- société
Par Ghalia Ben Brahim
Quinze ans jour pour jour que le grand leader Habib Bourguiba a tiré sa révérence. Quinze ans que le président déchu, Zine Al Abidine Ben Ali a vécu l’une de ses pires journées durant son règne. Le combattant suprême a rendu l’âme et a rendu la vie encore plus dure pour le président qui l’a renversé pour occuper sa place.
L’avion qui avait transporté le cadavre de feu Bourguiba à l’époque portait l’inscription ‘7 novembre’. Une fois arrivée à Tunis, la dépouille de l’ancien président a été transportée au siège du RCD où une foule avait scandé: ‘avec notre âme et notre sang, nous serons toujours Bourguiba’. Depuis le 6 avril 2010, Ben Ali avait interdit toute présence de feu Bourguiba partout: ses statues ont été enlevées, ses photos, ses discours, la commémoration de son décès ou de sa naissance, tout a été arraché à la mémoire nationale… Sauf que Ben Ali avait oublié que l’on ne pouvait arracher l’amour à des cœurs en quête de liberté. A l’époque, Rached Ghannouchi, qui vivait en exil en Angleterre, avait fait une intervention sur la chaîne qatarie, Al Jazira, pour dire qu’il refusait de prier pour le salut de l’âme du combattant suprême. Et pour cause: Habib Bourguiba de son vivant était persuadé que Rached Ghannouchi était un danger pour la Tunisie et il voulait lui faire subir la peine capitale.
En 2010, alors qu’elle était directrice de la Bibliothèque nationale, Olfa Youssef avait défié les autorités en place et avait organisé une exposition en hommage à feu Habib Bourguiba.
Au lendemain de la Révolution de janvier 2011, la première réaction de quelques tunisiens était de ré-afficher les portraits de Bourguiba dans leurs maisons ou commerces. Quelques citoyens étaient même allés jusqu’à réclamer aux gouvernements provisoires de l’époque de remettre les statues du combattant suprême.
Même si la volonté politique, de 2012 jusqu’à début 2014, avait essayé de continuer la voie de Ben Ali, dans l’étouffement de l’une des plus grandes étapes historiques de la Tunisie, les médias et la société civile ont rendu à Bourguiba ce qui est à Bourguiba. Lors des deux dernières campagnes électorales de 2014, relatives aux élections législatives et présidentielle, Bourguiba a été plus vivant que jamais et ce grâce à Béji Caïd Essebsi.
Le fondateur de Nidaa Tounes avait employé l’image de Bourguiba connaissant l’importance de cette dernière chez les tunisiens. Une manœuvre à succès ayant permis à Caïd Essebsi d’accéder à la magistrature suprême.
A l’occasion de la commémoration du quinzième anniversaire, Béji Caïd Essesbi a été présent à Monastir avec quelques ministres du gouvernement d’Habib Essid. Un geste qui a été apprécié à sa juste valeur par les internautes dont les commentaires ont été dans un élan de reconnaissance et de remerciement.
Redonner du sens à notre mémoire nationale est très important. Dans ce sens, il faudrait rappeler que le martyr Chokri Belaïd en fait aussi parti. Béji Caïd Essebsi, qui s’est engagé à œuvrer à révéler la vérité sur l’affaire de l’assassinat de Belaïd. C’est pour cela que quand Caïd Essebsi a omis de se rendre sur la tombe du martyr à la commémoration de la deuxième année de sa disparition, cela a été mal pris par quelques personnes.
Célébrons nos leaders, célébrons nos combattants, d’une façon égale et en nous rappelant que l’avenir est toujours meilleur.