
Par Ghalia Ben Brahim
Si un homme est enclin à aimer et à désirer un autre homme, toutes les lois de la terre ne peuvent l’en empêcher… Si une femme est encline à aimer et désirer une autre femme, aucune loi sur terre ne peut l’en empêcher…
Respectez la différence des orientations sexuelles… Et que personne ne soit obligé à aimer et désirer un genre ou un style ou un caractère ou un physique en particulier…
17 mai, journée mondiale contre l’homophobie…
Que l’amour soit…
Tels ont été les propos tenus par l’universitaire islamologue Olfa Youssef à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie. L’homophobie qui connait un brillant succès auprès de notre société qui la considère encore comme une maladie demandant un traitement dans l’urgence ou encore comme un fléau menaçant la continuité de la race humaine. Des propos indécents provenant de la part d’individus se disant progressistes et ouvertes d’esprit. Dans un commentaire publié sur Facebook, l’une de ces personnes a carrément accusé la colonisation d’être derrière ce phénomène contrenature. Il est certes normal de voir ce genre de réaction dans un pays où l’homosexualité est punissable par la loi. L’article 230 du code pénal stipule que toute personne dont l’implication dans un acte homosexuel est prouvée risque jusqu’à trois ans de prison. Loi moyenâgeuse appliquée au cœur des années 2000. Mais de là à ce que les internautes – parce qu’actuellement ce fameux débat est presque exclusif aux réseaux sociaux – s’attaquent aux homosexuels en appelant à leur départ de la Tunisie ou à leur exécution, les choses diffèrent.
Certains estiment que tant que le tabou est brisé et que le débat est ouvert, cela représente un pas vers l’avant. Cependant, l’agressivité et l’intolérance de certains nous fait poser des questions sérieuses quant à l’atmosphère générale du pays. En suivant un débat sur la page de l’un des profils, une dame a demandé pourquoi l’homosexualité ne s’est pas manifestée chez les animaux, pour elle, cela représente l’argument ultime du trait contrenature de cette orientation. Ce que cette dame ne sait pas, et ce qu’elle n’a pas pris le temps de savoir aveuglée par son homophobie, c’est qu’un documentaire, réalisé en fin des années quatre-vingt-dix, a traité du sujet et a montré des animaux (des gazelles, des singes et des requins essentiellement) en plein acte homosexuel. Un document qui a été fortement contesté par l’Eglise à l’époque.
Un autre internaute, caché par un pseudo, a assuré que l’homosexualité est l’une des premières causes des infections sexuellement transmissibles. Oui en effet, elle est la deuxième cause tout juste après l’hétérosexualité. Les ‘arguments’ sont multiples et divers, plus insensés les uns que les autres. Des formules qui nous rappellent celles des adeptes du Front national français qui ont manifesté par milliers dans différentes zones de la France quand cette dernière s’apprêtait à accorder l’autorisation aux homosexuels de se marier. Une bataille qui a fini par prendre fin en donnant raison aux homos. En Tunisie, ces derniers ne demandent nullement l’accès à une institution, en l’occurrence le mariage, considérée par certains comme contrenature.
En 2013, la reine Elizabeth a accordé sa grâce au mathématicien Alan Turing un mathématicien dont les travaux ont permis de casser le code utilisé par les sous-marins allemands pendant la Seconde Guerre mondiale et qui avait été condamné pour homosexualité en 1952. Il s’était suicidé peu après. En décembre 2013, et suite à une recommandation du ministre de la justice anglaise, une cérémonie officielle a été tenue à l’honneur de l’homme qui a sauvé des milliers de vie grâce à son génie.
Notre propre Histoire comprend des noms de génies qui ont été ‘impliqués’ dans des actes sexuels. Les actes en question ont été effacés de la mémoire collective afin que l’homophobie et l’intolérance continuent à régner dans un monde qui va de plus en plus mal. Cependant, une nouvelle lueur d’espoir vient de naître en Tunisie : une association défendant les droits des homosexuels vient d’obtenir son visa. Shams – Pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie est la première association du genre à obtenir un statut officiel dans un pays arabo-musulman et ce malgré les attaques continuelles portées à son encore de la part des homophobes. Homophobes du monde entier unissez-vous contre la coexistence et la paix !