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Le Haj blanc dans une enceinte universitaire

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Le Haj blanc dans une enceinte universitaire

 
Par Pr. Chokri Mamoghli
L’Institut Supérieur du Sport et de l’Education Physique (ISSEP) de Ksar Said est une institution universitaire sous la double tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et du ministère de la jeunesse et des sports. Créée en 1957, elle a contribué à la formation de générations d’éducateurs et de sportifs qui ont servi notre pays et bâti son image positive à l’étranger.
La semaine dernière, une sombre association inconnue au bataillon, a tenté d’y organiser une opération de Haj blanc. L’institution allait être envahie par des dizaines de candidats au Haj et les locaux allaient être transformés en Mecque miniature.
Au mépris de toutes les règles de bienséance et de respect, ni le ministre de l’enseignement supérieur, ni le président de l’université de la Manouba, ni le directeur de l’établissement, n’ont été informés.
D’après les explications apportées, les responsables de l’association « Rahma pour le Haj et la Omra » auraient contacté le ministre des affaires religieuses qui a sollicité l’autorisation du ministre des sports. Celui-ci aurait accepté sans coordonner avec son collègue de l’enseignement supérieur. Face à la levée de bouclier générale, les organisateurs ont reculé.
Cet épisode est révélateur de plusieurs vérités. La première est l’ignorance des règles de neutralité politique et religieuse à laquelle sont astreintes toutes les institutions académiques. la seconde est le manque de coordination entre ministères et l’absence d’une solidarité gouvernementale, la troisième est relative à ce désir d’hégémonie, à cette agressivité, à cette propension à l’invasion et à la domination dont font preuve toutes les associations qui s’activent dans ce champ.
Les tunisiens doivent comprendre que l’avenir du pays se prépare à l’université. Les générations qui vont assumer la responsabilité de sa gestion y sont présentes. Elles ont besoin de sérénité, de concentration et de calme. L’université doit rester en dehors de tous les conflits, en dehors de toute activité politique ou religieuse.
Il va sans dire que l’Islam, notre religion, n’est nullement en question dans cette affaire. L’encadrement par l’Etat et uniquement par l’Etat, des tunisiens candidats au Haj, généralement des personnes âgées et en manque d’informations est le signe d’un pays organisé, civilisé qui se soucie du sort de ses ressortissants. Il ne faut pas cependant, faire un mélange des genres. Le lieu de la formation, son timing, son contenu, ses initiateurs, doivent être étudiés de près.
Les universitaires vous disent, laissez nous tranquilles, n’exportez pas les antagonismes sociaux, les conflits, les luttes au sein d’un espace qui a su jusqu’ici rester globalement neutre.

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