Hamma, Béji, Kamel, Mondher, Mehdi et les autres….
Par Pr.Chokri Mamoghli
Depuis quelques jours la scène politico-médiatique vibre au rythme des déclarations de candidatures à l’élection présidentielle, du nombre de listes déposées pour les législatives, d’annonces de déclarations d’invalidation, de recours devant le tribunal administratif ou d’alliances qui se font et celles qui se défont.
Au cours de ce weekend, les évènements se sont accélérés et climat s’est subitement détérioré, l’ambiance est devenue délétère et l’insulte, l’accusation, le dénigrement, les scoops médicaux ont pris la place qu’auraient du occuper la confrontation des programmes, la présentation des solutions préconisées, l’argumentation, en un mot le débat d’idées.
Le pauvre citoyen de base s’y perd. Confronté à ses problèmes quotidiens de cherté de la vie, de chômage des enfants, de dépense de santé, de mauvaise qualité du transport, d’insécurité, il n’arrive pas à faire le lien entre le triste spectacle que nous offre la classe politique et les soucis, les angoisses qu’il a au quotidien.
Une certitude doit être intégrée par tout le monde. Les prochaines élections se joueront sur le terrain des programmes « sociétaux », les thèmes de la liberté de la femme, de la mixité, de l’adoption, du mariage « orfi », du contenu de l’enseignement primaire et secondaire, de l’arabisation, du choix des pays partenaires,..feront la différence. L’économie, les politiques industrielle, commerciale, monétaire budgétaire.. sont certes des thèmes importants, ils passent cependant au deuxième plan.
L’autre vérité à intégrer est que l’élection présidentielle est en train de polluer les élections législatives.Nous sommes en train de regarder l’arbre et d’oublier la forêt. Aujourd’hui, à la mi-septembre nous devons absolument nous concentrer sur les législatives. Notre avenir, celui de nos enfants, en dépendent très largement.
Qui va décider des lois? Du modèle de société? Du périmètre de libertés? Du niveau des prix? Du poids des taxes et des impôts? De notre vie au quotidien?.. Ce n’est ni Hamma, ni Béji, ni Kamel, ni personne en particulier. Cela sera dessiné, structuré, façonné au sein de la prochaine Assemblée que nous allons élire, cela dépendra directement du rapport des forces qui s’y confronteront.
Chaque chose en son temps, concentrons nous sur la première échéance, faisons émerger une majorité civile, démocratique, moderne, ouverte sur l’occident, sur l’Europe, sur la méditerranée, fidèle aux amitiés de la Tunisie, celles qui ne lui ont jamais manqué et qui l’ont toujours soutenue, nous aurons par la suite, un mois pour débattre de l’élection présidentielle.
Un seul point interpelle dans cette agitation du microcosme. C’est celui de l’éventuelle candidature de l’actuel chef du gouvernement, à l’élection présidentielle. Si cette rumeur se confirme, cela constituera une porte ouverte sur l’inconnu.
Mehdi Jomaa sera obligé de démissionner ainsi que son gouvernement car son statut de candidat sera incompatible avec l’exigence de neutralité imposée par la Feuille de Route. Le remplacer en ce moment sera quasiment impossible. Rappelons-nous du temps qu’a pris sa désignation. Aborderons-nous alors, les législatives sans gouvernement?
Je lui lance un appel à la responsabilité. Mehdi, restez en dessus de la mêlée, comportez-vous en homme d’Etat, en serviteur désintéressé. Votre candidature sera le point de départ d’une période de troubles et d’agitations supplémentaires dont la Tunisie n’a pas besoin.