- société
Par Ghalia Ben Brahim
Nebil Karoui, directeur-général de la chaîne privée Nessma, mène depuis hier une sorte d’interview exclusive dans laquelle il a ‘révélé’ des vérités supposées faire partie des secrets d’Etat.
Interviewé par l’ancien propagandiste du président Ben Ali, Bourhane Bssaïes, le patron de Nessma Tv a déballé des ‘informations’ sur la fondation du mouvement Nidaa Tounes, sur la fameuse rencontre de Béji Caïd Essesbi et de Rached Ghannouchi, sur la rencontre de ces deux derniers avec le président algérien Bouteflika etc. Avec une mise en scène médiocre, on nous a infligé presque deux heures, en comptant les deux épisodes, qui ont ressemblé à une éternité. Durant ces quelques minutes, on a appris que monsieur Karoui a sauvé la Tunisie d’un bain de sang, qu’il a évité de justesse que les deux diplomates tunisiens kidnappés l’année dernière en Libye ne soient tués, qu’il a rencontré différents dirigeants dans le but de servir l’intérêt du pays, bref, on apprend que Nebil Karoui a dédié les trois dernières années de sa vie à défendre bec et ongles la Tunisie, son Etat et son prestige. Excusez-nous chers lecteurs de cette erreur, non, il n’a pas sacrifié que les trois dernières années de sa vie, mais sa vie toute entière !
En effet, on découvre que Nebil Karoui a milité sous le règne de Ben Ali. Eh oui, ce petit coquin cache bien son jeu ! Nessma aurait été lancée sans l’accord de Ben Ali qui s’est grandement fâché contre son enfant chéri après sa bêtise. C’est pour cela que Karoui s’est vu obligé de se tourner vers son grand ami Tarak Ben Ammar qui a bien voulu l’aider en mettant la pression sur le président déchu avec l’aide des autorités italiennes. On a retenu la leçon, Nessma et son fondateur n’étaient que de grandioses militants sur l’ère de Ben Ali et nous les avons mal compris !
Revenons à nos moutons, pourquoi Karoui fait-il tout cela ? Pour répondre à cette question, il serait judicieux de rappeler le rôle qu’a eu ce dernier dans la récente crise du mouvement Nidaa Tounes. En voulant intégrer le comité constitutif du Nidaa, Karoui a créé la discorde aux rangs du mouvement. De là était parti le mouvement réformiste et la guerre de clan qui vient tout juste de se calmer. Cela semble ne pas satisfaire Karoui qui a tout fait, implicitement et avec beaucoup d’indélicatesse, pour frapper le calme récent du mouvement. Cette apparition coïncide aussi avec l’annonce de la création du nouveau parti politique initié par Samir Abdelli, l’ancien candidat à l’élection présidentielle au regard louche, Brohein Basseïs, oui le même qui a mené l’interview, et un ancien député du parti Al Moubadra. Karoui commencerait-il la propagande de ce nouveau parti en frappant l’unité de Nidaa Tounes ? Rien n’est trop pourri dans le monde de la politique et du .business. Pourquoi maintenant ? Parce que Karoui a compris, avec les dernières nominations survenues au sein du Nidaa, qu’il a été définitivement banni du parti.
Même si cela fait presque quatre ans que l’on subit différentes formes de médiocrités, celle que l’on vient de vivre entre hier et ce soir l’emporte haut la main !