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On ne soutient pas un candidat parce que c’était un opposant

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On ne soutient pas un candidat parce que c’était un opposant

Par Hajer Zarrouk
Certains Tunisiens voudraient bien voter pour un candidat parce que c’est une femme. D’autres choisiraient peut-être de voter pour un candidat pour son passé militant. Certes, chaque électeur est libre dans son choix de vote, mais je voudrais quand même poser une question : en quoi le passé militant d’une personnalité politique pourrait faire d’elle un président ? Que pourrait apporter l’engagement militant à un pays quasiment ruiné et en proie à l’insécurité, devenu à ce titre le premier pays exportateur de djihadistes ?
On ne nie pas la valeur de ceux qui ont combattu les dictatures de Bourguiba et Ben Ali. On ne nie pas leur sacrifice et leur dévouement pour la démocratie et le droit à la différence, tandis que d’autres « militants » autoproclamés vivaient un exil doré à Londres et à Paris. On ne nie pas ces années passées dans les geôles du ministère de l’intérieur, ces épouses tabassées et violées par la police des eux régimes. Pourtant, de la perplexité m’envahit à chaque fois que j’entends dire « Flen » vouloir voter pour un candidat à cause de son histoire d’opposant : cette expérience ferait-elle de lui – forcement- une personne plus « fiable » et plus « noble » que ses adversaires ? ferait-elle de lui un « bon » gouverneur, dans le sens de la compétence professionnelle et de la ruse politique ?
Car, justement, un président est avant tout l’ambassadeur de son pays. C’est celui qui saurait donner une bonne image de la Tunisie, celui qui saurait déjouer les situations et les pièges, celui qui connaitrait déjà le jeu politique, celui qui connaitrait son pays et sa gestion pour avoir eu un mandat qu’il aurait, de plus, exercé avec brio. Les figures militantes obéissent-elles à ces critères ? Qu’ont-elles réellement à offrir à une Tunisie meurtrie à part l’argument du militantisme? …
Plus encore, l’expérience tunisienne devrait nous montrer que faire d’un ancien opposant un président est un pari très risqué. En effet, face à la mégalomanie, à l’opportunisme et à l’incompétence de Moncef Marzouki, je n’ai cessé de penser à ceux qui l’ont soutenu pour, disaient-ils, « son militantisme » et pour « ce qu’il a dans la tête ». Soit, mais l’intelligence et le courage ont-ils suffit pour en faire un « bon » président ? J’en doute fort. Ce président de la république a isolé le pays avec ses propos désobligeants, ses liens occultes avec les pays du Golf et sa politique interne désastreuse. Ce président des Tunisiens incite paradoxalement à la haine et à la division, jouant sur le régionalisme et le fanatisme de certains citoyens pour rester au pouvoir. Ce président des Tunisiens a souillé les Tunisiens. Alors, une fois intégré dans la pourriture du monde politique, le passé militant vaut-il encore quelques choses ?

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