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Femmes Maghrébines
On dit toujours que la liberté d’expression est l’acquis le plus précieux que les Tunisiens ont obtenu de à la Révolution de janvier 2011. Un acquis si précieux que l’on doit tous s’unir pour le protéger de tous ceux qui aimeraient tant nous le confisquer.
Cependant, cette liberté ne contient pas que du bon et nous l’avons bien compris lors des quatre dernières années : des plateaux politiques où l’on nous ramenait des extrémistes religieux – le fameux salafiste qui a tendu son linceul au visage d’Ali Laârayedh ou encore l’extrémiste Adel Almi qui allait d’un plateau à un autre – à ceux où les politiciens, tout courant confondu, tenaient des discours haineux et incitant à la division.
Au lendemain des élections de 2014, les tendances ont changé et la politique commence à ennuyer sérieusement le grand public. Cela a amené certains de nos médias à chercher le sensationnel du côté du ‘social’. On peut directement penser, dans ce cadre, à la fameuse émission ‘Andi Mé Nkolek’, présentée par Alaa Chebbi. Une émission polémique consistant à inviter des personnes ayant de sérieux problèmes personnels à tout déballer sur nos petits écrans.
De ceux qui cherchent leurs parents biologiques à ceux qui cherchent à arrêter la drogue en passant par celles qui se font violenter par leurs maris : des sujets dignes d’un cabinet de psychologue. Mais on en est loin. Tout ce qui compte c’est le sensationnel, celui qui nous ramène l’audimat.
Dernièrement il s’est produit quelques incidents de violences où des hommes ont assassiné leurs femmes. Le sujet a été traité en abondance par les médias et surtout les télés ce qui nous a amené à poser la question : en quoi cela peut impacter les téléspectateurs. Nous avons posé la question à l’une des figures phares du paysage médiatique actuel. Souhaitant garder l’anonymat, nous n’allons pas dévoiler son nom mais juste son raisonnement. Pour elle, ramener la victime et traiter le sujet sert essentiellement à sensibiliser le grand public face aux dangers que provoque toute forme de violence. Notre interlocuteur nous a assuré que, pour sa part, il prend l’avis d’un psy avant de mettre en place une émission, ses invités et les sujets dont elle va traiter.
La sensibilisation est en effet l’une des solutions que l’on suit dans les autres pays pour réduire le taux de criminalité. Mais, généralement, cela passe par des spots dont la réalisation et la manière de traitement est étudiée par de nombreux spécialités qui prennent en compte absolument tous les détails pour que le message passé ne puisse être mal-interprété.
En Tunisie, on s’amuse à ramener des victimes de violences – ou des proches d’une victime – et de lui poser toute sorte de question frôlant, parfois, le ridicule. ‘Pourquoi il vous a giflée, que lui avez-vous pour qu’il s’énerve de la sorte’, ou encore, ‘pourquoi la cogné une gifle n’aurait pas pu suffir ?’. C’est le genre de questions que vous pouvez croiser si vous suivez une télé réalité en Tunisie.
Dernièrement, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a adressé un avertissement à la chaîne Al-Hiwar Ettounssi pour ‘son ton ironique qui humilie certaines catégories de la société tunisienne’. Cet avertissement survient suite à trois dépassements très graves : celui de Samir Waffi qui a traité le sujet de l’homosexualité avec une bassesse et deux autres commis par Sami Fehri quand il s’est moqué une fois de la petite taille de l’un de ses invités et quand il a traité, une autre fois, les délégués régionaux d’indics.
Après la révolution, nous avons obtenu un autre ‘acquis’ que celui de la liberté d’expression : la considérable augmentation du taux de suicide chez les moins de 15 et du taux de criminalité. Même si cela reste légitime pour tous les médias de miser sur l’audimat, quelques-uns d’entres eux devraient cependant grader en tête que du grand public, certains restent très influençable.
A bon entendeur !
Ghalia Ben Brahim