause des événements terroristes ayant visé notre pays au cours de cette année – le Royal Hotels & Resorts – Hammamet a remporté, pour la deuxième fois consécutive, le prix du « meilleur hôtel golf en Tunisie ». Nous avons contacté monsieur Moncef Snoussi, directeur-général de l’établissement, afin de lui poser quelques questions sur le présent et l’avenir de ce secteur fondamental de l’économie nationale tunisienne.
Femmes Maghrébines : Le Royal Hammamet a remporté le prix du «meilleur hôtel golf en Tunisie» pour la deuxième année consécutive. Mais, pour cette année, ce prix survient pendant que le tourisme tunisien passe par l’une de ses pires crises. Pensez-vous qu’il aura des répercussions positives sur le secteur ?
Moncef Snoussi : Vous savez, c’est la deuxième fois consécutive que le Royal Hammamet remporte le prix du « meilleur hôtel golf en Tunisie ». Cette reconnaissance internationale renforce non seulement la notoriété de l’hôtel qui assure un service exceptionnel à sa clientèle, mais elle aura aussi et surtout un impact sur la relance du tourisme dans notre pays. Ce prestigieux prix prouve encore une fois que malgré le coup porté sur ce secteur, il y a lieu de garder espoir, vu que les infrastructures touristiques dans notre pays répondent aux normes internationales et résistent même à la concurrence qui sévit dans le secteur.
Pour vous, et en tant qu’hôtelier, quelles sont les actions que doit initier l’Etat afin que le tourisme tunisien puisse reprendre son activité d’antan ?
Même après l’attentat cruel du Bardo, le tourisme tunisien, bien qu’il ait souffert de cet événement ignoble, s’en sortait tant bien que mal et tentait par tous les moyens de sauver les meubles. Et je peux vous dire que l’espoir était permis. Malheureusement l’attentat de Sousse a fait voler en éclats les dernières lueurs d’espoir plongeant le secteur dans un abîme total. Et la suite, nous la connaissons, des hôtels mettaient la clef sous le paillasson les uns après les autres, et le secteur a craché sur le marché de l’emploi des milliers de chômeurs. L’Etat, pour sauver le secteur d’une mort certaine, a annoncé une batterie de mesures. Parmi ces mesures, le gouvernement a proposé tout d’abord une réduction du taux de TVA de 12 à 8% pour toutes les institutions touristiques. Il examine la possibilité de rééchelonnement des dettes des institutions touristiques auprès de la Steg et de la Sonede, ainsi que les créances fiscales des institutions touristiques. De même, l’Etat reporte le remboursement des prêts pour 2015 et 2016 avec reprogrammation selon la capacité de l’institution à payer ses dettes, et accorde en même temps des crédits exceptionnels remboursables sur 7 ans, avec deux ans de grâce avec garantie de l’Etat….Sans compter d’autres petites mesures liées à la suppression du timbre fiscal, la facilité de visa aux entrepreneurs et hommes d’affaires de certains pays…Toutes ces mesures sont encourageantes et permettent de donner de l’espoir. Seulement, les hôteliers attendent toujours avec impatience la mise en application de ces mesures.
Que répondez-vous à ceux qui accusent les hôteliers de vouloir détourner des aides de l’Etat à des fins douteuses ? Des aides dont pourraient bénéficier d’autres secteurs, selon certains.
Ceux qui accusent les hôteliers de détourner les fonds sont des gens de mauvaise foi qui ne sont pas visiblement conscients du danger réel qui guette le secteur du tourisme, et par ricochet notre industrie. Au lieu de trouver une solution au problème, certaines personnes malintentionnées cherchent à jeter le discrédit sur les investisseurs du secteur. Il est clair que la maison est en train de prendre feu, il n’est plus question de regarder sans réagir… Savez-vous que plus de 70 hôtels ont fermé leurs portes depuis le mois de septembre 2015 et les réservations touristiques ont baissé de 63% suite aux deux attentats qui ont eu lieu contre le musée de Bardo, le 18 mars et dans un hôtel à Sousse, le 26 juin 2015. En ce moment, nombre d’hôteliers souffrent le martyre. Certains ont jeté l’éponge, d’autres s’accrochent et espèrent toujours des lendemains de plus en plus enchanteurs. S’il est un secteur qui a besoin actuellement d’aide, c’est bien le secteur touristique. Les hôteliers sont confrontés à de nombreux problèmes liés à l’endettement, le manque de ressources financières, le non-paiement de salaires, l’absence de clientèle. Même si certains hôteliers ont pu garder un tant soit peu la tête hors de l’eau boueuse, en misant sur la clientèle locale et algérienne, beaucoup reste encore à faire pour remettre le secteur sur les rails.
Propos recueillis par Monia Ouerghi