
- société
Par Hajer Zarrouk
La candidature de certaines femmes politiques aux prochaines présidentielles ne cesse d’intéresser l’opinion publique et de susciter débats et questionnements.
Ainsi, dans un intéressant reportage diffusé sur le JT d’une chaîne télévisée nationale visant à sonder l’opinion de la rue, le journaliste a posé à quelques passants et passantes la question suivante : êtes-vous pour l’élection d’une femme à la présidence en Tunisie ?
Ayant d’emblée certaines idées reçues sur la mentalité collective tunisienne, le téléspectateur s’attendait à ce que les hommes interrogés froncent les sourcils et répondent : « Non, bien sûr que nous sommes contre l’élection d’une femme à la présidence car elle est incapable de gouverner un pays ». Pourtant, la surprise fût grande quand la totalité des passants questionnés (jeunes et moins jeunes) ont répondu favorablement à la candidature d’une femme politique ou bien à son élection. Par ailleurs – et fait plus étonnant – les seules personnes interrogées qui s’étaient prononcées contre une éventuelle présidence féminine étaient deux jeunes filles qui ont exprimé leur scepticisme, non pas quant aux compétences d’une femme présidente, mais quant à son identité du genre.
En effet, leur refus n’avait aucune raison logique ou valable : une femme ne peut pas être présidente car c’est une femme, c’est tout.
A vrai dire, ce phénomène d’autocensure est propre à la communauté féminine évoluant dans les sociétés arabo-musulmanes. Le poète contemporain, Nizar Kabbani, se demandait déjà pourquoi les femmes, dans le monde arabo-musulman, étaient contre leurs droits et s’auto-construisaient des complexes et des barrières. Aussi, faudrait-il se poser les questions suivantes : A qui devrait-on imputer le statut inférieur de la femme dans notre pays ? Qui est le vrai responsable de la non-application du principe de parité en Tunisie ? Est-ce finalement l’homme tunisien ou bien la femme tunisienne ?
C’est en se prononçant contre l’ascension d’une femme à des postes politiques importants que la femme contribue à sa stigmatisation, à sa disgrâce et à sa soumission, appuyant par la même occasion le regard dévalorisant que lui portent le patriarcat. Au lieu de soutenir ces candidatures féminines inédites en Tunisie, certaines se plaisent dans leur « rang inférieur » et encouragent, par masochisme peut-être, la société à les dénigrer encore plus et à leur flanquer l’éternelle étiquette de celles qui « manquent de raison et de religion » (selon un hadith du prophète).