- société
Par Hajer Zarrouk
Quand ils nous appelaient à sortir manifester contre les islamistes, nous étions toujours volontaires car, pour nous, ils symbolisaient notre espoir, nos hommes providentiels et nos protecteurs.
Pour eux, nous avons bravé le danger, la mort et les interdictions.
Pour eux, nous nous sommes rassemblés mainte fois, essuyant les violences, les insultes et les provocations du camp adverse.
Pour eux, nous avons organisé des marches. Nous avons traversé les rues de Tunis et des autres villes du pays, nous avons crié haut et fort pour montrer notre soutien et pour les exhorter à combattre les forces réactionnaires.
Pour eux, nous avons supporté les coups de matraque de la police d’Ali Laârayedh, un certain 9 avril. Nous avons pourtant pensé nos plaies et nous avons oublié la douleur des ecchymoses en nous disant que cela valait certainement la peine.
Pour eux, nous nous sommes rassemblés au Bardo durant les chaudes nuits du ramadan pour faire chuter, ensemble, le gouvernement d’Ali Laârayedh.
Maintenant que l’union des partis « progressistes » est devenue une chimère, nous nous sommes rendu compte que la Tunisie ne souffre pas à cause des islamistes, mais à cause de vous. Nous nous sommes rendu compte que vous êtes la plaie béante de ce pays. Nous nous sommes rendu compte que vous ne méritez pas notre servitude, notre fidélité et nos sacrifices.
Dorénavant, trouvez-vous d’autres chairs à canon.
Et, contrairement à vous, demain, nous aurons la conscience tranquille et nous nous dirons que nous avons toujours agi par amour de la Tunisie.