- société
Par Dr.Hajer Zarrouk
Depuis plus de cinquante ans, la Tunisie se vante de ses prouesses en termes d’émancipation féminine. C’est ainsi que la nouvelle constitution vient conforter l’héritage de Bourguiba et Ben Ali en matière des droits de la femme et dote cette dernière d’une place privilégiée dans le monde arabe. Pourtant, force est de constater que la constitution nouvellement promulguée est en déphasage avec les réalités du pays. Et pour cause, l’Université tunisienne n’abrite pas de département ou bien d’unité de recherches féministes, de Gender Studies et de Queer Studies.
Les Genders Studies (Les études sur le genre) sont une discipline qui a vu le jour en Grande Bretagne, mais qui a connu un important essor aux Etats-Unis, plus exactement à l’Université de Californie dans les années soixante-dix. Il s’agit de réfléchir les deux sexes, non pas en partant de leurs caractéristiques biologiques respectifs, mais en partant des rapports sociaux qui régissent l’homme et la femme.
Il est ainsi question de critiquer la société masculine et son phallocentrisme en analysant le statut de la femme dans les systèmes patriarcaux, un statut souvent inférieur et empreint de soumission.
Quant aux Queer Studies, ce sont les dérivées des Gender Studies. Cette discipline est apparue dans les années quatre-vingt-dix et stipule que l’orientation sexuelle d’un individu n’est pas déterminée par son identité biologique, mais par son environnement socio-culturel et par son passé. Ces études ont pour objectif de critiquer la distinction selon les deux sexes et tendent à endiguer la marginalisation de l’homosexualité en lui donnant le même titre que l’hétérosexualité.
Aussi, c’est en créant un département ou bien une unité de recherche universitaire sur le genre que la Tunisie accèdera au rang des pays –réellement- féministes. Pour ce faire, il faudrait premièrement se débarrasser de l’autocensure qui empêche les esprits de produire et d’aller au-delà de la mentalité établie. Il faudrait deuxièmement se faire épauler par des organismes internationaux comme le UN Women qui est encore absent dans notre pays, contrairement au Maroc qui ne cesse de promouvoir les volontés féministes à travers ce type d’organismes. Au final, il faudrait lutter contre les forces réactionnaires dont le dessein est de faire stagner toute initiative innovante, d’avoir le courage de créer du nouveau et d’aller à contre-courant.