- société
Par Pr.Chokri Mamoghli
Devinette. Quel est le pays arabe dont la « révolution » a réussi? Réponse: la Libye car nos voisins n’ont cessé de scander durant leur soulèvement « Thaoura, Thaoura Hatta Ennasr » et ils sont arrivés à leur fin. La cité Ennasr est effectivement envahie par les libyens. Cette blague que les tunisiens s’échangent est révélatrice du trouble dans lequel ils se trouvent.
Partagés entre leur sens de l’hospitalité, leur ouverture naturelle, leur conscience du partage d’un avenir commun et les nuisances de plus en plus pesantes que leur font supporter leurs voisins du sud, ils ne savent que faire, ni quoi penser.
D’après les chiffres du ministère de l’intérieur, le nombre de libyens présents sur notre territoire varie entre 1 million et demi à deux millions. Certains se sont installés « définitivement » et leur nombre figurera dans les résultats du recensement de ce printemps, d’autres font régulièrement la navette.
Coté négatif, les libyens posent de vrais problèmes sécuritaires car ils sont originaires d’un pays où les armes circulent librement et qui est déchiré par plusieurs guerres civiles. Le comportement de certains relève de la pure délinquance si ce n’est de la criminalité. Trafic d’armes, prostitution, consommation de drogues, délinquance routière.
Les libyens sollicitent notre infrastructure routière, nos aéroports, nos hôpitaux, nos écoles, nos forces de l’ordre, conçus pour une population de moindre importance. Leur présence annule tous les effets positifs générés par le planning familial qui a permis de contenir la population tunisienne dans un niveau raisonnable.
Sur le plan culturel, civilisationnel ils sont en train de tirer la Tunisie vers le bas. Conservateurs, peu ouverts sur l’occident, non francophones ni francophiles, leur présence renforce le camp « d’en face ».
Les schémas de consommations des libyens sont similaires aux nôtres et leur propension à consommer des produits subventionnés est forte: pain, pâtes, lait, sucre, hydrocarbures, électricité. Si l’on considère que la charge de compensation est de 1 dinar par jour, les libyens coutent alors 2 millions de dinars par jour et plus de 700 millions de dinars par an. Cela vient s’ajouter au coût d’amortissement de l’infrastructure.
S’agissant des produits agricoles, tomates, piments, pommes de terre, viandes,… qui sont des produits non importés et au niveau desquels l’offre est constante, le surplus de demande libyenne est la principale cause de la hausse des prix. Ce constat est vrai pour le logement. Dans certains quartiers le prix du loyer a explosé et il en est de même pour le prix de l’immobilier. Leur consommation de produits importés, aggrave notre déficit commercial.
Les libyens ne paient aucun impôt direct et ne contribuent pas à l’effort national de solidarité. La seule taxe significative qu’ils déboursent est la TVA contenue dans les produits et services qu’ils achètent.
Coté apport en devises, qui reste le principal argument économique en faveur la présence des libyens, il faut savoir que la quasi-totalité des capitaux qu’ils rapatrient est échangée sur le marché noir. Cela signifie qu’elle vient financer l’activité de contrebande de marchandises voire des activités beaucoup plus graves.
Ceci dit, et ayant vécu à l’étranger comme des millions de tunisiens, je suis toujours solidaire des « gens qui sont loin de chez eux ». La solidarité, l’entraide, le bon voisinage ne sont pas de vains mots pour les tunisiens. Une bonne gouvernance doit cependant évaluer correctement le coût que cette situation exceptionnelle occasionne à la communauté nationale.
Le débat ne doit pas être occulté.