- société
Par Ghalia Ben Brahim
Avant la Révolution de 2011, on ne s’en rendait pas vraiment compte, mais dès qu’on a acquis la fameuse liberté d’expression, cela est devenu très visible : la médiocrité est le sport national favori des tunisiens.
Il suffit de suivre un peu l’actualité pour pouvoir le constater. Mais pour l’approcher encore plus, il faut allumer vos petits écrans et ne pas rater des émissions du genre qu’on diffuse tous les jeudis soirs sur l’une des chaînes privées. Une émission qui se veut dans le genre du talk-show, une copie de ‘Il n’y a que la vérité qui compte’, une émission qui ne fait que dans le buzz bas-de-gamme, très très bas-de-gamme.
Ce soir, l’animateur de ladite émission a choisi de recevoir une femme portant le niqab et faisant le mendiant dans les mosquées. La femme a expliqué que son mari refusait de travailler et qu’elle était dans l’obligation de mendier pour subvenir aux besoins de ses trois enfants. Elle a fini par avouer que des individus salafistes lui ont fait des avances, dans un premier temps, pour qu’elle marie avec eux, et dans un second temps, pour l’aider à aller en Syrie exercer le Djihad du Nikah.
Ce genre de récit est malheureusement devenu banal en Tunisie postrévolutionnaire. L’installation du terrorisme et des extrémistes religieux a fait que ces histoires deviennent des plus normales. Le problème ne réside pas là. Le malaise s’est ressenti quand l’animateur a trouvé le moyen de mettre en valeur le niqab en le qualifiant d’habit symbolisant les personnes pieuses et innocentes. Le monsieur est même allé jusqu’à demander à la femme d’enlever son niqab puisqu’elle ne mérite pas de le porter.
Une apologie de cet habit qui en a choqué plus d’un. Et pourtant, le niqab est synonyme d’extrémisme religieux, et l’extrémisme religieux va bon train en ce moment en Tunisie. Il serait judicieux pour toute personne ayant n’importe quelle forme de pouvoir, et là on parle du quatrième pouvoir, de mesurer les propos qu’elle avance à l’opinion publique afin que cette dernière soit consciente du danger qu’elle vit.
L’émission de ce soir était un exemple du niveau de médiocrité auquel nous sommes malheureusement arrivés ces jours-ci. Dans l’espoir, bien-sûr, de voir l’HAICA réagir face à cette mauvaise plaisanterie et de mettre fin à ce genre de prestations pour que cela n’arrive plus jamais à l’avenir.