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La fracture numérique, l’identité sociale et les conditions socioprofessionnelles agissent sur les usages et les pratiques que ce soit dans les pays du nord ou les pays du sud. Le Maghreb n’en échappe pas. Qu’en disent les mamans maghrébines ? Témoignages.
«Les notions de temps et d’espace disparaissent avec Internet. Depuis mon enfance, j’étais branchée sur Internet. Le statut de maman ne changera rien à cela », nous a affirmé Sanae Metloub, titulaire d’un diplôme en Gestion et administration des entreprises (Master Management touristique), préparé à la faculté Mohammed 5 des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat et ayant une fille de 11 mois. Avant d’ajouter : « Ma maison est bien équipée technologiquement. Cela me permet de rester branchée sur Internet.
De plus, l’avènement des systèmes Android m’a facilité encore plus la tache. J’essaie d’utiliser Internet à bon escient. Je me renseigne online sur les manières de rendre la vie de mon bébé plus facile et je me déplace tout en restant chez moi».
Certes, Internet devient synonyme de nomadisme et d’ubiquité. Cette vision se recrute dans une vision Mc Luhaniste du global village. Toutefois, le cas de Sanae n’est pas généralisable. La prolifération des techniques d’information et de la communication a conduit à des inégalités entre les individus et les groupes. De plus, le facteur culture et la position sociale interviennent directement dans la composition du paysage Internet fondé sur le genre social de sexe. La socialisation de la femme ne s’adresse pas de la même façon à l’homme. L’inégalité homme/femme se manifeste également sur Internet, notamment dans l’usage des sites ainsi que la blogosphère à une échelle mondiale. (L’illustration l’atteste).
Les « Gender studies » ont depuis toujours soulevé la question des rapports sociaux des sexes. Les masculins dominent. Par exemple, le blog, une toile dans la toile, a démontré que la femme ne produit pas autant qu’elle consomme. En revanche, les internautes hommes se sont transformé de simples consommateurs de l’information notamment du contenu politique à des producteurs d’informations à contenu politique. Toutefois, les femmes au Maghreb utilisent de plus en plus facebook pour publier et partager les informations.
«Je n’utilise pas facebook parce que je n’ai pas Internet chez moi. Ces réseaux sociaux sont utiles mais cette utilité reste limitée en comparaison avec celle des médias classiques », nous a affirmé Rajae Mdallel, mère d’une fille de 23 ans. Avant de poursuivre : « Le livre reste sacré. Or, Internet n’est pas réellement un besoin, une nécessité. Je pense que l’expérience et la curiosité scientifique peuvent être plus utiles qu’Internet car ce dernier peut être une source d’isolement et d’angoisse». Ce postulat non-techniciste, argumenté davantage par Dominique Wolton, chercheur en communication, ouvre de nouvelles pistes de réflexion sur les avantages du non usage des ICTs. La fracture numérique s’est avéré un faux problème.
Chaïmae BOUAZZAOUI