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La femme tunisienne : beaucoup reste à faire

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La femme tunisienne : beaucoup reste à faire

Par HAJER ZARROUK

A l’occasion de la journée nationale de la femme, bon nombre de représentants politiques et de médias vont nous faire sortir leur pamphlet habituel et qu’on a déjà appris par cœur : la femme tunisienne possède un statut privilégié, la femme tunisienne est la plus émancipée du monde arabe, la femme tunisienne est à l’égale de l’homme, Bourguiba a beaucoup fait pour la femme tunisienne, … etc.
Cette propagande héritée des régimes dictatoriaux de Ben Ali et de Bourguiba cache pourtant une réalité beaucoup moins rose et beaucoup plus inquiétante : depuis une vingtaine d’années, la Tunisie n’a pas avancé d’un iota dans la question féministe. L’égalité et la préservation des droits de la femme restent en effet de l’encre sur le long papier de la nouvelle constitution tunisienne.
L’Etat a beau dire qu’il est garant de l’égalité homme femme et protecteur de la femme contre toutes les formes d’abus, il existe pourtant plusieurs indicateurs qui témoignent de la défaillance des autorités publiques. A commencer par nos médias qui n’ont de cesse de véhiculer une image très négative sur la femme et qui ne bénéficient d’aucun contrôle de la part des institutions concernées. La législation tunisienne est encore à la traîne en ce qui concerne la protection de la femme victime de violence conjugale, les droits de succession et les congés maternité. Fait plus inquiétant, aucune université publique (ou privée) tunisienne ne renferme une unité de recherche sur le genre et aucun organisme international à vocation féministe n’est présent sur notre sol (je cite par exemple le UN Women).
Tout ce retard reflète, bien entendu, le degré d’évolution de la société tunisienne encore agrippée à ses traditions patriarcales.
Or, on s’interroge sur le rôle de la société civile féministe : Où est-elle ? Que fait-elle ? … A vrai dire, après l’indépendance, les mouvements féministes tunisiens ont toujours été dépendants des régimes : ce sont Bourguiba et Ben Ali qui ont soutenu la femme et qui ont consolidé ses droits. La femme tunisienne, infantilisée par deux dictateurs paternalistes, éprouve aujourd’hui du mal à s’émanciper seule. Ses premiers pas semblent hésitants et elle n’arrive pas à se faire une place dans la jungle démocratique où il faut arracher ses droits et où le plus fort triomphe. Aussi, il faudrait réfléchir avant tout à réformer le féminisme tunisien et à le promouvoir, avant de poser la problématique du statut de la femme dans notre pays.

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