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Femmes Maghrébines
Cela fait un bon moment que Facebook ne s’est pas enflammé comme il s’est enflammé au cours du lundi 5 octobre 2015. Le réseau social le plus utilisé en Tunisie n’a pas arrêté de la journée et pour cause : le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec l’Assemblée des représentants du peuple, Lazhar Akremi, a présenté sa démission et l’animateur et propriétaire de la chaîne télévisée privée Attessiaâ, Moez Ben Gharbia, a tourné et diffusé une vidéo depuis la Suisse.
La polémique a commencé avec une vidéo d’une durée de 29 minutes. Une séquence où l’on voit Moez Ben Ghariba, avec une mine assez inquiétante, dire qu’il a été amené à quitter la Tunisie pour rejoindre la Suisse où il se trouverait sous protection policière. Revenant sur la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet il y a un peu moins d’une semaine de là, Ben Gharbia a assuré que la mafia qui a assassiné Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et Socrate Cherni serait à sa poursuite et quelques-uns de ses membres l’auraient suivi jusqu’en Suisse.
Tout en assurant détenir de graves informations, précises, sur les auteurs des assassinats suscités et les auteurs des attentats qui ont visé le musée du Bardo et l’hôtel l’Impérial de Sousse, Ben Gharbia a émis de graves accusations à différents responsables politiques dont, entre autres, Slim Ben Hamidène, pour des affaires de corruption et d’appartenance à des groupements mafieux.
Quelques heures après la diffusion de cette vidéo, le ministère public a ordonné l’ouverture d’une enquête et, comme on l’a dit au début, Facebook s’est enflammé.
La toile a été divisée sur deux ; une partie qui croit inconditionnellement aux déclarations de Ben Gharbia et la deuxième qui l’accuse de mythomanie et de paranoïa.
De leur côté, Basma Khalfaoui et Mbarka Brahmi ont appelé Moez Ben Gharbia à dévoiler toute la vérité sans plus tarder.
L’autre affaire du jour, est donc celle de la démission de Lazhar Akermi de son poste de ministre. Annonçant – comme l’avait fait Mohamed Abbou il y a quelques années quand il a démissionné du gouvernement de Hamadi Jebali – sa défaite face à la corruption dont la lutte semble être épuisante face à la volonté politique, le ministre démissionnaire a placé son départ sous le signe du patriotisme. Seulement voilà, le timing de cette démission survient avec un événement majeur : la tenue du premier congrès national du mouvement Nidaa Tounes.
Connaissant tous les tiraillements que vit le mouvement majoritaire aux élections, et comme ce même parti comprend, au moins, deux clans, la démission de Lazhar Akermi intervient dans un cadre assez partisan. Il y a quelques mois de cela, et dans le but de stopper un peu la crise, le bureau politique du Nidaa a pris la décision d’interdire la cumulation des tâches partisanes et gouvernementales. Le ministre aurait donc très bien pu démissionner par sens de calcul.
D’ailleurs, Lazhar Akermi a insisté, dans toutes ses déclarations médiatiques de la journée, à clarifier le point qu’il ne quittera jamais Nidaa Tounes.
Rejoindrait-il le clan de Mohsen Marzouk ou trouverait-il le moyen d’aller vers un autre camp, telle est la question !
Ghalia Ben Brahim