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On ne soutient pas une candidate parce que c’est une femme

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On ne soutient pas une candidate parce que c’est une femme

Par Hajer Zarrouk
La candidature de Kalthoum Kennou pour les présidentielles a fait couler beaucoup d’ancre dans la presse et dans les réseaux sociaux. On a ainsi fait l’éloge de cette courageuse « fille de militant » et de cette opposante à Ben Ali qui a été maintes fois mutée de son poste à cause de ses positions anti-régime.
Ce discours a priori pro-féministe et qui se veut objectif cache paradoxalement un sexisme et un parti-pris qui portent atteinte à l’image de la femme dans un pays réputé « moderniste » : dans la plupart des portraits télévisuels relatifs à Kalthoum Kennou, on n’hésite pas à évoquer, en premier lieu, son affiliation à un père autrefois opposant, comme pour signifier que la personnalité combattante et le parcours d’opposante de la magistrate n’émanent pas de ses propres compétences, mais de celles d’une figure masculine présente par son aura posthume.
Outre la tendance à occulter les performances personnelles de la candidate au père, une partie de l’opinion publique soutient Kalthoum Kennou parce que c’est la première femme tunisienne qui annonce sa candidature dans le cadre d’élections démocratiques.
Or, cette position a priori pro-féministe et égalitaire révèle un parti-pris encore plus machiste dans la mesure où on ne soutient pas une femme politique parce que c’est une femme, mais pour ses aptitudes à diriger un pays. Du coup, dans la volonté grossière d’afficher leur « modernisme » en appuyant la candidature d’une femme, quelques électeurs tombent bien au contraire dans le piège de la misogynie masquée.
Au-delà des stéréotypes de la « solidarité féminine » et du « progressisme » complaisant, nos électeurs devraient comprendre que, femme ou homme, le président des tunisiens doit être élu pour ses capacités à gouverner et non pour son identité du genre.

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