
Par Sayari Jihène
Tout au long des épisodes et contrairement à beaucoup de personnes, ce qui attisait ma curiosité ce n’était pas de connaitre la fin de l’énigme de la série mais plutôt qui était la personne qui avait écrit ce scénario passionnant.
Dorra Fazaa , le nom me disait quelque chose et après une petite recherche c’était sûr , ce n’est autre que la fille du fameux Taher Fazaa ,pas surprenant donc d’avoir un tel résultat, tel père telle fille .
Ma curiosité ne s’est pas arrêtée là mais je suis allée un peu plus loin voulant savoir qui était vraiment cette scénariste douée et c’est ainsi que j’ai interviewé Dorra Fazaa pour mon grand plaisir et le votre.
Dorra Fazaa , à part le fait que vous soyez la fille du grand Taher Fazaa pouvez vous nous donner une petite idée de qui vous êtes ?
Dorra fazaa , née en 1975 ,mariée, j’ai fait des études de droit, je suis avocate et enseignante universitaire .
C’est surprenant, c’est un domaine très différent, comment en êtes vous venue à l’écriture?
En fait, ça s’est fait tout à fait par hasard et assez tardivement vers l’âge de 30 – 32 ans, quand j’ai eu mon bac je voulais faire du droit et je n’ai jamais pensé à ce domaine même si je baigne dedans depuis mon enfance. C’est mon père qui a découvert en moi ce talent caché, il me faisait participer et me demandait de développer quelques idées, le résultat lui plaisait et il disait que j’étais douée.
Je me rappelle aussi que depuis toute petite, il me demandait de réécrire les scénarios, parce que j’avais une belle écriture lisible, ça a commencé avec le scénario de Habbouni weddallalt, j’étais comme son assistante en fait et à partir de là j’ai commencé à comprendre comment se faisait le travail, la construction des personnages etc.…
Donc après Maktoub 3 et Layem que vous avez coécrit avec votre père, Laylat Chak est votre premier travail individuel ?
Pas vraiment ! Pour Maktoub 3 et Layem, pour lequel j’ai une affection particulière et qui est parti d’une idée à Khalfallah Khalfi, c’est moi qui ai fait le plus gros du travail, mon père était comme un encadreur pour une thèse, il dirigeait les travaux.
Et pour Laylat Chak ?
Pour Laylet Chak ,le point de départ était une idée du producteur Majdi Smiri très jeune, très sympathique et très ambitieux, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler , il m’a donc appelé avec l’idée d’un homme qui a découvert que son fils n’était en fait pas le sien, c’était en 2013 ,on a l’a fini en 2014 et il a été annulé faute de contrat , après un petit travail de réécriture la version définitif est donc parue en 2015 .
Majdi Smiri m’a aussi proposé d’écrire le scénario de Boulis Hala Addiya ,l’idée était un peu nouvelle et pour moi écrire un scénario dramatique était plus facile que d’écrire un scénario comique parce que la frontière entre le comique de ce qui ne l’est pas est très facile à franchir , j’ai donc commencé à écrire huit épisodes ,après c’est devenu un travail de groupe , on faisait de petits ateliers d’écriture avec Sami Ammami , Alaeddine Boufalja et Brahim Ltaief le réalisateur .
Dans votre scénario vous avez mis le doigt sur beaucoup de fléaux qui existent dans notre société comme la prostitution et l’infidélité, est-ce juste pour intriguer le téléspectateur ou est-ce que vous aviez un message à faire passer au travers de votre écriture ?
Ce que je voulais c’est juste parler de l’expérience humaine, de certaines situations qu’on peut parfois mal juger, tout ça ce n’est autre que la nature humaine mise à nu. L’infidélité révolte tout le monde mais chacun de nous peut y être confronté à un moment ou à un autre de sa vie, soit subit soit commit. Ce terme est récurant et inépuisable depuis toujours et très complexe, ça ne peut pas être tout blanc ou tout noir, il s’agit de nuancer les choses, on ne peut pas tous être des anges ou des diables, les situations diffèrent, il y’a de la faiblesse, des crises dans les couples ,d’ailleurs tous les couples mis en scènes sont en crise pour une raison ou une autre, ils ne sont pas heureux ! Ce qui est d’ailleurs le cas de beaucoup de couples dans notre société, ils ne font pas le bon choix, les hommes veulent épouser une femme présentable sans qu’il y ait vraiment de feeling et les jeunes filles veulent se marier sans vraiment avoir une vision à long terme du couple. Notre société en majorité traverse une crise identitaire, on est un peu perdus entre l’occident et l’orient.
En plus ce sujet est très présent sur les plateaux de téléréalité donc ce n’est pas nouveau et on le voit dans la vrai vie, l’histoire de Yahya et le fait qu’il découvre par hasard qu’il n’est pas le vrai père de son fils n’est pas unique ,moi je n’ai fait que creuser pour voir au delà et exposer ce qui pouvait se passer après .Les acteurs ont eu un rôle très précieux dans la mise en valeur du scénario et ont très bien incarné les personnages comme Maram Ben Aziza , Najib Bel Kadhi qui était magnifique dans le rôle et Samir El Ayeb aussi .
Y’aura-t-il un Laylat Chak 2 ?
Ça ne dépend pas de moi mais de la production, l’idée est là mais il n’y’a aucune confirmation.
Pour finir je voulais remercier Dorra Fazaa d’avoir répondu à mes questions et je voulais souhaiter à cette femme très simple, très philosophe et très accueillante une bonne continuation.